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Biennale Artistique et culturelle/Tombouctou 2025 : Nara veut s’installer dans la cour des grands
samedi 27 décembre 2025, par
La soirée du 22 décembre 2025, nous a donné l’occasion d’apprécier la présentation de la troupe de la 14 ème région administrative du Mali. Pour sa deuxième participation à une Biennale Artistique et culturelle, la troupe de Nara a joué sans complexe.
Pour cette soirée, Nara et Sikasso ont animé le Stade municipal de Tombouctou. Mais, nous sommes sortis de ce temple sportif devenu pour la circonstance un temple de la culture, avec une très bonne impression pour la troupe de Nara. « Nara veut rentrer dans la cour des grands », est la phrase qu’un voisin connaisseur de la Biennale Artistique et culturelle, a lâché, tant il a été ému et impressionné par le jeu de Nara.
En effet, comme le dit un dicton bien connu de chez nous, « une belle nuit se dessine dès le crépuscule ». La troupe de Nara a fait sienne ce dicton et dès l’entame de sa prestation, elle a annoncé les couleurs avec l’interprétation de son « ensemble instrumental ».
On retient ici, que Nara a fait une progression notable. De la biennale de Mopti à celle de Tombouctou, Nara a subi une métamorphose qui saute à l’œil. Dans une orchestration à la limite parfaite, l’ensemble instrumental de Nara a été accompagnée par un chant intitulé « dow ka di ma mi na » ou celui qui a le vent en poupe. Ce chant est toute une philosophie qui voudrait que quand on a le pouvoir ou la richesse dans une société, il ne faut jamais oublier d’où on vient et ne jamais oublier ses premiers soutiens.
Nara prévient : « dow ka di ma mi na »
« Celui qui est dans l’opulence, les gens te suivent, te flattent. En ce même moment, il faut avoir un regard en arrière. Ces mêmes personnes t’oublient vite en cas de difficultés », nous a indiqué Dioman Keita, directeur de la troupe de Nara. Plus précis, il dira que « quand on devient une légitimité Traditionnelle, ou une Autorité Administrative, seule la sagesse, la patience, le courage…etc. renforceront notre autorité pour un développement harmonieux de nos différentes localités ou notre pays. Eh oui, ne dit-on pas que tout flatteur vit au dépend de celui qui l’écoute ? Dans tous les cas, Nara a été incisive sur cette problématique, qui a déjà été traitée par la création artistique malienne. Vous vous souvenez de cette célèbre chanson qui nous vient de la région de Ségou, notamment Macina. Feue Tara Bouaré a déjà épilogué sur la thématique en nous proposant une très belle chanson qui a traversé le temps et les frontières de notre pays : « Sanou Nèguèni ». Peut-être plus profond, elle tente de rappeler que toute chose a une fin sur la terre. Pour cela, nous devons tous savoir raison gardée.
Nara propose « l’étrange destin de Doussou »
Contrairement à plusieurs régions, Nara a décidé de nous présenter une pièce de théâtre d’une simplicité déconcertante. La pièce intitulée « L’étrange destin de Doussou », a été écrite par Mamadou Diakité et mise en scène par Hawa Djerma.
Jouée en quatre tableaux, cette pièce de théâtre démarre (tableau 1) par un conflit génération sur une différence de perception sur l’importance du respect des valeurs sociétales. Dans le deuxième tableau, Doussou, jeune diplômée, majore de sa promotion, est mise en scène, pour dénoncer la crise d’emploi sur fonds de népotisme et de corruption. Déçu par les échecs successifs de sa fille, espoir de famille, le père ne trouvera rien d’autre à faire que de la mettre dehors.
Devenue par la force des choses filles de rue, dans le tableau 3, Doussou se retrouve dans une maison close, où drogue, alcool et prostitution, se côtoient au quotidien. Malheureusement, Doussou y sera interpellée par la police lors d’une descente. Et, dans le tableau 4, cette information déshonorante, va mettre la mère de Doussou dans tous ses états. Mais, des sages vont essayer de la consoler. Moralité pour les parents : entre de maux, il faut choisir le moindre pour l’épanouissement de leurs enfants.
Avec ces deux numéros, Nara avait déjà conquis le Stade municipal de Tombouctou. Mais, nous avions voulu voir les autres numéros de Nara pour nous faire une idée de l’évolution réelle de la Troupe de la 14e région administrative du Mali.
Nara nous invite à nous donner les mains
« Donnons-nous les mains », en soninké « o ki tu kini me ya » est l’intitulé du solo de chant proposé par Nara. Selon Dioman Keita, directeur de la troupe de Nara, cette chanson est une invitation lancée à l’union sacrée pour sortir notre pays des crises sécuritaires et institutionnelles, pour un développement harmonieux. En plus de la paix et la cohésion sociale, la chanteuse invite les peuples de l’AES à conjuguer leurs efforts pour un changement positif de l’Afrique en général et en particulier le Mali, le Burkina et le Niger.
Cette chanson dénonce aussi ce qu’il est convenu d’appeler la mésentente. Selon la chanteuse, tout ce qui n’a pas pu être instauré par la paix, ne pourra jamais se faire par les conflits. Moralité : les conflits sont inutiles et dévastateurs.
Nara fait la promotion du « Jidin Mu »
Pour sa danse traditionnelle, la capitale du hénné et de la gomme arabique, a proposé le « Jidin Mu », une cérémonie organisée lors du mariage des jeunes filles. « C’est la danse des mères », nous a indiqué Dioman Keita, directeur de la troupe de Nara.
Assane Koné
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