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Biennale Artistique et culturelle/Tombouctou 2025 : « Dialogue, paix et prospérité partagée » au cœur d’un Forum mondial des civilisations
vendredi 26 décembre 2025, par
Dans le cadre la Biennale Artistique et culturelle 2025, Tombouctou a abrité du 19 au 20 décembre 2025, un Forum mondial des civilisations sur le thème : « Dialogue, pais et prospérité ».
Si Tombouctou a joué par le passé un rôle éminemment important dans la promotion d’une civilisation universelle à travers ses nombreuses universités dont Sankoré, Mamou Daffé, ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme, veut lui faire jouer un rôle dans le présent et dans l’avenir, comme un pôle de réflexions intellectuelles capables d’adresser les défis et les enjeux de l’heure.
Dans un monde en crise, Où personne ne semble avoir la solution aux conflits de civilisation, le Mali, à travers le département de la culture, a décidé de prendre le taureau par les cornes, pour inviter à une réflexion sur le thème : « Dialogue, paix et prospérité partagée ».
« Replacer la culture au cœur de la construction de la paix », semble être l’objectif recherché par ce Forum mondial des civilisations. Et, à Tombouctou, l’on ne pouvait pas avoir un lieu mieux indiqué que le Centre Ahmed Baba pour abriter une telle activité. En effet, le Président de la délégation spéciale de la ville de Tombouctou, a rappelé à juste titre qu’Ahmed Baba, arrêté à Tombouctou en 1593 et déporté au Maroc, a refusé de parler au sultan temps qu’ils seront séparés par un rideau. Il dira que selon Ahmed Baba, seul Dieu a le droit de parler aux hommes, derrière un rideau. La moralité de cette anecdote : « Quand ce sont des individus, créatures de Dieu qui se parlent, il faut qu’ils se voient pour se parler. Et, de cette rencontre jaillira la compréhension ».
Dans ses propos introductifs, pour le ministre Mamou Daffé, ce thème est d’une portée historique et géostratégique. Selon lui, notre pays traverse un contexte historique. « Le Mali se bat depuis quelques années pour être cette lumière qu’elle a toujours été », a-t-il déclaré. Et, d’ajouter que Tombouctou a déjà illuminé le monde et elle veut et peut toujours le faire. Le ministre Mamou Daffé est convaincu que cette discussion a pour objectif de voir comment à partir de Tombouctou, une réflexion puisse être conduite pour voir comment l’Afrique peut discuter avec le reste du monde, pour un développement durable. « Chaque fois que les peuples se sont rencontrés, ils ont discuté et ce sont organisés pour un monde meilleur », a-t-il déclaré.
Pour sa part le Professeur Ibrahima Wane de l’Université Cheick Anta Diop, a estimé que ce Forum est une bonne occasion de réflexion sur les acquis et les défis de nos sociétés ouest africaine. « Et l’un des défis, pour ce qui concerne aujourd’hui le Mali, c’est la question de la paix », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que chez nous la paix ne signifie pas l’absence de guerre. « La paix va au-delà de l’absence de guerre. Et, chez quand on dit que cette chose ressemble à la paix, c’est pour dire que cette chose est belle », a-t-indiqué, avec de nombreuses exemples disséminés dans nos différentes langues. Le Pr Ibrahima Wane est arrivé à la conclusion que « la paix est la plénitude. C’est une dynamique intégral, pour aller au développement, qui est un travail sur soi-même ». Il est convaincu que tous ces enjeux et défis, ont une solution dans l’art et la culture. En effet, pour lui, l’art et la culture est une combinaison de solutions, dans une mise en convergence des divergences.
Ces introductions faites, sous la modération de Mamadou Dia, le Pr Yacouba Konaté de l’Université Félix Houphouët Boigny de la Côte d’Ivoire et le Pr Ibrahim N’Diaye, ont animé le panel sur le sous-thème : « Dialogue interculturel, facteur de paix et de prospérité partagée ». Le Pr Yacouba Konaté a rappelé que la notion de civilisation est au cœur de plusieurs enjeux. Selon lui, quand le bloc de l’ Est s’est effondré, le monde a eu droit au choc des civilisations, avec l’affrontement de l’islam et du christianisme. Selon lui, les mouvements djihadistes sont contemporains au mouvement de démocratisation des pays de l’Afrique. Pour lui, la grande question est celle de savoir : Que peut la culture pour nous sortir de ces défis et enjeux qui nous assaillent ? Aussi, il a fait le constat clair que : « la culture précède, dans chacun de nos pays la nation et la fonde ». Donc, pour lui, ignorer cette réalité revient à bâtir des Etats sans socle, sans fondement et condamnés à des instabilités chroniques, comme c’est malheureusement le cas dans plus pays d’Afrique. Le Pr Yacouba Konaté reste convaincu que « la culture construit la nation ». Et, mieux, il dira qu’un Homme n’est jamais seul, voilà pourquoi il faut le dialogue.
Quant au Pr Ibrahim Iba Ndiaye, l’interculturalité fait que chacun est chacun. « L’interculturalité n’est ni une invention contemporaine ni un concept importé, mais une pratique historique profondément enracinée au Mali, notamment à travers le système traditionnel de Do Khaïdara, fondé sur le dialogue, la tolérance et la régulation sociale », a-t-il déclaré. Il a rappelé que l’être humain dans vie suit trois dimensions. La première dimension, selon lui est le « farikolo » ou le corps. Mais, il s’est interrogé si chacun de nous a suffisamment étudié son corps ? Il part du principe que le trésor corporel doit être entretenu. « Si vous prenez soins de votre corps, il va vous parler », a-t-il déclaré. Enfin, le Pr N’diaye est convaincu que si on se met en accord avec le corps, on va discuter avec lui, et cela produit de l’émotion. Dans sa démarche la deuxième dimension est le cœur ou « doussoukolo » et ensuite la troisième dimension est le « Koukolo » qui fait référence à l’élévation vers une spiritualité. « Et, c’est trois dimension sont en partage dans toutes les races du monde, voilà pourquoi on parle de famille humaine », a-t-il déclaré.
En plus de ces interventions, le Forum Mondial des civilisations a enregistré plusieurs intervenants. Notre compatriote, le Pr Oussouby Sacko qui enseigne au Japon, a animé le panel sur « l’Architecture, histoire et civilisations : rénovation, restauration et conservation du patrimoine architectural ».
De son côté, Ali-Mohamed Sinane a entretenu l’auditoire sur le thème : « Développement de l’économie de la culture autour des ressources patrimoniales : cas des sites, monuments et manuscrits de Tombouctou ».
Mme Irène Lopez et André Le Roux, ont animé le panel sur « La diversité culturelle comme levier de développement durable » et le thème de « l’Africanité et la Négritude globale », a été animé par le Pr Carole Boyce-Davies.
Le deuxième jour du Forum mondial sur les civilisations, a enregistré trois panels. Le premier intitulé « Les manuscrits de Tombouctou, source de connaissance de l’histoire », a été animé par Mohamed Diagayete et par Moulaye Coulibaly, Directeur national du patrimoine culturel. Les Ambassadeurs Abdourahamane Baby et Mohamed Arby, sont intervenus sur le thème : « Diplomatie culturelle, facteur de rapprochement des peuples ». Enfin, le thème « Culture et développement local : enjeux, défis et perspectives », a été animé par Alpha Mahamane Touré.
Il faut préciser que la clôture du Forum Mondial de civilisation n’a pas mis fin aux conférences dans le cadre de la Biennale des Arts et de la culture/ Tombouctou 2025. Le lundi 22 décembre 2025, les panels de discussions ont continué au Centre Ahmed Baba. Le thème « La culture, levier pour la refondation de l’Etat », a été animé par Mohamed S. Coulibaly.
Ensuite, le mardi 23 décembre 2025, Samba Niaré est intervenu sur le thème : « La biennale, reflet du Mali multiculturel ». Et, le Pr Ibrahima Iba N’diaye a présenté le thème : « La culture, facteur de dialogue, paix et cohésion sociale pour la consolidation de l’unité nationale ».
Le mercredi 24 décembre 2025, Youba Bathily a animé le sous-thème intitulé : « La culture, levier pour la croissance économique et un développement durable du Mali nouveau » et Ben Essayouti est intervenu sur le sous-thème : « Réhabilitation du patrimoine culturel et sauvegarde des manuscrits anciens ».
Le 26 decembre 2025, il était prévu que le Ministre Mamou Daffé intervienne sur le sous-thème : « Année de la culture au Mali, bilan et perspectives » et le samedi 27 décembre 2025, Alhousseyni Chehou et Mohamed Cissé, devaient animer la conversation sur « Culture, facteur de rassemblement des peuples dans l’espace du Sahel » et le Ministre Mamou Daffé devait boucler la boucle avec l’animation de la conversation sur le thème : « Réhabilitation du patrimoine culturel et sauvegarde des manuscrits anciens ».
Assane Koné
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