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Master en Management Culturel de l’Institut Korè des Arts et Métiers : La conférence inaugurale explore le lien entre le patrimoine, les industries culturelles et le tourisme

lundi 4 octobre 2021, par Assane Koné

« Patrimoine, Industries culturelles et Tourisme » est le thème inscrit au centre de la conférence inaugurale du Master en Management Culturel de l’Institut Korè des Arts et Métiers de Ségou. Cette conférence a eu lieu le samedi 11 septembre 2021. Elle a enregistré la participation de la première cohorte d’auditeurs du master en management culturel et une bonne participation du corps enseignants.

Cette conférence inaugurale a été animée par Dr Salia Mallé, ancien Directeur adjoint du Musée national du Mali, Abdoulaye Konaté, célèbre artiste plasticien malien et ancien Directeur du Conservatoire Balla Fasséké, et Cheick Oumar Sissoko, cinéaste et ancien ministre de la culture du Mali. Le débat a été modéré par le Pr Wane, de l’Université Cheick Anta Diop de Dakar et Directeur Pédagogique de l’Institut Kôrè de Ségou.

« Nous sommes heureux ce matin de recevoir des sommités maliennes pour nous entretenir sur le thème ‘’ Patrimoine, Industries culturelles et Tourisme’’, dans le cadre de la conférence inaugurale du Master en Management Culturel de l’Institut Korè des Arts et Métiers de Ségou », a indiqué Mamou Daffé, membre du comité scientifique du Master…... en guise de propos introductifs.

Pour sa part, en qualité de modérateur du panel, Pr Wane a rappelé que cette conférence inaugurale permet de réunir les auditeurs du master, les enseignants et des acteurs culturels maliens. Il a ajouté que l’objectif recherché est de former des entrepreneurs culturels dans le moule africain.

Pour introduire le débat, il dira que le patrimoine pourrait être considéré comme ce qui est de chez nous. Pour cela, il dira que le patrimoine nourrit les industries culturelles, qui à leur tour, animent l’offre touristique.

« Qu’est-ce qui n’est pas patrimoine ? Et, qu’est-ce qui l’est ? », s’est interrogé d’entrée de jeu, Dr Salia Mallé, qui pense que la traduction du mot patrimoine dans nos langues, va nous permettre d’avancer dans sa compréhension.

Il dira, le concept de patrimoine se traduit en bamanakan par le mot « TCHIEN », qui veut dire héritage. Mais, qui pourrait aussi dire « la Vérité » et en même temps qui traduit l’idée de ce qui est « gâté ». Et, d’ajouter que c’est en fusionnant ces différents concepts qu’on arrive à une compréhension du mot patrimoine.

Selon Dr Salia Mallé, le « FA-TCHIEN » est tout ce que le père laisse en héritage à ses ayants droits. Ce sont : les biens familiaux et les biens communautaires. « Mais, entendez par-là que c’est tout ce que le père a pu emmagasiner pendant son passage sur terre. Tout ce dont il s’est approprié, est le patrimoine qu’il laisse à ses enfants », a-t-il indiqué.

Dr Salia Mallé a ajouté que très souvent le patrimoine immatériel est transmis du vivant du père à qui il a confiance. Et, c’est le patrimoine matériel qui est transmis aux ayants droits. « Mais, la notion de gâté qui est contenue dans la mort qui détruit le corps du père est un préambule à la destruction de ce qu’il a laissé sur terre », a déclaré Dr Salia Mallé. Avant d’ajouter que cela est traduit par le concept bamanakan de « Fa-Tchien yé doun kô kéé léyé » ou « l’héritage du père se mange qu’une seule fois ».

En ce qui concerne la notion de « vérité » contenue dans le concept « tchien », Dr Salia Mallé attirera l’attention de son auditoire sur le fait que le corps du père mort, disparaît et n’y a d’autres preuves que ce qu’il a laissé sur terre lors de son passage. De là, il dira que le « tchien », comme pratique divinatoire, est une vérité dans l’entendement du bambara. Et, pour preuve, il dira que « le Tchien ne ment pas, c’est le praticien qui ment ». Et, au regard de tout ce qui précède, Dr Salia Mallé dira « le patrimoine est tout ce qui a été laissé par les ancêtres ».

La nécessité d’avoir des galeries de qualités pour la commercialisation des œuvres d’art sur le continent

En somme, le modérateur, avant de donner la parole à Dr Abdoulaye Konaté, dira que Dr Salia Malé nous a rappelé que lorsqu’on veut convoquer le patrimoine, il faille d’abord convoquer nos langues. Et, de ce fait, il dira que le patrimoine est une question de souveraineté. « La décision de patrimonialisation de tel ou de tel autre bien relève de la communauté », a-t-il déclaré.

Partant du principe que le Master en Management Culturel de l’Institut Korè des Arts et Métiers de Ségou, vise la formation de gestionnaire, dont sera seront appelés à donner vie à nos espaces culturels, Dr Abdoulaye Konaté a focalisé son intervention sur la galerie, qui est pour lui, un espace commerciale. « La galerie est un espace d’exposition et de vente des œuvres d’art », a-t-il déclaré d’entrée de jeu. Et, pour la gestion d’un tel espace, Dr Abdoulaye Konaté a conseillé aux auditeurs du Master de chercher à connaître l’histoire de l’art, les tendances et les techniques de gestions. « Pour faire une galerie, il faut avoir un fonds », a-t-il indiqué.

Basant son intervention sur son vécu, il dira que sa 1re expérience avec une galerie a été une catastrophe. « Le contrat qui me liait à cette galerie avait prévu 49% de la vente pour elle et 51% pour moi. Par exemple si une œuvre de 100 000 FCFA était vendue, j’avais droit à 51% des 100 000 FCFA. Mais, je me suis rendu compte que la galerie vendait l’œuvre à 300 000 FCFA et ne me remettait que les 51% des 100 000 FCFA », a-t-il déclaré, pour mettre l’accent sur le fait que certaines galeries ne sont pas correctes avec les artistes. « Quand on décidé d’ouvrir une galerie, on doit prendre la décision d’être honnête avec les artistes », a-t-il conseillé. Avant d’ajouter que c’est cette mauvaise expérience de sa 1re galerie à Abidjan qui l’a obligé pendant 10 à 15 ans, à vouloir tout faire lui-même.

Mais, dieu faisant bien les choses, Dr Abdoulaye Konaté dira qu’il a reçu 7 galeries et toutes souhaitaient travailler avec lui. « Mais, j’ai été impressionné par une galerie italienne qui connaissait bien mes œuvres et qui suivait mon travail depuis de longues années », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter qu’il a refusé de signer l’exclusivité. Même Dr Abdoulaye Konaté continue de travailler avec cette galerie italienne, il a révélé qu’il collabore aujourd’hui avec 4 galeries et toutes, il a refusé l’exclusivité.

« On a aujourd’hui besoin d’espace de vente de nos œuvres d’art en Afrique. Cela rapporte quand même 50% du prix de l’œuvre », a-t-il fait remarquer.

« Tant que vous n’allez pas aller au bout de l’effort, vous n’arriverez à rien »

« Avec l’ouverture de cet Institut, nous sommes sur le terrain de la connaissance qu’il doit pouvoir donner aux jeunes », a indiqué Cheick Oumar Sissoko. Avant de s’interroger sur comment nous en sommes arrivés aujourd’hui à la création de cet Institut de formation ?

Et, pour répondre à cette question, il a mis l’accent sur l’effort que chacun doit fournir pour l’atteinte des objectifs. « Tant que vous n’allez pas aller au bout de l’effort, vous n’arriverez à rien », a-t-il déclaré.

Il a rappelé aux uns et aux autres que l’Institut Korè des Arts et Métiers de Ségou est le fruit de la vision d’un homme : Mamou Daffé. Selon Cheick Oumar Sissoko, cet Institut est parti de l’idée d’une offre d’hébergement à Ségou : le Motel Savane. Il dira que de là, est né le Festival sur le Niger. « Il y a eu tellement de Festivals qui se sont cassés la gueule au Mali. Mais celui de Ségou a traversé le temps », a-t-il déclaré.

Cheick Oumar Sissoko a volontairement fait ces rappels pour que les auditeurs comprennent que l’effort et la vision doivent rimer pour qu’une industrie culturelle tienne sur les deux pieds. Pour preuve, il dira qu’à Ségou, l’effort et la vision se sont donnés la main pour la création de la Fondation du Festival sur le Niger, avec de nombreuses initiatives, dont la création d’un réseau des opérateurs culturels : le Réseau Kya. Et, d’ajouter que ce réseau s’est rapidement doté d’un Fonds : le Fonds Maaya qui aide au fil des ans les entrepreneurs culturels et les artistes pour leur épanouissement.

Selon Cheick Oumar Sissoko, c’est la même vision qui a guidé à la création du Centre culturel Kôrè de Ségou, lieu de formation et de diffusion. « Ségou’Art est venu et de plus en plus les artistes sont reconnus et immortalisés », a-t-il déclaré. Sans oublier l’effort qui a été fait pour faire Ségou, la capitale de la culture, d’où partira des initiatives fortes pour embrasser l’Afrique de l’ouest et tout le continent. Il a aussi salué l’idée du Fonds africain pour la culture, qui est à mettre au compte des grandes réflexions parties de Ségou.

« Cet Institut se propose de former ceux qui vont encadrer la professionnalisation des différentes filières du secteur de la culture, de l’Artisanat et du Tourisme », s’est-t-il félicité. Avant de soutenir que sans la structuration de l’économie de la culture, on va produire des œuvres qui n’iront pas sur le marché. « Le patrimoine de l’Afrique est immense et il faut le faire partager aux africains et à l’humanité », a-t-il conseillé.

Biens formés dans tous les domaines, et notamment dans le domaine culturel, la jeunesse africaine va faire découvrir l’Afrique et le faire respecter. Mais, à la seule condition qu’on se réveille vite. En effet, le monde ne nous attend pas. Et, notre patrimoine risque d’être labellisé à notre insu.

Mamou Daffé est de ceux qui sont plus que convaincus qu’il faille tout faire pour que notre patrimoine nourrisse nos industries culturelles, pour donner une âme à notre offre touristique. Mais, pour cela, il va falloir nécessairement suivre les conseils de Mamadou Ndiaye qui nous invite à rapidement changer de paradigmes pour tirer profit de notre patrimoine. « Il faut l’intelligence culturelle. Un master professionnel est un mater de solution aux besoins que nous avons identifiés », a conclu Mamadou N’diaye.

Et, à la lumière de la qualité des débats et des différents intervenants, l’on peut sans se tromper dire que le Master en Management Culturel de l’Institut Korè des Arts et Métiers de Ségou, donnera un très bon cru.

Assane Koné


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