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Rencontres de Bamako : L’édition de la résilience mobilisent les photographes africains et de la diaspora

vendredi 9 décembre 2022, par Assane Koné

Du 8 décembre 2022 au 8 février 2023, Bamako, la capitale du Mali, vibrera au rythme de la 13e édition des Rencontres de Bamako/ Biennale africaine de la Photographie, placée sous le thème « Maa ka maaya ka ca a yere kono » (sur la multiplicité, la différence, le devenir et le patrimoine). Comme d’habitude, le 8 décembre 2022, le Musée national du Mali a abrité la cérémonie de lancement de cette rencontre dédiée à la promotion de la photographie de l’Afrique et de sa diaspora.

Andogoly Guindo, ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie Hôtelière et du Tourisme, a présidé le jeudi 8 décembre 2022, la cérémonie de lancement officiel, de l’a 13e édition des Rencontres de Bamako/Biennale africaine de la Photographie. En plus de la présence de plusieurs membres du Gouvernement malien, il avait à ses côtés Bart Ouvry, Ambassadeur, Chef de la Délégation de l’Union Européenne au Mali, Edmond Mukala, Représentant résident de l’Unesco au Mali et plusieurs Ambassadeurs et Représentants de corps diplomatiques au Mali.

« C’est l’heure de la poésie », a déclaré Dr Bonaventure Soh Bejeng Ndikung, Directeur artistique de la 13e édition de la biennale de Africaine de la Photographie/les rencontre de Bamako. Et, il ne pouvait en être autrement quand on décide de regrouper dans un évènement aussi important comme les Rencontres de Bamako, près de 75 personnalités artistiques du monde de l’art africain, afin qu’elles contribuent à la multiplicité de cette édition. Et pour donner le ton, le Directeur artistique des Rencontres de Bamako, a lu le poème complet de Idrissa Keita, intitulé « QUAND LE VENT SOUFFLE » et un extrait du poème de Maya Angelou, intitulé « POURTANT JE M’ÉLÈVE ».

« Si je vous lis ces deux poèmes aujourd’hui c’est parce que si le Mali peut accueillir cette 13e édition de la Rencontre de la Photographie Africaine à partir d’aujourd’hui malgré une longue période de COVID, et un long embargo sur le peuple malien, ça veut dire que le vent souffle. Un souffle de génération/ Un souffle de sagesse/ Un souffle de paix », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que « si le Mali peut aujourd’hui accueillir cette biennale malgré les nombreux aléas, malgré les pronostics pessimistes et les doutes, c’est que le Mali s’élève, que l’Afrique s’élève, que le monde africain s’élève, et surtout que les arts et la culture de et par nos peuples du monde entier s’élève ».

Qu’à cela ne tienne, il dira que « Malgré les nombreux hasards », en sa qualité de directeur artistique de la 13e édition de la Biennale de Bamako intitulée << Maa ka Maaya ka caa yere kono >> ou << Les personnes de la personne sont multiples dans la personne >>, un thème qui porte sur la multiplicité, la différence, le devenir et le patrimoine, « Je vous apporte la nouvelle qu’aujourd’hui et pour les 2 prochains mois, alors que 2022 donne naissance à 2023, nous allons, avec nos sœurs et frères de tout le continent africain et du monde africain, célébrer ce souffle de génération, nous célébrerons la montée, nous célébrerons notre multiplicité, nos différences, notre devenir et notre héritage - philosophique, immatériel, matériel et autre ».

Le Directeur artistique a annoncé que la 13e édition est partie pour « nier le mythe de l’identité unique, de l’épistémè unique, du récit unique, le mythe de la monoculture ou de l’universalisme, et à la place défendre une pluralité de savoirs, une pluralité d’êtres, des spiritualités et le pluriversalisme ». Il a ajouté qu’il n’y a pas meilleur moyen de le faire que par la culture. « Chacun des 75 artistes de cette 13e édition des Rencontres de Bamako apporte avec lui un regard distinct sur le monde d’un point de vue très particulier », a-t-il déclaré.

Forte plaidoirie pour arts et la culture

Sûrement désabusé. Il a profité de l’occasion pour faire une plaidoirie pour les arts et la culture. Selon lui, seuls « les arts et la culture, plus que toute autre chose, peuvent permettre une telle vision kaléidoscopique du monde, à une époque où le reste du monde choisit d’avoir une vision tunnel, étroite et nombriliste du monde ».

Il a estimé que le langage, comme l’art, est le prisme à travers lequel nous percevons et comprenons le monde. Et comme un prisme décompose la lumière blanche en au moins sept couleurs, le langage divise également notre perspective du monde en plusieurs parties de perspectives. Et, pour cela, il a invité les uns et les autres à s’accorder le privilège de percevoir le monde à travers le prisme du bambara. Et, à épouser la prononciation du thème en bambara : « Maa ka maaya ka ca a yéré kono ».

Cette précision faite, il a mis un accent sur le processus de préparation de cette biennale. Selon lui, au cours des deux dernières années, cela n’a pas été facile. « Cela a été un processus de promesses non tenues, de déceptions, de désespoir », a-t-il dénoncé. Avant de soutenir qu’ « il est vrai qu’au cours des deux dernières années, nous avons dû redéfinir nos priorités, penser à nourrir nos familles, penser aux soins de santé de la société, penser à la sécurité, penser à notre économie et au bien-être de notre peuple. Mais alors que nous établissons ces listes de priorités, nous devons comprendre que les arts et la culture ne viennent pas après que nous ayons fait tout le reste ». Il l’a dit à haute et intelligible voix : « les arts et la culture sont plutôt la quintessence et une partie importante pour garantir notre santé, notre économie, notre sécurité et notre politique et bien-être social ».

A travers une série de questions, il a interpellé les décideurs du Mali, de l’Afrique et du monde. Comment pouvons-nous imaginer les arts et la culture comme le catalyseur qui peut nous sortir du confort de la médiocrité ? Comment imaginer les arts et la culture comme la clé pour sortir de notre corset d’inertie très serré ? Comment imaginer les arts et la culture comme l’élan dont nous avons besoin pour nous réveiller de la longue nuit de paralysie ? Peut-on jamais être indépendant sans une base artistique et culturelle forte ? Et, comme il pense que la réponse à cette dernière question est non, il a estimé que : « Nous devons donc donner à nos arts et à notre culture les valeurs qu’ils méritent ». Et, à propos de Kouroukan Fouga, selon lui, qui a été si élégamment et magnifiquement exposé au monde par le Premier ministre et le ministre des affaires étrangères du Mali, il a estimé que ce « n’est pas seulement une charte politique ou juridique, mais c’est avant tout un fil culturel qui célèbre la multiplicité et les différences et tisse ensemble nos nombreuses fractions de l’humanité ».

En sa qualité de Délégué général, Check Diallo, a souhaité que toutes les dispositions et les moyens soient pris, pour faire en sorte que la photographie africaine qui parle depuis plus de 20 ans au Monde à partir de Bamako, puisse parler à son peuple. Il a rappelé que l’organisation de cet évènement cette année n’était pas gagnée d’avance. Mais, qu’à cela ne tienne, il a félicité tous ceux qui se sont investis pour que l’édition se tienne.

Tout comme Mme Traoré Rachelle, représentante de la Coopération Suisse au Mali, Bart Ouvry, Ambassadeur de l’Union Européenne, s’est réjoui de la tenue de cet évènement important qui se tient depuis 28 ans, afin de montrer au monde entier, bien au-delà des clichés, la richesse et la diversité de la création et la photographie africaine. Il a salué l’engagement des organisateurs relevé le défi de l’organisation.

Une édition aux allures spéciales

« C’est une édition aux allures spéciales, tant son organisation dans un contexte sanitaire insaisissable, a été émaillée de péripéties et d’incertitudes », a déclaré dès l’entame de ses propos, le Ministre en charge de la culture. Selon lui, il a été donné à certains de penser et peut-être, d’espérer que cette 13e édition des Rencontres de Bamako ne se tiendra pas. « Eh bien, elle est là. C’était donc, sans compter sur la détermination des hautes autorités de la Transition de relever le défi, pour l’honneur des maliens, pour le bonheur des artistes et pour l’essor de l’art contemporain de la photographie sur le continent », a-t-il déclaré. Il a ajouté que le Gouvernement du Mali a une pleine conscience de la portée d’un tel événement pour la structuration d’une véritable industrie de l’art et de la photographie sur le Continent africain. « Les Rencontres de Bamako s’honorent donc de l’engagement souverain du Gouvernement malien pour que cet événement tienne son rang parmi les plus grands rendez-vous culturels du continent », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que la vision du Gouvernement du Mali, c’est aussi faire de la Biennale de la Photographie, le lieu par excellence de la rencontre de tous les arts. « Cette pluridisciplinarité engage la Délégation générale ainsi que l’ensemble des organisateurs à créer de l’intérêt auprès des peuples du Mali et d’Afrique », a-t-il instruit.

Pour le ministre de la culture, la Biennale ne doit plus être seulement l’espace bi-annuel autocentré des professionnels de la photographie, il doit être un espace de création des vocations auprès des plus jeunes, de découverte de cet art par les novices ou encore lieu passerelle entre la photographie, la musique, le cinéma, la peinture, la littérature. « La Biennale africaine de la Photographie se doit d’être populaire et c’est le challenge adressé à la délégation générale, qui dans sa programmation, a réussi avec brio à faire sortir notre évènement de ses sentiers battus », a-t-il déclaré.

Il a exprimé la gratitude du Mali à tous les partenaires, qui dans le respect de la souveraineté de l’Etat malien, de ses choix stratégiques et de l’intérêt supérieur de son peuple, ont bien voulu accompagner le Gouvernement dans la tenue de cette 13e édition. « Telle la photographie fige le temps pour conter un temps à un autre temps, la Biennale fige les considérations politiques et géopolitiques pour unir les peuples d’Afrique et du monde », a-t-il déclaré. A ce titre, il a salué la diplomatie culturelle qui a réussi le tour de force de faire collaborer l’Union Européenne, les Etats-Unis, la Suisse, le Royaume du Maroc et tant d’autres pays autour de cette Biennale. « Je ne voudrais pas oublier le partenaire historique de cette Biennale africaine de la Photographie, l’Institut français qui est resté fidèle à ses engagements. A tous ces partenaires, je voudrais dire un grand merci », a-t-il ajouté.

Il a invité les artistes à se saisir de ce moment pour explorer les champs de la multiplicité de l’être, de la processualité, du devenir, de l’héritage et de la différence unificatrice.

L’événement se déroule sur deux mois, du 8 décembre au 8 février 2022. Plusieurs sites répartis à travers la ville de Bamako abritent les expositions permanentes. Il s’agit du Musée national du Mali, du Musée de Bamako, de la Maison africaine de la photographie, du Lycée Ba Aminata Diallo, l’IFM de Bamako.

Assane koné


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