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Festival des Ecoles du Cinéma et d’Audiovisuel d’Afrique : Le Mali représenté par la jeune réalisatrice Sadio Simaga
jeudi 13 avril 2017, par
Du 10 au 15 avril 2017, la réalisatrice malienne et actrice de cinéma, Sadio Simaga va séjourner à Rabat, au Maroc, dans le cadre du 1er Festival des Ecoles du Cinéma et d’Audiovisuel d’Afrique (FECAA). Pour la circonstance deux des films de notre compatriote ont été retenus. Ce sont : « Graffiti » et « Woro » ou la noix de colas.
Le Festival des Ecoles de Cinéma et d’Audiovisuel d’Afrique, organisé par l’Institut supérieur des métiers de l’audiovisuel et du cinéma (ISMAC) du Maroc, en collaboration avec la Fondation ISMAC, a pour objectif de : Créer une émulation entre les lauréats afin de les diriger vers l’excellence ; Promouvoir les travaux des étudiants réalisés dans le cadre de leurs études de cinéma et d’audiovisuel ; Confronter le travail des jeunes participants face à un public plus élargi, composé de spécialistes (critiques, journalistes, cinéphiles), de professionnels (producteurs et distributeurs) et de cinéphiles ; Créer un espace annuel d’échange et de fécondation d’idées et de projets ; Créer un marché de ressources humaines à des fins de mobilité et de complémentarité entre les pays du Sud et Encourager le réseautage des institutions et des formateurs africains.
C’est cet évènement qui va accueillir notre compatriote, jeune mais pas moins talentueuse, du 10 au 15 avril 2017. Jeune réalisatrice, comédienne et script-girl malienne, il va falloir compter avec Sadio Simaga. Mais, au fait qui est Sadio Simaga et quel est son parcours ?
Sadio Simaga est titulaire d’une maîtrise en sociologie de l’Université de Bamako, obtenue en 2008. Tout porte à croire que rien ne la prédestinait à embrasser la carrière de réalisatrice ou de comédienne, si ce n’est son amour pour le cinéma.
Comme, c’est devenu un parcours obligé pour la plupart de jeunes maliens. Sadio Simaga, après ses études a été confrontée au fléau du chômage. Refusant la fatalité, à rester à tourner le pouce, elle devient hôtesse d’accueil de séminaristes au compte de plusieurs agences de communication de la place, notamment Star Com et DFA communication. Elle s’est même essayé un temps, au mannequinat à travers l’Agence En Vogues.
Comme pour confirmer que rien n’arrive par un hasard. Pour arriver au cinéma, le chemin de Sadio Simaga devait passer par le travail d’hôtesse de séminaristes. En effet, c’est à l’occasion d’un séminaire qu’elle aura l’opportunité de rencontrer Boubacar Sidibé, à l’époque célèbre réalisateur à l’Office de la Radio et de la Télévision Malienne.
Boubacar Sidibé fait partie des réalisateurs maliens qui a le don et la patience de soutenir des jeunes qui aspirent à devenir des professionnels du secteur du cinéma. Sadio Simaga qui a de tout temps rêvé de devenir actrice ou réalisatrice, a vu la main de dieu dans sa rencontre avec Boubacar Sidibé.
C’est avec la bénédiction de ce réalisateur malien qui n’est plus à présenter que Sadio Simaga aura l’opportunité de suivre une formation d’initiation à réalisation au Maroc. Et c’est aussi grâce à ses conseils, que Sadio Simaga aura la chance, en 2008, de tester ses aptitudes d’actrice, même si c’était sous la forme de figurante, sur le plateau de tournage de « Fanta Fanga » ou le Pouvoir des pauvres de feu Adama Drabo, qui a représenté le Mali au FESPACO 2009.
Piquée par le virus des plateaux de tournage, Sadio Simaga, depuis, n’a plus pu s’arrêter. Avec le projet de tournage du film les « Rois de Ségou », Brico-films a été chargé de faire un casting à l’issue duquel Sadio Simaga sera retenue, comme actrice pour un rôle secondaire. Mais, au regard de son dynamisme, en même temps qu’elle a tenu son rôle, le réalisateur lui a confié le travail de script-girl.
Devenue à limite l’assistante du réalisateur, elle engrangera une grande expérience que son intelligence lui permettra de capitaliser rapidement, en passant de l’autre côté de la caméra. Avant la fin du tournage du film les « Rois de Ségou », elle est parvenue à convaincre l’équipe de tournage de la pertinence de son projet de film documentaire intitulé : « Le pouvoir du gardien ». En 2010, avec l’engagement de « Sarama Films » de Salif Traoré et de Brico Films, Sadio Simaga réalisa son projet de film documentaire de treize minutes.
Cela va lui donner l’opportunité d’enlever le Prix de la CEDEAO au Festival Clap Ivoire de 2010. La trame du film est simple. « De nos jours les hommes vivent ensemble mais ne se ressemblent pas. Parmi eux, il y a des riches comme des pauvres, des faibles, des heureux et des malheureux. Cependant, certaines personnes, compte tenu de leur situation sociale, pensent que les moins nantis sont des moins que rien ou encore des fainéants. Donc, ce documentaire est une sensibilisation, un conseil pour tous, afin qu’un autre regard soit jeté sur la société ». C’est en ces termes que Fanta Simaga avait présenté à l’époque son film chez notre confrère L’Indépendant. Avec ce prix, celle qui était pratiquement entrée par effraction, dans le monde très select des réalisateurs maliens, pouvait désormais s’installer en demeure.
Et, elle ne tardera pas à le prouver. Après avoir tenu un rôle dans « Les Concessions », une série télévisée, qui traite de la vie quotidienne d’une famille où une grand-mère intrigante essaie de contrôler tout le monde, Sadio Simaga passe à la réalisation de son deuxième film : « Cinquante ans de cinéma malien ». Produit par « Sarama Films » et « Brico Films », ce film de 13 minutes donne la parole à des professionnels du 7e art pour faire le bilan exhaustif d’un cinéma qui manque de soutien financier. C’est grâce à ce film que notre compatriote a été sélectionnée pour participer à un festival organisé en marge du festival de Cannes 2011 par les mouvements associatifs. Le film est allé à Vue d’Afrique au Canada, à Luxor en Egypte et au Fespaco.
Sadio Simaga depuis des années a en projet prendre le tournage d’un film de fiction de 52 minutes, intitulé : « Une enfance brisée ». En attendant la mise en œuvre de ce projet de grande envergure, est devenue une pensionnaire assidue de « Production Kinokabaret » qui a lieu à Ouagadougou et Bobodioulasso, au Burkina Faso.
En 2013, pour sa première participation à cette école de cinéma d’un autre genre, en plus d’avoir tenu des rôles de comédiennes dans trois films (La vie d orpheline d’Adeline Agnon, Sage Femme de Rasmata Traore et La fille au lac de Aramata Forogo ), Sadio Simaga a pu se donner le temps pour réaliser quatre films fictions de court métrage : Graffiti, Corbillard vert, Aux regards des autres, le Cinéma Bobolais.
Au regard de ce succès, les organisateurs de l’édition 2017 de « Kinokabaret » ont tenu à sa participation. Et, ils n’ont pas été déçus. Elle y a réalisé 4 films : woro (la noix de cola) 8min, Ici-bas 3min, sorofé konon (rossignols) 5min et Réveillons-nous 2min. Mieux, elle a tenue le rôle de comédienne principale dans plusieurs films : La reine des pirates d’Andreas Flack (Allemand), Partager Partager d’Andreas Flack (Allemand), Tapis de Lionel Delourme (France), Blaguer pour tuer de Victorine Naba (Burkina Faso), Terrible john de Lucien Yerbagan (Burkina Faso), Le doubleur d’Innocent Thiombian (Burkina Faso), Poussière d’Amayel et Markus (Sénégal), Eh ! Kpakpato de Clementine Kilikiba (Togo), Malédiction de Pascaline Kabore (Burkina Faso), Un mariage pas comme les autres de Pascaline Kabore (Burkina Faso), Donnant Donnant de Bernadette F Gouba (Burkina Faso), Maman Pharmacie de Tia Fatogoma Traore (Burkina Faso), Rasta Business de Jean Marie Zoungrana (Burkina Faso), 8 mars de Mahamoud Ouedraogo (Burkina Faso), La Paix de Badou Bello le slameur (Burkina Faso), Gnamogoden ! De Christophe T Kaboré (Burkina Faso) et Remember de Gianna Pargaetzi (Allemagne).
Assane Koné
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