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FESPACO 2025 : Le Tchad, invité d’honneur de la 29e édition

samedi 1er mars 2025, par Assane Koné

Après le Mali en 2023, C’est le Tchad qui a été choisi comme invité d’honneur de la 29e édition du FESPACO dont le thème est « Cinémas d’Afrique et Identités culturelles ».
Pour le Ministre, le choix porté sur le Tchad pour être l’invité d’honneur de cette 29e édition est une immense fierté pour le Burkina-Faso car, le pays de Toumaï est le berceau de l’humanité et aussi une référence du cinéma en Afrique.

Des figures emblématiques ont marqué le 7e art dans ce pays qui a connu de nombreux soubresauts politiques ponctués d’épisodes sanglants, d’instabilité politique, de cycles de négociations entre les différentes factions politico-militaires qui se disputent le pouvoir depuis plusieurs décennies. Parmi ces pionniers on peut citer Edouard Sailly, Mahamat Saleh Haroun et Issa Serge Coelo.

C’est en 1991 que Mahamat Saleh Haroun réalise son premier court-métrage (Tan Koul). Mais, c’est son second film, (Maral Tanié), réalisé en 1994 qui le fait connaître. Il tourne ensuite (Goï-Goï) en 1995. Il signe son premier long-métrage (Bye-Bye Africa) 1999, puis ensuite (Abouna) en 2002, (Daratt) en 2006 qui remporte l’étalon de bronze yannenga ainsi que le prix de la meilleure image au FESPACO, le documentaire Kalala (2006), (Un homme qui crie) 2010, prix du jury du festival de Cannes, (Gris-Gris) en 2013, le documentaire ( Hissein Habré, une tragédie tchadienne) en 2016, (Une saison en France) en 2017, ( Lingui) 2021, sélectionné en compétition officielle du Festival de Cannes.

Issa Serge Coelo a réalisé une dizaine d’œuvres qui sont des documentaires et des films de fiction. Parallèlement à sa carrière de réalisateur, il a produit plusieurs films de cinéastes africains. Actuellement, une nouvelle génération de réalisateurs tente de prendre le relai comme Adoumbaye Achille Ronaimu qui détient une impressionnante filmographie : (Diya) 2024 en compétition pour l’étalon du Yannenga ; (Sola) 2019, sélectionné au Festival Cinéma d’Afrique de Lausanne ; (Kadbor) 2014, (Mineurs en prison) 2013 ; (Ganoune) 2012 ; (Le Chômeur) 2011. Il y’a également d’autres jeunes réalisateurs ambitieux, appartenant à la nouvelle vague, qui travaillent d’arrache-pied pour porter leur regard à l’écran comme Allamine Kader, Aaron Padacké Zégoubé, Cyril Danina, Djérabé N’Dingar, Carine Kaguereou, Aché Coelo et Bourama Hassan. Si ces jeunes réalisateurs ont le mérite de porter haut le flambeau de leurs illustres prédécesseurs, leurs œuvres souffrent d’énormes faiblesses techniques et esthétiques : scénarios quelque fois tirés par les cheveux, décors pauvres, jeu théâtral des acteurs sans consistance ni rythme, séquences de scènes trop longues, mises en scène sans relief, qualité d’image et de son médiocre, etc. Les sujets abordés portent généralement sur la polygamie, le mariage forcé, la maltraitance des enfants, le tabagisme, les conflits agriculteurs-éleveurs, la protection de la faune et de la flore, la dette de sang…

Depuis quelques années le pays a élaboré une politique cinématographique et audio-visuelle. Cependant, elle n’a pas encore produit ses effets. Les aides publiques pour la mise en place d’une véritable industrie du cinéma sont rares et sont comme une goutte d’eau dans un océan de défis en termes de production, et diffusion et d’exploitation. Le pays se caractérise par une quasi-inexistence de salles (dans les années 1960 on n’en comptait 7) à l’exception de Le Normandie ré-ouvert en 2011 (qui compte 440 places) et l’Institut français de N’Djamena qui dispose d’une salle de projection de 350 places à ciel ouvert et d’un espace alternatif de projection d’une centaine de places.

Selon une étude réalisée par l’UNESCO en 2021, sur l’industrie du Film en Afrique, la pénétration de la télévision reste faible au Tchad, atteignant environ 11 % des foyers en 2019. La plupart des accès continuent d’être fournis par la télévision analogique terrestre, la transition nationale vers la télévision numérique terrestre n’ayant pas encore été finalisée.

La chaîne de télévision publique TV Tchad semble avoir initié récemment une politique de commande de contenus auprès de producteurs indépendants. Les chaînes privées ne sont pas très investies dans la production ou la coproduction de contenus créatifs locaux.

L’étude de l’UNESCO a souligné que le pays comptait également cinq chaînes privées gratuites : Alnassr TV, Electron TV, Tchad 24 TV, Toumaï TV et Sahara TV. Les services de télévision payante sont déployés par les acteurs internationaux ainsi que quelques opérateurs locaux. Le pays comptait 2,86 millions d’usagers Internet en janvier 2021, soit une pénétration de 17,2 % et une croissance de 28 % entre 2020 et 2021. Le pays comptait 8,10 millions d’abonnés à la téléphonie mobile, soit une pénétration de 48,6 % et une croissance de 5,6 % entre 2020 et 2021. Les chiffres de consommation des services de vidéo en ligne ne sont pas disponibles. Les sociétés de production locales existantes sont estimées à une vingtaine par les parties prenantes, dont les deux tiers sont établies à N’Djamena, avec des emplois estimés à une centaine de personnes.

Le segment de la production vidéo (institutionnelle, mariages, clips vidéo) et des documentaires pour les ONG constitue l’activité principale et régulière pour un bon nombre de petites entreprises individuelles. Cette activité permet à beaucoup de jeunes de développer des compétences techniques (image et montage).

Les sociétés de production locales existantes sont estimées à une vingtaine par les parties prenantes, dont les deux tiers sont établies à N’Djamena, avec des emplois estimés à une centaine de personnes

Des efforts de promotion du cinéma ont été fournis par des opérateurs privés à l’exemple de la première édition du Festival tchadien des courts-métrages de N’Djamena (Fetcoum), organisé par la réalisatrice Ache Coelo, tenue en 2018. La manifestation propose des projections de films, des formations à l’écriture et au jeu d’acteur, ainsi que des colloques autour de la production de films en Afrique et de l’autonomisation économique de la femme dans la culture. Le Festival du cinéma et de l’audiovisuel Sao a également tenu deux éditions.

S’agissant de la formation, l’École Polytechnique d’Ingénierie, de Commerce et d’Administration (EPICA) envisage d’intégrer le volet formation cinéma et audiovisuel dans le cadre de son Département des nouvelles techniques de l’information et de la communication. S’agissant du Département des Sciences et Techniques de l’Information de l’Université de N’Djamena, il propose deux cycles de formation en licence et master avec une spécialisation en dernière année de Master en journalisme et étude des médias ou communication, culture et développement. Les autres opportunités de formation sont de courte durée, souvent associées à des événements.

Malgré de nombreux défis, le cinéma tchadien ambitionne de franchir un nouveau cap dans les années à venir. Les autorités du pays l’ont déclaré à la 29e édition du Fespaco 2025. Cet engagement, s’il est mis en œuvre, ouvrira de meilleures perspectives pour le cinéma tchadien qui rêve d’un sacre continental.

Nouhoum Keita


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