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Ag’na 2024 : Le financement des activités culturelles au centre des préoccupations

samedi 16 mars 2024, par Assane Koné

Dans le cadre de la 5e édition du Festival Ag’na à Koulikoro, la rencontre des Acteurs culturels du 2 mars 2024, a porté sur le financement des activités du secteur culturel.

Sous la modération de l’ancien ministre de la Culture Cheick Oumar Sissoko, Adama Traoré de Acte Sept, Chab Touré, Alou Ifra N’Diaye du Complexe culturel Blonba et Ousmane Boudaouné du Burkina Faso, ont exploré la question de la difficulté du financements des activités culturelles.

« Si elle était résolue, elle allait nous permettre d’avancer dans nos créations avec beaucoup plus de sérénité. Admettons le qu’il n’est du tout facile de trouver des financements pour nos activités culturelles par ces temps qui courent », a indiqué Cheick Oumar Sissko, en guise d’introduction, avant d’inviter les différents intervenants à se prononcer sur la question.

Avec la fermeture des guichets de coopération, Adama Traoré propose la voix de la rémunération pour la copie privée

Adama Traoré, Président de la Fédération des Artistes du Mali, Directeur du Festival Théâtre des réalité, a estimé que par ces temps qui courent, il est difficile de parler du financement du secteur culturel. Selon lui, le contexte géo-politique de notre pays , nous prive des financements dans le cadre de la coopération bilatérale, de la coopération décentralisée et même multilatérale.

Face à une telle difficulté, il s’est posé la question de savoir ce qu’il va falloir faire pour avoir des activités pérennes malgré le contexte. Il a une idée sur la question. Et, il pense qu’il va falloir rapidement travailler au Mali à faire en sorte que les acteurs de la décentralisation soient des acteurs qui s’engagent dans le financement de la culture.

Il a aussi proposer d’explorer la piste de la rémunération pour la copie privée. Pour cela, il a souhaité une intervention rapide de la loi. « Pour ce qui concerne la rémunération pour la copie privée, le Mali coure derrière un taux de 2,5%, au moment où le Burkina sans hésitation est déjà à un taux de 10%. Cela permet d’injecter 2 milliards de FCFA par an dans la promotion de la culture au Burkina Faso », a-t-il déclaré.

Il a estimé que l’espoir est permis. Selon lui, la directive a été adoptée au niveau de l’UEMOA, et il es attendu de l’Etat malien de l’adopter. Mais, comme l’Etat ne semble pas s’en préoccuper, Adama Traoré à proposer la mobilisation pour faire un plaidoyer pour son application au Mali.

« En 2006, une étude a démontré que la culture malienne était financée à 85% par l’extérieur »

« Le contexte actuel n’est pas seulement caractérisé par la fermeture des guichets de coopération », a déclaré Chab Touré. Avant d’ajouter qu’en 2006 déjà, une étude avait démontré que 85% de l’argent investi dans la culture au Mali venait de la France, de l’Union européenne et d’autres bailleurs.

Dans un contexte de Malikoura, avec notre souveraineté retrouvée, nous devons rapidement trouver une solution à la question de : comment faire le bien des maliens sans l’argent des maliens. En effet, Chab Touré est convaincu que seule la promotion de la culture malienne pourra faire du bien aux maliens, encore fraudra-t-il que le Mali accepte de financer l’action culturelle. « Pas de souveraineté sans financement de la culture. Une culture financée par l’argent des autres ne peut pas faire la souveraineté du Mali », a-t-il déclaré.

Il a invité les acteurs culturels maliens à s’intéresser à la structuration du budget du ministère en charge de la culture, au moment où pour la première fois dans l’histoire de notre pays le budget a atteint 12 milliards de FCFA.

Bon, en attendant l’argent de l’Etat, Chab Touré pense qu’il va falloir que les acteurs culturels ballaient devant leur porte. Selon lui, les acteurs culturels doivent se demander si leur offre culturel intéresse la population pour laquelle ces évènements sont organisés. « C’est seulement à ce prix que la population pourra mettre son argent dans l’organisation », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter qu’il va falloir aussi, après chaque édition faire des bilans clairs et partagés pour que tous les partenaires de l’événement sachent à quoi à servir leur argent.

« Réinventer le dispositif structurel de la promotion de la culture malienne... »

« Je parts sur un constat structurel du budget national », a indiqué Alou Ifra N’Diaye. Avant de s’interroger sur le rapport qu’a les autorités du pays avec la culture. « Au Mali, le budget est fait pour le service de l’administration de la culture. Et, ne prévoit pratiquement rien pour la financement de l’action culturelle », a-t-il dénoncé. Il a invité les acteurs culturels à s’engager à faire changer le rapport qu’a nos autorités à la culture. Selon lui, c’est à ce niveau que ce trouve tout le problème du peu d’intérêt pour l’action culturelle. Alou Ifra N’Diaye pense qu’il va falloir réinventer tout le dispositif structurel de la promotion de la culture malienne.

« Je suis émerveillé. Tout ce que je viens d’entendre, j’ai l’impression que vous parlez du Burkina Faso », a déclaré Ousmane Boudaouné. Il a attiré l’attention des acteurs culturels maliens sur le fait que la rémunération pour copie privée peut ne pas être une solution au problème de financement. Selon lui, sur les 2 milliards de FCFA encaissés par an par le Burkina Faso au titre de la rémunération pour la copie privée, seulement 300 millions vont réellement dans le financement de la culture, parce que l’argent va au bureau du droit d’auteur qui est une structure du ministère.

Il pense qu’il va falloir travailler à faire de la culture un secteur économique. Selon lui, cela va énormément changer la perception qu’a certains cadres au niveau de l’état sur le secteur. Et, grâce à cette approche, il dit que le Burkina Faso est parvenu à mettre en place un fonds de développement de la culture et du tourisme qui permet de financer à hauteur de souhait des activités culturels.

Assane Koné


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