Dans le cadre de << 2025, année de la culture au Mali>>, l’éminent plasticien malien Abdoulaye Konaté, parrain du mois d’avril, le 15 avril 2025, au Conservatoire des arts et métiers multimédia Balla Fasseke Kouyaté, a animé une conférence débat sur le thème : La création artistique et la société.

Devant de nombreux enseignants et étudiants du Conservatoire et de l’Institut national des arts du Mali, Abdoulaye Konaté a indiqué qu’il a proposé ce thème parce qu’il croit que la problématique constitue un problème fondamental dans nos pays. << Nos programmes de formation sont calqués sur le modèle de l’occident, au détriment de notre culture>>, a-t-il déclaré. Avant de soutenir que le temps est arrivé pour que la formation dans nos institutions de formation, se base sur notre culture qui nous permet d’être différent des autres.

Cette précision faite, il dira que la création est une sorte de réflexion pour aboutir à quelque chose d’original. Selon lui pour réussir une création artistique, il faut connaître le passé riche de nos sociétés locales et internationales. << Il faut maîtriser la technique et il
faut penser à comment rendre se produit d’une manière esthétique>>, a-t-il précisé.

Abdoulaye Konaté a invité les étudiants à intégrer ces trois éléments, qui vont les aider dans leur processus de création artistique. Mais, il a estimé que pour être un artiste, il faut aussi de l’inspiration et de l’intuition.

Cette précision faite, il fera la
Difference entre la création artistique et la création d’objets utilitaires. Selon lui, la création artistique vise le cerveau humain. << Comment rendre la personne humaine unique>>a-t-il estimé.

Partant de ce constat, il dira les artistes ont l’obligation de rendre, par leur création , la société viable. << Aucun artiste n’a pour mission de créer les conditions de conflits dans une société>>, a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que l’artiste a pour mission de créer la cohésion sociale, pour que les populations vivent ensemble et en harmonie. Abdoulaye Konaté est convaincu qu’il y a des créations qui pose souvent des problèmes. << Mais, les artistes par leurs créations doivent éviter de créer des problèmes entre les populations>>, a-t-il précisé.

Après cette introduction liminaire, Abdoulaye Konaté s’est soumis aux questions des élèves, des étudiants et de certains enseignants.

<< Ici, en Afrique, on a existé en tant que société. Et, nous avons des valeurs culturelles que l’Occident et l’islam n’ont pas pu démonter. Et ce substrat de nos valeurs culturelles doit nous aider dans nos créations>>, a-t-il déclaré.

A la réponse à une question, Abdoulaye Konaté a clairement indiqué qu’aucun africain, ne pourra percer le marché occidental avec la culture de l’occident. << Il va falloir se creuser les méninges pour proposer quelque chose de particulier et seule notre culture peut nous aider à cela>>, a-t-il conseillé aux étudiants.

Ensuite, il les a invité à ne pas avoir peur. << N’ayez pas honte de votre culture. Toutes les cultures se valent. Il n’y a Pas de culture inférieure et de culture supérieure>>, a-t-il conseillé.

Pour ce qui est du marché de l’art, il a indiqué que le marché, ça se crée et est animé par des professionnels et des spécialistes. Malheureusement, il dira que l’Afrique n’as pas encore ces spécialistes. Il a aussi proposé de former des consommateurs

Pour que les jeunes comprennent que le succès de est au bout de l’effort, Abdoulaye Konaté dira que dans les années 80, il a eu à faire des expositions où des œuvres étaient vendue à 15000 FCFA. << Lors de nos premières expositions, les maliens se comptaient sur le bout des doigts. Mais, aujourd’hui les maliens sont plus nombreux>>, s’est-il réjouit.

Tout compte fait, il a rassuré les étudiants que l’art est une arme redoutable qui peut changer la société. Mais, il a attiré leur attention sur le fait leur art ne doit jamais créer des conflits dans la société. Aussi, il les a invité à revenir à nos sociétés pour s’inspirer pour aller à la conquête du monde.

Tellement convaincu de cela, il dira qu’il est indispensable de faire intervenir nos tradionnalistes sans diplôme dans la formation de nos apprenants dans nos instituts de formation.

Sur la question du financement de la culture et de l’art, il dira que le financement de l’art et la culture est un combat permanent. Selon lui, c’est pour cette raison qu’ils ont créé le fonds africain pour soutenir nos états. << Dans tous les pays que nous connaissons, le ministère de la culture est le parent pauvre du budget>>, a-t-il résumé. Et, pour dire aux étudiants en art qu’ils sont de véritables privilégier, il dira que leur maîtrise technique et conceptuelle va les aider à ne pas travailler comme salarié. Et, selon lui, cela les mettra à l’abri du chômage.

Assane Koné