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Patrimoine culturel : Le Mali a 6 nouveaux Trésors humains vivants
samedi 7 janvier 2023, par
Choguel K. Maïga, Premier Ministre du Gouvernement de la Transition du Mali, a présidé le 5 janvier 2023, au Mémorial Modibo Kéïta, la cérémonie de proclamation de 6 nouveaux Trésors humains vivants.
Le Mali a 6 nouveaux Trésors humains vivants (THV) depuis le 4 janvier 2023. Par décret n°2023-0001/PT-RM du 4 janvier 2023, le Colonel Assimi Goïta, Président de la Transition, Chef de l’Etat, a proclamé 6 Trésors humains vivants. Ce sont : Mouhamedou Ould Cheikh Hamahoullah HAIDARA dit Bouyé, autorité morale, médiateur social, Nioro du Sahel ; Lassana Sidy MOULEÏKAFOU, tradithérapeute, Bamako ; Anna KODIO, tradithérapeute, Commune rurale de Barapireli, Koro ; Mamadou Babou NIANG, tradithérapeute, Magicien, Bamako ; Cheick Malifalifou Yiriba DIARRA, tradithérapeute, Historien-traditionniste du Manden, Kati ; et DIAKITE Hadja Youma Aïssata KEBE, Médiatrice socioculturelle, Bamako.
Ces 6 Trésors humains vivants retenus pour la reconnaissance et la proclamation, ont été sélectionnés dans trois domaines spécifiques que sont : la médiation sociale et culturelle, de la magie et de la médecine traditionnelle. Et, ont été proclamés sur la base de critères comme : la valeur de témoignage du génie créateur humain ; l’enracinement dans les traditions culturelles et sociales ; le caractère représentatif pour une communauté ou un groupe donné ; le risque de le voir disparaître ; l’excellence dans l’application des connaissances et savoir‐faire montrés ; l’engagement de l’individu ou du groupe ; l’aptitude à continuer à développer ses connaissances et ses savoir‐faire ; l’aptitude à les transmettre à ceux qui sont formés.
« La rencontre de ce matin est la marque d’attention de Son Excellence le Colonel Assimi GOÏTA, Président de la Transition, à l’endroit de la communauté des acteurs culturels et des artisans du Mali à laquelle il est très attaché et à laquelle il accorde la plus grande attention », a indiqué Andogoly Guindo, Ministre en charge de la culture. Il a rappelé que le 28 décembre 2022, fut adopté le projet de décret portant création de la Médaille du Mérite des Arts et de la Culture suivi une semaine plus tard, le 4 janvier 2023, de l’adoption du décret portant proclamation des Trésors Humains Vivants.
Selon lui, cette cérémonie traduit la vision du Colonel Assimi Goïta. Et, il l’a cité : « il ne peut y avoir de développement harmonieux et durable sans la prise en compte des valeurs culturelles fondatrices de notre société ». Avant d’ajouter que le Mali ne renaîtra de ses cendres que lorsque les Maliens retourneront aux sources, aux valeurs ancestrales comme le Maaya, le danbè.
S’adressant aux Trésors humains vivants, il dira qu’ « en fonction de vos milieux et de vos interactions avec la nature, vous procurez aux communautés un sentiment de fierté et de continuité culturelle, contribuant ainsi à promouvoir le respect de la diversité culturelle et de la créativité humaine ». Il a ajouté : « par vos activités au quotidien, vous éteignez les flammes des conflits ; vous contribuez à la promotion de la culture de la paix, de la cohésion sociale et du vivre-ensemble ; vous adoucissez les multiples souffrances des patients ; vous positivez le comportement des millions de personnes ; vous redonnez espoir et vie aux personnes en détresse. Quelle tâche noble et exaltante ».
Pour tout cela, il dira que la cérémonie de proclamation est le témoignage d’un geste de reconnaissance, la marque d’attention à l’endroit de personnes qui rendent au Mali sa fierté, sa dignité et son honneur malgré la conjoncture difficile. « Cette Cérémonie de proclamation au titre de Trésor Humain Vivant du Mali n’est point la fin d’un processus. Elle est le couronnement de vos multiples efforts consentis au prix d’énormes sacrifices avec honneur et dignité au bénéfice des populations et de la Nation », a-t-il déclaré. Avant d’estimer que les connaissances, savoirs et savoir-faire des Trésors humains vivants n’auront de valeurs que s’ils seront transmis de génération en génération. « Nous vous considérons donc comme acteurs stratégiques de transmission du savoir, car vous participez activement au plus haut point à la préservation et à la valorisation des valeurs sociétales incarnées par le riche et diversifié patrimoine culturel de votre communauté », a-t-il indiqué.
Rappelons que c’est dans le cadre de la conservation et de la gestion des héritages culturels, notamment la sauvegarde et la promotion des éléments du patrimoine culturel immatériel, le Mali a ratifié la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, adoptée à Paris le 17 octobre 2003 par la 32e session de la Conférence Générale de l’UNESCO, le 03 juin 2005. Aux termes de l’article 2 de cette Convention, on entend par « patrimoine culturel immatériel » les pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire - ainsi que les instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui leur sont associés - que les communautés, les groupes et, le cas échéant, les individus reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel. « Ce patrimoine culturel immatériel, transmis de génération en génération, est recréé en permanence par les communautés et groupes en fonction de leur milieu, de leur interaction avec la nature et de leur histoire, et leur procure un sentiment d’identité et de continuité, tandis que sa sauvegarde est un garant de créativité », nous a indiqué Moulaye Coulibaly, Directeur national du patrimoine culturel. Selon lui une bonne part des connaissances et des savoir‐faire risque de disparaître en raison de la diminution du nombre de détenteurs et du désintérêt grandissant des jeunes. Selon lui, pour sauvegarder le patrimoine culturel immatériel, une des mesures préliminaires importantes à prendre consiste à veiller à ce que ceux qui l’incarnent, continuent de développer leurs connaissances et leurs savoir‐faire et les transmettre aux générations futures.
Et, c’est dans cette perspective, que le Ministère en charge de la culture à décider d’identifier les détenteurs du patrimoine culturel immatériel et les reconnaitre par une distinction officielle en vue de les inciter à continuer à développer et à transmettre leurs connaissances et savoir‐faire. Mieux, le Ministère en charge de la Culture a mis en place le système national de Trésors humains vivants (THV) au Mali par Décision N° 000089/MC-SG du 27 mars 2008 portant création de la Commission nationale de sélection et de proclamation des Trésors humains vivants.
Selon Moulaye Coulibaly, « les Trésors Humains Vivants sont des personnes qui détiennent à un très haut niveau, des connaissances et compétences nécessaires à l’exécution ou à la création de certains aspects du patrimoine culturel immatériel reconnus comme témoignages de leurs pratiques et traditions culturelles vivantes ». Au Mali, les compétences des Trésors Humains Vivants se manifestent notamment dans les domaines comme l’artisanat ; l’architecture de terre, la pharmacopée et médecine traditionnelle, la traumatologie, la chronique d’histoire et de généalogie, les sciences cynégétiques, la magie, la géomancie, la métallurgie, les religions africaines, la médiation sociale et culturelle, etc. « À travers ce système, il s’agit de reconnaître, de sauvegarder et de célébrer le mérite des personnes qui incarnent les compétences et les techniques indispensables à la production et la continuité culturelle d’une communauté », a ajouté Moulaye Coulibaly.
Avec ces 6 nouveaux Trésors humains vivants, il faut dire que la liste malienne des Trésors humains vivants compte désormais 17 personnalités de hauts rangs, 2 familles (Hamane Hou et Koba de Tombouctou) et Une association : le Barey ton de Djenné.
La première proclamation des Trésors Humains Vivants au Mali, du 14 mai 2008, avait consacré : la consécration de maîtres d’art dans les domaines de l’architecture de terre (les familles Hamane Hou et Koba Hou de Tombouctou et le Barey ton de Djenné, corporations des maçons célèbres pour leurs savoirs et savoir-faire dans le domaine de l’architecture de terre) et de la musique (Mariam Bagayoko, panégyriste spécialiste du Nkusunbala) ; la reconnaissance des savoir-faire en matière de traumatologie dans le domaine de la médecine traditionnelle (Oumou Koné et Békaye Niaré, traumatologues) ; la reconnaissance de la pensée africaine (Mahamoud dit Karamoko Bamba, Philosophe-conservateur, Maître du Nko) ; la reconnaissance de la métallurgie traditionnelle, bien en recul, mais encore transmise de génération en génération à l’occasion de démonstrations (Kondji Konaté, Maître-forgeron).
La deuxième proclamation des Trésors Humains Vivants au Mali, qui date du 18 avril 2019, a concerné des personnalités comme Aminata KOUMARE, Potière, Présidente de la Coopérative « Kotognontala » des femmes de Kalabougou, Commune rurale de Farako, Cercle de Ségou ; Asmane TRAORE à Djenné, brodeur traditionnel à la main ; Bocar Alpha CISSE à Tombouctou, brodeur traditionnel à la main ; Adama dit Gossi NIAKATE à Bamako, Maître-chasseur ; Cheickh Sidaty KANTE dit Alzadar à Bamako, Maître-Géomancien, Guérisseur.
Assane Koné
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