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Art plastique : La jamaïcaine Jackson Shuri exp (l) ose son talent à Dak’Art 2018
dimanche 8 décembre 2019, par
A la faveur de la 13e édition de la Biennale de l’Art contemporain africain qui a eu lieu du 2 mai au 3 juin 2018, et placée sous le thème « L’heure rouge », a enregistré une participation « off » très remarquée de l’artiste plasticienne jamaïcaine Jackson Shuri.
Impressionné par le bonheur qu’à cette jeune fille de découvrir le continent africain à partir de Dakar, qui pourrait aussi être le point de départ de ses ancêtres par la porte du non retour de l’île de Gorée, l’on pourrait sans se tromper intituler l’exposition de Jackson Shury : « De l’île de Gorée à l’Aéroport Blaise Diagne ». L’île de Gorée pour le départ de ses parents et l’Aéroport Blaise Diagne pour retour à Dakar.

Venue à Dakar, sans avoir au préalablement pris la peine de s’inscrire pour une exposition dans le « off » de Dak’Art 2018, Jackson Shury a dû batailler dure pour obtenir un espace au Grand théâtre national de Dakar pour accrocher ses œuvres. Mais, il faut dire que la grande terranga sénégalaise est passée par-là, pour faciliter les procédures.
Dans le hall du Grand théâtre national de Dakar, à travers une dizaine d’œuvres accrochées, Jackson Shury lève un coin du voile sur son travail artistique.
Très engagée pour la cause de la femme, Jackson Shury prône l’égalité des sexes. Elle se bat contre le racisme. Convaincue que « l’art et les artistes sont les gardiens du temps, des traditions et de la culture », Jackson Shuri s’efforce d’être le témoin de son époque, d’où la contemporanéité de son travail artistique.

Dans son combat contre le racisme aux Etats-Unis où elle vit et travaille, notre artiste a été émerveillée par le courage de Colin Rand Kaepernick, joueur américain de football américain. En en effet, lors de la saison 2016, Colin Kaepernick s’est agenouillé pendant l’hymne national américain pour protester contre le racisme aux Etats-Unis. Et, Jackson Shury a voulu faire l’écho de ce geste très significatif. Cela a donné naissance à une œuvre formidable qui nous présente les Etats-Unis sous un autre jour, à travers un drapeau américain détourné pour la cause. Une technique qui ressemble à celle du batik nigérian a été utilisée pour nous offrir une bannière étoilée avec un gros chiffre 7, accompagné d’un ballon de football américain au milieu.
En même temps qu’elle est prompte à dénoncer le racisme ambiant au Etats-Unis, Jackson Shury y salue les grandes avancées du point de vu des droits de la femme. « Aux Etats-Unis, chaque femme est libre de faire ce qu’elle veut avec son corps : faire des enfants ou de ne pas en faire », a-t-elle indiqué. « Target » ou la cible est une abstraction très colorée, mais avec une dominance du rouge, qui laisse transparaître clairement l’appareil reproducteur de la femme.

Et, comme l’artiste n’est pas souvent loin du monde politique, notre chère amie semble prendre position dans le débat politique actuelle aux Etats-Unis. Et, n’y va pas de mains mortes. A travers une série de tableaux consacrés à « Mickey Mousse » et à « Baby Mousse », elle s’interroge sur le bien fondé des sorties maladroites de Donald Trump, Président des Etats-Unis d’Amérique. Elle est convaincue que comme « Mickey Mousse », Donald Trump se met souvent inutilement en scène. En réalité cette série est un satyre qui invite le Président américain à être un peu plus sérieux que Mickey Mousse, cette image très célèbre dans la culture américaine.
« Tout le monde aime les Etats-Unis, comme tout le monde aime les glaces. Et, cet amour draine des milliers de personnes vers les Etats-Unis. Mais, au constat, les Etats-Unis sont devenus une terre de violence », dénonce l’artiste. Et, pour le dire, elle a peint un drapeau simplifié des Etats-Unis avec deux glaces. « Ici, je dénonce la violence récurrente aux Etats-Unis, qui est le fait des gens qui aiment tous les Etats-Unis », a-t-elle indiqué.

Jackson Shury très émue par l’hospitalité sénégalaise a tenu à dire merci aux sénégalais. Selon elle, n’eut été cette hospitalité, elle n’allait pas avoir la chance de montrer son travail artistique. « Mais, je voudrais mettre à profit mon premier séjour sur le continent africain pour développer des champs de collaboration avec des artistes sénégalais, mais avec des artistes de tous les pays d’Afrique », a-t-elle conclu l’entretien.
L’artiste jamaïcain Jackson Shuri a immigré aux États-Unis en 2003. Elle vit à Long Island avec ses parents. Diplômée de l’Université de Long Island, elle pratique l’art à plein temps en tant qu’artiste multimédia.
Cette jeune artiste jamaïcaine utilise des méthodes contemporaines pour façonner ses expressions uniques. Et, le fait d’être à cheval entre plusieurs cultures, elle a développé une capacité d’exploration constante des idées et des matériaux. « Ma pratique artistique vise à servir, préserver, transmettre des valeurs et répondre à divers intérêts », aime le dire l’artiste, qui dit que sa démarche vise à évoquer, éduquer et inspirer. Et à Dak’Art 2018, l’on a eu la chance d’apprécier ses œuvres de teintes, de textures et de grandeurs variées.
Assane Koné
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