De toute les nouvelles régions administratives du Mali, Nioro du Sahel peine à se trouver une voix pour se doter d’un orchestre moderne digne de nom. A qui la faute ?

Sûrement, la responsabilité de cette prestation catastrophique de l’orchestre de la région de Nioro du Sahel est partagée. Dans une froide analyse, l’on constate que chaque acteur a sa part de responsabilité. De l’état représenté par les différents administrateurs de la région aux jeunes de Nioro, en passant par les ressortissants de Nioro du Sahel, tous devraient avoir une responsabilité dans cette débâcle que l’on pouvait éviter, eu égard à ce que la troupe avait vécu à Mopti en 2023.

Certes, Nioro est une ville religieuse et l’on pourrait penser que cela impacte énormément sur la pratique artistique. Mais, nulle ne doit oublier qu’une philosophie bambara nous dit que « tolo te sèbèè saa » ou l’amusement ou la distraction n’exclut pas le sérieux. Et, mieux, cette même philosophie nous rappelle que : « ni maa mi yé dan tolona, a bi dan sèbèè la » ou si quelqu’un te bat dans l’amusement ou la distraction, forcément, il te battra quand il va falloir faire quelque chose de sérieux.

Sur cette base, l’orchestre de Nioro du Sahel et toute les personnes ou autorités qu’elles soient administratives, traditionnelles ou religieuses, trouveront difficilement des excuses valables. Il faut que Nioro du Sahel se mobilise autour de sa troupe pour ne pas donner l’impression d’être l’un des petits poucets qui refuse de s’épanouir et s’exprimer artistiquement parlant lors des différentes éditions des Biennales Artistique et culturelle. De toutes les nouvelles régions, Nioro du Sahel semble être la moins bien préparée.

En attendant, il faut dire que le 21 décembre 2025, lors de la 3 ème journée de compétition des orchestres, c’est avec un cœur peiné que nous avons assisté à la prestation de l’orchestre de la troupe de Nioro du Sahel.

Au moment où les 45 minutes accordées par le règlement de la compétition, pour les prestations des orchestres ne suffisaient pas à certaines régions, l’on a eu l’impression que l’orchestre de Nioro du Sahel convaincu de ses insuffisances, était pressé de quitter la scène. Pour 45 minutes de prestation autorisées par le règlement, à peine l’orchestre de Nioro du Sahel a utilisé les 30 minutes. Et, nous croyons que c’était mieux ainsi. Ils ont compris qu’il fallait vite mettre fin aux supplices qu’ils imposaient aux oreilles des spectateurs.

Imaginez une chanteuse qui chante hors gamme à tout vent. Et, qui nous donne l’impression qu’elle a bénéficié d’une complaisance extraordinaire pour se retrouver là où elle ne devait pas être. Aussi, nous vous invitons à éviter d’écouter un rap en live mal préparer où l’orchestre et le chanteur peine à construire une complicité harmonieuse.

Et, quand on interroge la composition de cet orchestre, nous comprenons qu’elle n’avait pas le choix que de faire une piètre prestation. L’orchestre de Nioro du Sahel est arrivé sur scène avec un guitariste, un pianiste, un joueur de batterie et trois joueurs de tam-tam qui ont transformé la salle en un temple de percussions.

Ici, nous faisons le plaidoyer pour que cette troupe soit assistée en instruments et ressources humaines pour une assistance technique de haut niveau.

Mais, qu’à cela ne tienne, Nioro du Sahel a quand-même joué des instruments et a chanté.

Assane Koné