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Biennale Artistique et culturelle/ Compétition d’Orchestre : San vole en déca des attentes !
samedi 27 décembre 2025, par
Le 25 décembre 2025, la salle de spectacle Ali Farka Touré de Abaradjou a enregistré la prestation des orchestres de San et Sikasso. Si Sikasso a eu une prestation au-dessus de la moyenne, il faut l’admettre et le dire que l’orchestre de San a joué en deçà des potentialités de cette région.
Apparemment quelque chose n’a pas marché du côté de San lors de la préparation de cette Biennale artistique et culturelle/ Tombouctou 2025. Malgré l’appel en renfort du célèbre guitariste Issa Koné qui fait la fierté de la musique bwa, comme chef d’orchestre, San était méconnaissable sur scène.
« San aurait pu mieux faire », reste l’impression générale qui s’est dégagé après une prestation à la limite catastrophique. Des costumes sur scènes aux morceaux interprétés, l’orchestre de la cité du Santoro n’avait rien de San.
Comment comprendre qu’une ville spécialisée dans la production du bogolan, et qui vend cette créativité malienne dans le monde (Etats-Unis, Canada …), ne soit pas capable d’habiller son orchestre dans une tenue traditionnelle identitaire. C’était regrettable. Les musiciens de San étaient habillés de façon pitoyable dans des pantalons et chemises très mal cousus. En un mot, la tenue vestimentaire de l’orchestre de San n’était pas du tout adaptée à une telle scène.
Il faut que les directeurs des troupes comprennent que l’art doit s’inspirer de la culture pour apporter une certaine valeur ajoutée raffinée et qui a la capacité de se vendre partout dans le monde. C’est cette nouvelle option que doit s’imposer tous les créateurs maliens. S’inspirer de notre riche patrimoine culturel pour nous projeter dans un monde foncièrement économique et commerciale. Si on l’oublie, on aura fait le choix de ne pas exister, donc de ne pas compter dans la proposition de la construction d’une civilisation universelle. Or, nous existons. Nous comptons. Notre pierre doit avoir sa place dans la construction de l’édifice universelle. Et, personne d’autre ne fera ce travail combien exaltant à notre place. Malheureusement, c’est que la région de San n’a pas compris. Voilà pourquoi, l’on doit rechercher le responsable de cette catastrophe pour que cela ne se répète plus jamais.
Musicalement parlant, San refuse de couper le cordon ombilical avec Ségou
Certes San est une région sortie des côtes de Ségou, mais de là, à venir reprendre des répertoires de Ségou, pourrait donner l’impression que San est pauvre en créativité musicale. Ce qui est faux. A San, il y a les bwa, les miniankan, les dafin, les Marka, les peulhs …Pourquoi ignorer tout le patrimoine que dégage ces communautés pour aller se confiner dans un patrimoine musical qui a suffisamment été exploité par le Super Biton.
En plus de la compétition, il ne faut jamais perdre de l’esprit que la biennale est un espace de promotion de ce que nous avons de plus chère : notre riche diversité culturelle. Il était regrettable de voir les autres régions maliennes qui n’ont pas de bwa dans leur aire culturelle, exploitée la richesse de la musique bwa et voir San fuir ce qui pouvait donner de la valeur ajoutée à sa prestation.
A cette biennale de Tombouctou, il a été regrettable de constater que San a refusé de couper le cordon ombilical avec Ségou. Et, du coup ce reniement a poussé San à jouer en deçà de son potentiel. En un mot San à refuser de s’élever au niveau de la compétition. Et, par moment avait tendance à se perdre dans un dombolo congolais mal maitrisé.
Qu’à cela ne tienne, l’orchestre de San a proposé 7 titres, dont deux en compétition. Ce sont : « Yèrè Ta » ou La souveraineté et « Ou Wétio » ou soyons unis.
San a chanté la souveraineté retrouvée
L’orchestre de San par cette chanson a voulu salué l’engagement des autorités du pays a redonner à notre pays sa véritable indépendance sur la scène internationale. « Nous avions voulu saluer les étapes franchies dans la reconquête de notre autonomie face à la puissance coloniale », a indiqué le directeur de la troupe de San.
Selon l’orchestre de San, la reconquête territoriale est le premier fondement de la souveraineté d’un état. Pour cela, le chant de San salue la reprise de localités comme kidal, Ménaka, Ber, Aguelhok, Tinzazaouten, … « Le chant affirme que toutes ces actions affirment notre souveraineté vis-à-vis du colonisateur », a indiqué le directeur de la troupe de San.
San a proné l’union sacrée
“Ou Wétio” ou « Soyons unis » est le titre de la deuxième chanson de compétition au niveau de l’orchestre qu’a proposé San. Il nous revient que cette chanson invite à l’éveil citoyen et à une responsabilité collective. « Le chant met en exergue la nécessité de renforcer l’unité nationale, condition fondamentale pour toute société qui aspire à la stabilité et au développement », a indiqué le directeur de la troupe de San.
Pour se faire, la chanson souligne l’importance du dialogue, de la confiance mutuelle et du respect des aspirations populaires. Aussi, un accent particulier y a été mis sur la jeunesse, considérée comme la locomotive du changement, par une invitation à redoubler d’efforts et à comprendre que nul ne viendra construire le pays à sa place. « Le Mali dont nous rêvons ne pourra naitre que grâce au sacrifice de chacun », a indiqué le directeur de la troupe.
Avec des messages si forts, San ne pourra s’en prendre qu’à lui-même s’il venait à être déprécier par le jury. Tout comme l’orchestre de Nioro du Sahel, celui de San était désagréable à voir et à écouter. Et, le public était pressé de voir ces musiciens qui ne reflétaient pas la culture de San, débarrasser le plancher. Pour sa deuxième participation à une biennale, San a été médiocre pour ce qui concerne son orchestre. Et, devra s’en prendre qu’à lui-même, pour son résultat désastreux.
Assane Koné
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