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Biennale Tombouctou 2025/Compétition des orchestres : Nara a désormais un orchestre et tutoie les grands
samedi 27 décembre 2025, par
Même si Nara n’arrivait pas à s’offrir une place dans le trio de tête, il va falloir saluer la grande évolution de cette région. A la biennale de Mopti en 2023, Nara n’avait pas d’orchestre. Mais, à la biennale de Tombouctou, mieux qu’avoir un orchestre, Nara veut jouer à David face à Goliath. En tout cas, à l’issue de sa prestation le 24 décembre 2025, dans la salle Aly Farka Touré de Tombouctou, l’Orchestre de Nara a donné un message fort. Avec Nara, nous constatons que l’Afro beat s’est installé en demeure dans les champs de henné et gommier (gomme arabique)
Désormais, il va falloir compter avec Nara parmi les orchestres à battre pour espérer avoir une place dans le trio qui doit monter sur le podium. Nara est arrivé et Nara a assuré. Et, mieux Nara a révélé une starlette du nom de Aminata Koné. Elle a émerveillé la salle avec son style sans complexe. Malgré son jeune âge, elle a laissé l’impression d’une grande habituée des scènes et du public. Bien encadrée et bien coachée, elle pourra un jour être une valeur sûre de la musique malienne. Toute petite. A peine plus grande que trois pommes, Aminata Koné a un timbre vocal qui ne fait pas son âge, tant elle respire le talent. Mais, l’excellence de cette jeune artiste ne doit pas nous faire oublier la prouesse de l’orchestre de Nara.
Avec trois guitares, dont le soliste devenait par moment un joueur de ngoni, l’orchestre de Nara n’a eu besoin que d’un piano et d’une batterie, pour une production de très belle facture. Très versé dans un afro beat qui tutoie les plans de henné et de gommier, le niveau de cet orchestre est au-delà de la moyenne, pour ne pas dire excellent. Et, c’est cet orchestre qui a chanté l’unité nationale dans une déclinaison de la devise du Mali : un peuple, un but, une foi. Cet orchestre a proposé 7 morceaux dont deux inédits.
Nara chante et danse pour la souveraineté retrouvée du Mali
Selon Dioman Keita, le directeur de la troupe de Nara, le premier morceau est un hommage à notre armée. « Nous y chantons la souveraineté retrouvée du Mali », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter que cette chanson offre une belle occasion aux artistes qui déclament leur affection à toute la population malienne. « Ils y dénoncent les ennemis qui ont envahi notre pays », a-t-il précisé, tout en précisant qu’ils sont vaincus par l’armée avec l’accompagnement de la population. Au regard de la puissance de feu, les artistes diront que le moment est arrivé pour les ennemis d’avoir peur de l’armée malienne. « On ne badine pas avec notre armée. L’ennemi a envahi notre pays ; fermé les écoles, les hôpitaux et imposé ce qui n’est pas notre culture. L’armée, avec sa puissance de frappe à libéré notre pays. On ne badine pas avec notre pays », a-t-il rappelé à qui veut l’entendre.
Nara invite au respect des valeurs culturelles
Pour son deuxième morceau de compétition, Nara invite la population malienne à ne jamais oublier nos valeurs culturelles. Dans cette chanson, dans un premier couplet, Nara rappelle de fortes personnalités qui ont fait la fierté de la musique et de la culture malienne. Ce sont : Bazoumana Sissoko, Djéli baba Sissoko, Arouna Barry et Ba Issa des géants de la culture se sont éteints.
Et, pour symboliser l’union et la solidarité, dans un deuxième couplet, Nara reprend une chanson patrimoniale : « kolo kelé tigui » ou celle qui a un mortier. Cette chanson est chantée par des jeunes filles qui s’apprêtent pour leurs fiançailles, autour du mortier. « Ce regroupement est une expression de cohésion, d’entraide et de communion entre les femmes », a indiqué Dioma Keita. Et, l’orchestre de Nara termine par un troisième couplet intitulé : « An beye keleye ».
Pour son directeur, l’acculturation et la domination étrangère avaient eu raison des trois pays, Mali, Burkina et Niger. « Mais, aujourd’hui, grâce à nos braves dirigeants et nos braves populations de l’AES (Alliance des Etats du Sahel), nous avons retrouvé notre souveraineté territoriale et culturelle », a-t-il déclaré. Avant d’inviter les populations de ces trois pays à se donner la main pour faire face aux adversités de diverses origines sur le chemin de leur développement.
En plus de la profondeur de ses chants, l’orchestre de Nara a pu fait grâce d’une harmonie soutenue par une instrumentation mélodieuse et envoutante.
Assane Koné
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