Sous la présidence de Mamou Daffé, ministre de l’artisanat, de la culture, de l’ industrie hôtelière et du tourisme, ICOM-MALI, a célébré le jeudi 29 mai 2025, à la Faculté d’Histoire et de géographie, Journée internationale des Musées (JIM), par une Conférence-débat sur le thème : << l’avenir des musées au sein des communautés en constante évolution >>.

Sous la modération de Fallo Baba Keita, conservateur/restaurateur/muséologue, spécialiste en patrimoine culturel, ancien Directeur de l’Ecole du patrimoine africain, D^r Samuel Sidibé, muséologue ; archéologue ; Directeur du Parc National du Mali ; ancien Directeur général du Musée national du Mali ; président d’honneur de ICOM-MALI et Modibo Bagayogo, spécialiste en patrimoine et en gestion de projets à l’UNESCO Mali, se sont succédés pour entretenir l’auditoire, essentiellement constitué d’étudiants, sur le thème : << l’avenir des musées au sein des communautés en constante évolution >>.

Mais, avant dans son mot de bienvenue M. Bouaré , vice doyen de la Faculté d’Histoire géographie, a remercié et félicité l’ICOM-Mali pour le choix porté sur sa faculté pour abriter cette belle initiative, qui participe de la promotion de la culture fait de l’homme un humain.

D^r Daouda Keita, Directeur général du Musée national du Mali, en sa qualité de président de ICOM-MALI, par visioconférence, a rappelé que la journée internationale des musées est célébrée le 18 mai de chaque année, pour sensibiliser sur l’importance du patrimoine, sa préservation/protection et sa promotion.

Après avoir indiqué que la Faculté d’Histoire et géographie a été choisie pour une très bonne participation des futurs animateurs du patrimoine, afin de mieux les sensibiliser, D^r Daouda Keita a rappelé l’importance du thème de cette année, qui est d’actualité, selon lui. << Nous avons besoin de musées au service des communautés>>, a-t-il déclaré, avant d’inviter les étudiants à une bonne participation.

Mamadou Cissé, conseiller technique du ministre en charge de la culture, en sa qualité de représentant du ministre, a rappelé que depuis 1977, soit plus de 45 ans, chaque année, le 18 mai, le Conseil international des musées (ICOM) organise la Journée Internationale des Musées (JIM), un événement mondial qui met en lumière le rôle transformateur des musées au sein de nos sociétés.

Il a estimé que le thème << l’avenir des musées au sein des communautés en constance évolution >>, offre l’occasion de débattre et proposer des solutions sur la manière dont les musées peuvent naviguer et contribuer dans un monde en profonde mutation sociale, technologique et environnementale.

<< Les musées sont, non seulement des espaces de préservation et de valorisation des biens culturels matériels et immatériels, mais aussi participent activement à la création de communautés durables et inclusives>>, a-t-il déclaré. Avant de rappeler que le thème de cette année s’aligne sur trois objectifs de développement durable (ODD). L’ ODD 8 indique que les musées soutiennent les économies locales en créant des opportunités d’emploi et proposant des programmes éducatifs qui autonomisent les communautés. Pour ce qui concerne l’ODD 9, il encourage la créativité et en adoptant les avancées technologiques, les musées stimulent l’innovation et améliorent l’accessibilité. Enfin, l’ ODD 11 dit que les musées contribuent au développement urbain durable en agissant comme des pôles culturels qui favorisent l’inclusion, la résilience et la préservation du patrimoine.

<< Cette Journée Internationale des musées est une occasion opportune pour lancer un appel solennel aux institutions culturelles, aux acteurs culturels et aux populations, notamment les jeunes qui représentent l’espoir et l’avenir de nos pays, à proposer des initiatives culturelles et numériques innovantes ou à conduire des campagnes de proximité pour mettre en avant le rôle essentiel des musées dans un monde en pleine mutation>>, a-t-il indiqué.

Selon lui, les communautés locales, particulièrement les jeunes qui constituent la frange majoritaire de la population peuvent jouer un rôle stratégique majeur dans la protection et la sécurisation de nos sites et des biens culturels, car constituant un rempart efficace contre les périls qui menacent notre patrimoine culturel. A titre d’exemple, il a rappelé la protection des manuscrits anciens de Tombouctou, des collections du Musée du Sahel de Gao et du Tombeau des Askia à Gao en 2012, face aux groupes armés terroristes qui menaçaient de détruire ces biens culturels.

<< Le Mali connu pour la richesse et la diversité de ses ressources culturelles et naturelles ne peut rester en marge de cette édition 2025 de la Journée Internationale des Musées qui se tient à un moment, où notre pays s’attèle à juguler les conséquences dramatiques de la crise de 2012 sur les biens du patrimoine culturel>>, a-t-il déclaré. Pour lui, cette Journée internationale des musées offre l’occasion d’informer et de sensibiliser les populations sur nos immenses ressources patrimoniales culturelles et naturelles, les défis de conservation et de gestion auxquels elles font face et les mesures nécessaires pour assurer leur durabilité.

Dans son exposé sur le thème, D^r Samuel Sidibé a rappelé le rôle de l’ICOM. Selon lui, a pour mission principale l’élaboration des normes de gestion des musées. Mieux, il dira que c’est aussi un forum d’experts qui formule des recommandations sur la gestion des musées. Il a ajouté qu’il fait aussi la promotion du renforcement des capacités des professionnels des musées. << C’est un réseau mondial, avec plus de 57000 membres, dans 129 pays et territoires, avec
120 comités nationaux et 34 comités internationaux, et
8 alliances régionales>>, a indiqué D^r Samuel Sidibé.

Il dira que cette journée a été instituée pour interroger le rôle et la place des musées. Selon lui, le musée est une institution permanente au sein d’une société, mais, il est confronté à des évolutions et à des défis innombrables. << Comment faire pour que les musées jouent leur rôle, sans oublier la gestion de tous les défis auxquels il fait face>>, semble être le dilemme à résoudre.

En attendant, D^r Samuel Sidibé est convaincu que le musée n’est pas seulement un lieu de conservation, mais qu’il est un acteur de changement et de développement.

Il dira que les musées soutiennent la création des opportunités d’emplois. A ce titre, il dira que la question de la créativité est une opportunité ouverte pour les jeunes. << Le numérique offre un potentiel énorme de création >>, a-t-il déclaré.

Il a indiqué que la question de l’intolérance est un défi qui se pose à notre pays. Pour lui, l’essentiel c’est de voir comment le musée peut contribuer à la résolution de ce problème. Il est convaincu que si le musée ne prend pas en compte les préoccupations des communautés, le musée va rester isolé.

Aussi, il dira que le musée doit réfléchir à la transmission du savoir entre les jeunes et les personnes âgées. Mieux, il dira que la question de l’environnement est crucial aujourd’hui. << Qu’est ce que le musée peut faire dans la gestion des problèmes qui se posent à notre environnement>>, s’est-il interrogé. Avant d’indiquer que le musée doit réfléchir pour jouer sa partition dans la gestion des questions environnementales. Il a aussi estimé que le musée doit aujourd’hui s’interroger sur ses rôles dans la gestion des défis de notre époque, notamment les questions environnementales, l’intolérance religieuse , la création d ’emploi... << Si le musée veut avoir un avenir, il va falloir qu’il se transforme pour prendre en compte les grandes préoccupations des communautés>>, a-t-il conclu.

Pour sa part, Modibo Bagayogo a fait un clarification du concept de musée, quand à sa définition, sa typologie, sa fonction, son organisation et son fonctionnement. Il a ensuite mis un accent sur les enjeux des musées au sein de la société, avant de se prononcer sur le type de musée que notre société d’aujourd’hui a besoin.

Cette analyse a permis à Modibo Bagayogo de formuler une conclusion. Selon lui, vue le rôle important des musées, dans un contexte de mutation permanente, il va falloir explorer l’adaptation des musées aux changements sociaux, technologiques et environnementaux. Aussi, il dira de centrer le rôle des musées comme connecteurs essentiels, agent d’innovation et gardien de l’identité culturelle.

Mais, qu’à cela ne tienne, il a suggéré de réfléchir sur la manière dont les musées peuvent s’adapter, évoluer et prendre la tête dans un monde en pleine mutation. Il a souhaité aussi de mettre l’accent sur le patrimoine immatériel, le pouvoir des jeunes et les nouvelles technologies, tout en sensibilisant sur l’importance des musées comme espace de réconciliation, de participation et d’identité commune. Enfin, Modibo Bagayogo a proposé de réaffirmer le rôle des musées comme lieu de dialogue, de compréhension et de paix.

Ensuite, les deux conférenciers ont donné des éléments de réponses aux nombreuses questions que les participants se posaient.

Assane Koné