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Exposition-vente collective à l’IFM : L’AB1 ouvre sa tanière et montre ses récentes créations plastiques

lundi 11 avril 2016, par Assane Koné

Ils sont artistes plasticiens. Ils sont jeunes et pour la plupart sortis du Conservatoire. Ils ont eu le mérite de prendre à bras le corps leur destinée dans un monde où les choses deviennent de plus en plus compliquées. Sous la houlette de l’artiste plasticien Amadou Sanogo qui n’est plus à présenter, tant sa renommée commence à dépasser les frontières du Mali, ils se sont regroupés dans un espace de travail dénommé « Atelier Bandialan 1 » ou AB1. Dans ce qu’il est aujourd’hui convenu d’appeler le « Quartier général » des artistes maliens, les jeunes plasticiens ont décidé d’expérimenter la mutualisation de leurs idées, leurs pratiques et moyens. Cette approche a permis à ces jeunes de faire des productions conséquentes, dont une partie est actuellement en exposition à l’Institut français du Mali (IFM).

« Artistes Itinérants ‘’Gros-plan AB1’’ est l’intitulé d’une exposition-vente collective que Amadou Sanogo et ses collaborateurs ont installé au hall d’exposition de l’IFM et le restaurant « Saveurs du Patio ». Cette exposition dont le vernissage a eu lieu le 5 avril 2016, y restera jusqu’au 28 avril 2016.

Pour cette initiative, 13 artistes de l’Atelier Badialan 1, y exposent 39 œuvres artistiques. Ce sont : Klémagha Dembélé (3 ouvres), Hamidou Koumaré (1 œuvre), Oumar Kouma (2 œuvres), Mohamed Diabagaté ( 2 œuvres), Amadou Sanogo (3 œuvres), Siaka Togola (2 œuvres), Mohamed Lamine Barry (3 œuvres), Boubacar Traoré ( 2oeuvres), Kader Keita ( 2 œuvres), Modibo Sissoko (4 œuvres), Noumouké Camara (7 œuvres), Ibrahim Konaté (3 œuvres), Baptiste Gerbier (4 œuvres).

Selon Amadou Sanogo, le Collectif a vu le jour en 2014 et a mis à profit l’année 2015 pour faire des créations à travers plusieurs ateliers en maintenant en commun les petits moyens. « L’exposition dénommée les artistes itinérants qui va s’installer dans tous les lieux d’exposition de Bamako, vise à faire connaître le maximum d’artistes plasticiens du Mali », a indiqué Amadou Sanogo.

Nous nous sommes intéressés à certaines œuvres exposées.

• « Le quotidien », « les migrants » et « Mother Africa », sont les œuvres de Klémagha Toussaint Dembélé ; « Le quotidien » est une installation qui met en jeu un homme, une bicyclette surchargée de bidons de 20 litres. Selon le peintre, cette œuvre traduit l’effort que chacun doit faire tous les jours pour lui-même et pour les autres. Il a ajouté que son installation intitulée « Les migrants » est une réflexion sur le fait que « au moins 75% des problèmes de ce monde sont aujourd’hui liés au pétrole ».

• « Alliance » est une œuvre imposante qui ne passe pas inaperçue dans la cours de l’IFM. Si les alliances sont portées au doigt, l’artiste propose de les porter à la taille à la pace des ceintures pour se ceindre les reins. « Dimanche à la Mairie pour le mariage et lundi au tribunal pour le divorce. Cela me révolte », a indiqué Hamidou Koumaré qui pense que le mariage devait être éternel.

• « Sans tête » est le titre que Amadou Sanogo a bien voulu donner à ses œuvres. Selon lui, ce titre et ces œuvres traduisent l’impression qu’on a aujourd’hui que le Mali a perdu sa tête. « Je suis en quête d’un éclaireur pour mon pays », a-t-il indiqué.

• « Halte », « Le voyage des filles » et « Ecran géant », sont les titres des œuvres de Ibrahim Konaté. Selon l’artiste peintre le tableau « Halte » traduit la relation entre les policiers et les transporteurs. « Les policiers pensent qu’ils sont obligés de se mettre devant les véhicules pour obliger les chauffeurs à obtempérer », a-t-il dénoncé. En ce qui concerne « Le voyage des filles », sur lequel on voit des jeunes filles dans véhicule et regardant dans la même direction. L’artiste dit que cela traduit le fait de regarder dans la même direction et avoir le même esprit pour faire chemin ensemble vers la réussite. Son œuvre « écran géant » traduit, selon lui, le couple.

• « Derrière le grillage » et « Ségou ténin » ou le lundi de Ségou, sont les œuvre de Oumar Kouma. Spécialisé dans la technique de la récupération, il nous dira que son œuvre « Derrière le grillage », parle de la migration. « Je voudrais inviter mes frères et sœurs africains à se poser la question de savoir pourquoi affronter tant de difficultés, notamment les barbelés pour aller en Europe, alors que le continent africain est riche », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter que son œuvre « Ségou ténin » est un hommage qu’il a bien voulu rendre à la foire hebdomadaire de Ségou, avec de la matière morte issue de la récupération, mais animer par les couleurs ajoutées.

• Les deux œuvres sans titres de Mohamed Diabagaté réalisées à partir d’une technique mixte (Collage et peinture), reviennent sur une vielle interrogation : « L’habit fait-t-il le moine ? »

• « Claire de lune » et « Le travail », sont les 2 œuvres de Siaka Togola. « Claire de la lune » est une œuvre où l’artiste attire l’attention sur le fait que les jeux d’enfants au claire de lune ont tendance à disparaître. Quand à son œuvre « Travail », il dira que c’est une dénonciation du fait que nombreux sont ses concitoyens qui veulent remplacer les mains par la langue. « Ne sachant rien faire de leurs mains, ils veulent convaincre de leur compétence par l’usage de leur langue », a-t-il dénoncé.

• « Fardeau » et le « Cultivateur », sont pratiquement des œuvres que l’on pourrait considérer comme des autoportraits de l’artiste. Selon lui, le fardeau traduit son état d’âme actuel. Nouvel marié, il doit faire face à ses responsabilités de chefs de famille, c’est-à-dire celui qui doit prendre tout le poids de la famille sur sa tête. En ce qui concerne l’œuvre « cultivateur », c’est un hommage qu’il rend à son grand père cultivateur qu’il a accompagné dans ses travaux champêtres pendant les vacances scolaires.

• « Le jeune couple », « Portraits de femme », « Le couple heureux », « L’amitié au féminin » et « L’arrêt SOTRAMA », sont les œuvres de Noumouké Camara. Selon l’artiste son œuvre « Le jeune couple » est une interrogation sur ce qui ne marche pas aujourd’hui dans les couples. « Les jeunes se marient et divorcent immédiatement. Et, cela doit amener la société à se poser des questions. Donc, je m’interroge », a-t-il indiqué. « Portrait de femmes » symbolise le fait que la beauté d’une femme n’est pas physique. Elle est ailleurs. « Le couple heureux » est une œuvre où les deux sujets font un. « Cela traduit le parfait amour », a-t-il ajouté. Il dira que l’œuvre « L’amitié au féminin » traduit la rapidité avec laquelle cette amitié prend le plus souvent fin. Et enfin, « L’arrêt SOTRAMA ». Selon l’artiste, cette œuvre pose le problème des SOTRAMA dont les chauffeurs et les apprentis sont des êtres particuliers qui créent trop de problèmes dans la circulation, avec leurs nombreux accidents qui endeuillent des familles. « Mon œuvre traduit l’incapacité des autorités à proposer des alternatives crédibles au transport des bamakois. Toutes les initiatives ayant échoué », a-t-il fait remarqué.

Assane Koné


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