« Au fil de mes convictions sur le Mali d’aujourd’hui et de demain », est le thème qui a été presenté par D^r Ousmane Sy, ancien Ministre de l’administration Territoriale et des Collectivités locales. C’était le 29 avril 2023, lors du Kôrè Baro (Débat citoyen) organisé dans le cadre de la Rentrée Culturelle 2023/2024 du Centre Culturel Kôrè de Ségou, placée sous le thème : « Jeunesse et ICC, quels défis et perspectives ? ».

D^r Ousmane Sy, en acteur et observateur averti de la politique et de l’administration publique malienne, vient de publier un livre intitulé : « Au fil de mes convictions sur le Mali d’aujourd’hui et de demain ». Au regard de la pertinence de l’approche de D^r Ousmane Sy, la Direction du Centre Culturel Kôrè (CCK) de Ségou, a décidé de l’inviter pour animer le Kôrè Baro sur le thématique : « Au fil de mes convictions sur le Mali d’aujourd’hui et de demain ».

Dans un exposé introductif, D^r Ousmane Sy a structuré son intervention sur 3 axes. « J’ai été connu au Mali comme Ministre. Mais avant, j’ai servi mon pays comme un agent de terrain dans plusieurs villages et contrées du pays. Et, je tiens à le rappeler qui je suis », a-t-il indiqué. Ensuite, dans un 2^e axe, il a donné les raisons qui l’ont poussé à écrire le livre : « Au fil de mes convictions sur le Mali d’aujourd’hui et de demain ». Et, dans le 3^e axe, il a présenté ses convictions.

Qui est D^r Ousmane Sy ?

« Je suis heureux que cette rencontre ait lieu à Ségou », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter que ses deux grands-pères sont venus du Fouta Sénégal. « Amadou Kouta Sy, mon grand-père, est arrivé à Ségou comme interprète de Archinard. Et, il est resté à Ségou jusqu’à sa mort », a-t-il déclaré. Et, d’ajouter que sa grand-mère est la fille de El Hadj Oumar Tall. « Je suis né à Bandiagara, dans ma famille maternelle qui m’a vu grandir et que j’ai quitté après le DEF pour venir faire le lycée à Bamako », a-t-il ajouté. Cette précision faite, il dira qu’il est un cadre technique du Mali qui a cherché à connaître son pays.

De passage, il a salué le Ministre Cheick Oumar Sissoko qui était dans la salle. « Quand nous sommes arrivés en France, on a été reçu par les Cheick Oumar Sissoko qui nous ont encadré. Et, c’est-là que nous avons eu la formation militante », a-t-il indiqué. Il a ensuite ajouté qu’après ses études en France, qu’il est rentré au Mali. « Un mois après ma thèse, je suis rentré au Mali. Et, comme il n’y avait pas de concours, je me suis allé à l’IER, pour aller immédiatement sur le terrain à Sikasso. « A l’époque, nous étions préoccupés. Nous voulions comprendre pourquoi les paysans n’adoptaient pas les résultats performants des recherches conduites par l’IER ? », a-t-il rappelé.

Il a aussi levé un coin du voile sur son militantisme politique de l’époque. « Nous étions dans le militantisme clandestin. Le pouvoir militaire de l’époque souffrait de contestations », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter que « la lutte clandestine n’est pas souhaitable. Mais, quand on y est obligé, on n’a pas le choix », a-t-il soutenu. Avant de regretter ce qu’est devenue la pratique de la politique au Mali. « Aujourd’hui, loin du militantisme d’alors, la politique est devenue un moyen pour gagner sa vie », a-t-il regretté.

Pourquoi ce livre ?

« Ce livre est un témoignage de ce qu’on a vécu de positif et de négatif, à l’endroit de la jeunesse », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter que c’est une manière pour lui de montrer à la jeunesse ce qu’il faut éviter : les erreurs qui ont été commises. « A mon humble niveau, j’ai voulu mettre l’accent sur ce qui a marché et ce qui n’a pas marché, pour que la jeunesse ne tombe pas dans les mêmes travers », a-t-il estimé.

D^r Ousmane Sy est de ceux qui sont convaincus que tout ce qui nous arrive aujourd’hui, « Nous l’avons vu venir. Et, nous l’avons dit et fait ce que nous pouvons pour l’éviter ». « Dans ce livre, nous attardons sur certaines dates et proposons des solutions ou des pistes de solutions à certains problèmes que nous vivons », a-t-il ajouté. Avant de préciser que son livre propose des solutions de sortie de crises.

A ce propos, en sa qualité de père de la décentralisation malienne, D^r Ousmane Sy, avec beaucoup de recule, pense que le processus pouvait être conduit autrement sur certains aspects. « Si on me disait de faire cette réforme-là aujourd’hui, je l’a ferai autrement, parce que j’ai eu la chance d’être conseiller municipal pour expérimenter dans la pratique ce que nous avons conçu théoriquement à l’époque », a-t-il déclaré.

Pourquoi élus démocratiquement, les Présidents maliens quittent le pouvoir par les armes ?

En somme, il dira que son livre parle de : la décentralisation, le développement du territoire, la coopération pour le développement, la démocratie, les élections au Mali. Et, à propos des élections, bien qu’il ait sa petite idée, il a voulu savoir pourquoi Alpha Oumar Konaré est actuellement le seul Président malien élu démocratiquement et qui a pu quitter le pouvoir par les urnes ?

Si Cheick Oumar Sissoko pense que cela est le résultat d’un engagement du Mouvement démocratique dont on ne parle pas le suffisamment, D^r Ousmane Sy pense que Alpha Oumar Konaré avait une grande capacité de construire des compromis. Mieux, il a démontré que chaque fois que les politiques n’arrivent pas à s’entendre au Mali, l’armée en troisième larron, vient jouer les arbitres.

Quelques axes des convictions de D^r Ousmane Sy

Selon D^r Ousmane Sy, la décentralisation, c’est le retour au local. « Notre salut, le salut de notre pays, le salut du Sahel, est le retour aux communautés. Et pour ce qui est de la coopération, il a estimé que le moment est venu pour dessiner une nouvelle coopération basée sur la résolution des problèmes communs pour sortir des notions d’aide.

Pour ce qui concerne la décentralisation, il dira que l’administration malienne est dans la posture de gérer un pays territorialement décentralisé avec la pratique d’un Etat centralisé. « Comment comprendre, malgré la décentralisation, sur chaque 100 FCFA dépensé au Mali, 80 FCFA sont gérés par l’Etat central », s’est-t-il interrogé. Avant de dire sans ambages que l’Etat a l’obligation de transférer les ressources pour que la décentralisation soit effective.

Ce fut un Kôrè Baro réussi. Les nombreux participants, dont d’éminentes personnalités du monde de la culture au Mali, de nombreux universitaires (étudiants et enseignant), ont pu suivre D^r Ousmane Sy dans son parcours professionnel, militant et politique. Ils ont aussi salué son engagement pour la décentralisation qui doit mettre les communautés et le local au centre de toutes les stratégies de développement et l’alternance démocratique comme pierre angulaire de toute pratique démocratique.

Assane Koné