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Festival « Les Praticables » : La Rue 369 devient une fabrique citoyenne d’un nouveau théâtre d’art populaire

dimanche 5 janvier 2020, par Assane Koné

Faire de la Rue 369 de Bamako-Coura, un grand théâtre à ciel ouvert, était le pari de l’Association Théâtrale « Kuma Sô ». En maitrisant de main de maître l’organisation de la 3e édition du festival « Les Praticables » du 16 au 21 décembre 2019, aujourd’hui, c’est chose faite.

Initié par Lamine Diarra, à travers son l’Association théâtrale « Kuma Sô », d’année en année, la mayonnaise est entrain de prendre autour du Festival de théâtre « Les Praticables », qui se positionne comme une fabrique citoyenne d’un nouveau théâtre d’art populaire.

En 3 années d’organisation, la manifestation est parvenue à s’installer en demeure dans la Rue 369 de Bamako-Coura, qui est devenue par la même occasion un grand théâtre à ciel ouvert. Ici, pas besoin de salle de spectacle pour faire du théâtre de belle facture. La vie, elle-même n’est-elle pas scène et théâtre en même temps ? Et, c’est convaincu de cela, que cette année, à la faveur de la 3e édition, qui a tout égard est celle de la maturation de l’évènement, les organisateurs n’ont pas hésité à occuper des espaces publiques attenantes à la Rue 369, pour y installer des scènes de théâtres : La fourche 2-Garage, Fourche des écoles, Capone Terrain, Rue 369-Croisement. Mais ici, dans le cadre de « Les Praticables », il faut retenir la particularité existe dans le fait d’installer les scènes dans des concessions : Famille Tall, Famille Sangaré, Famille Coulibaly, Famille Konaté, Famille Diarra et Famille Traoré.

La 3e édition du Festival « Les Praticables », a été une rencontre d’artistes habités par la passion de créer et d’imaginer des mondes différents, des mondes nouveaux. Déjà à l’ouverture le 16 décembre 2019, Lamine Diarra, en sa qualité de Directeur artistique, annonçait les couleurs : « Les artistes invités aux Praticables cette année, mettent en jeu des histoires qui nous invitent à nous déplacer, à voyager et surtout à voir le monde autrement ». Ce soir-là, il rassurait du fait que chacun de ces créateurs, pouvait ici, affirmer sa singularité en toute liberté, pour la simple raison que c’est la diversité des points de vue qui donne la cohérence aux Praticables. Et, de cette déclaration, nous avons compris pourquoi l’édition de cette année a été placée sous le thème : « La Commune et l’Art ».

Mais, qu’à cela ne tienne, Lamine Diarra précisera que « la globalisation a entrainé, en matière de communication entre les humains, un sérieux paradoxe : malgré la diversité des chemins vers les autres, vers tous les peuples, on assiste à un vaste mouvement de repli sur soi ». En ce qui concerne il dira qu’ils sont fiers et heureux de mettre « le faire ensemble » au cœur de l’édition 2019, dans le pays de la « Djatiguiya », où l’enfermement gagne sans cesse du terrain, où le dialogue peine à ouvrir des portes sur un avenir pacifié.

Dans quelle « ville-société » voulons-nous vivre désormais ? Comment, par-delà les barrières, fédérer les communautés sur la base même de nos différences ? Ce sont-là autant de questions qui justifient l’existence du Festival « Les Praticables », selon son principal initiateur.

En plus de la parade inaugurale le lundi 16 décembre 2019, où Lamyne M était « Sur son 31 » et les « Chaises en mouvements » par Siriman Dembélé, Marc Vallès, Clara Walter, Ikheyon Park et Elie Maillet, pendant 6 jours, les habitants de Bamako, se sont ajoutés à ceux de Bamako-Coura pour rendre visite aux populations de la Rue 369, afin de savourer, d’apprécier les 47 dates spectacles proposés.

Pour cette édition qui a tenu toutes ses promesses, le Burkinabé Serge-Aimé Coulibaly, avec son spectacle pluridisciplinaire, intitulé « Ni Kidal ni Ogossagou », a fait très bonne impression. Il a invité les uns et les autres à manifester beaucoup plus de volonté à dépasser les clivages dans lesquels on veut nous enfermer, et qui aboutissent à des massacres. Notre compatriote Jeanne Diama qui s’installe petit à petit dans le cercle des metteurs en scène, est parvenue à faire exploser dans son spectacle intitulé « Coup de poing », la violence et la passion morbides qui travaillent en profondeur les relations familiales. Quant au congolais Sinzo Aanza, il a placé la barre très haute avec sa pièce « Un nouveau prophète ». il y interroge la possibilité d’une parole prophétique face à la surdité des espaces de décisions économiques et politiques. Dans la pièce « Délia », Honorine Diama (malienne) et Pascal Collin (français), malgré leurs différences, ont pu interroger la domination masculine et ses terribles effets dans l’intimité conjugale aussi bien que dans la société. Dans ce spectacle, tragédie et comédie se sont données rendez-vous pour le plaisir des spectateurs.

Pour cette 3e édition, en plus du fait que la manifestation a reçu la participation d’auteurs de renomée internationale, il faut saluer l’émergence de jeunes auteurs et metteurs en scène maliens : Jeanne Diama, Honorine Diama, Assitan Kléssigué Traoré, Abdoulbaky Touré, Aïssata Boukary Maïga, Jean Marie Ambroise Traoré, …

Et, c’est pour tout cela qu’à l’heure du bilan Sékou Traoré, Chef de quartier de Bamako-Coura, n’a pas caché sa joie de recevoir cet évènement. « Ici, à Bamako-Coura, nous sommes pressés de revoir les Praticables. Dès la fin d’une édition, nous attendons déjà l’autre », a-t-il déclaré. Avant de saluer cette initiative qui a permis d’installer le théâtre dans leur famille.

Pour sa part Bakary Diarra dit Abel, membre du Conseil Municipal de la Commune III et Officier d’Etat civil de Bamako-Coura, a rappelé qu’il était parmi les premiers soutiens de cette initiative. « En ma qualité de conseiller municipal et au regard des nombreux avantages d’une telle manifestation, je me sus engagé aux côtés de Lamine Diarra dès les premières heures de réflexions pour que le projet voit le jour », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que l’un des premiers avantages de cette manifestation, est l’émulation de la jeunesse de Bamako-Coura qui pourra être inspiré part tous ces artistes qui nous viennent du monde et qui gagnent bien leur vie à travers la pratique du théâtre. Il a aussi mis un accent sur l’apport économique et social de la manifestation, à travers l’animation de la Rue 369 pendant au moins une semaine.

A signaler que pour une meilleure organisation de cet évènement, en termes d’écriture et de mise en scène, les initiateurs ont décidé que l’évènement devient biennal.

Assane Koné


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