« Tisser des liens, tisser l’avenir » est le titre de l’exposition du célèbre designer malien Cheick Diallo, dont le vernissage a eu lieu le samedi 7 octobre 2023, dans la grande salle d’exposition du Musée national du Mali. Des œuvres qui invitent à « être écouté, qu’à être regardé », selon l’artiste.

Au regard de la marche imposée aujourd’hui, à notre existence commune, il semblerait que nous n’ayons pas une autre alternative que de « Tisser des liens », dans l’espoir de « tisser l’avenir ». Et, c’est ce que Cheick Diallo a compris et a voulu partager avec nous. Enfin, c’est ce que nous croyons. Et, oui

« Ce projet me hantait depuis plusieurs année », a indiqué l’artiste Cheick Diallo, engagé, selon lui, dans la recherche d’une écriture contemporaine des objets africains. Mais, au-delà de cette exposition, et fort de ses 40 années d’expériences, Cheick Diallo pense que le moment est arrivé pour regarder dans le rétroviseur afin de soutenir la jeunesse à s’affirmer. Convaincu de la pertinence des workshop dans la construction de sa carrière, il pense que le moment est arrivé de mettre en place un dispositif de formation d’une nouvelle génération de designers maliens. Donc, ne soyons pas surpris de voir les mois à venir Cheick Diallo lancer une formation à l’intention de jeunes designers. « Il faut explorer d’autres chemins en mettant d’autres talents sur la place. Et, nous allons le faire en 2023/2024 », a-t-il déclaré.

Pour ce qui concerne son exposition « Tisser des liens, tisser l’avenir », il a simplement invité le beau public qui avait fait le déplacement pour le vernissage d’aller à l’écoute des œuvres, qui vont sûrement refuser de se laisser voir. Mais, en réalité, la qualité du travail, certes, invite à des introspections, mais l’esthétique des couleurs et des formes des œuvres ne pouvant pas passer inaperçues, forcement les œuvres ont été vues.

Pour créer, l’artiste n’est pas souvent passer par mille chemins pour trouver son inspiration. Cheick Diallo, nous a simplement ouvert les yeux sur tous ce qu’il y a de formidable autour de nous. Mais, mieux, sans le clamer haut et fort, il semble s’être engagé dans un processus de réécriture contemporaine des objets africains. Du coup, dans démarche, il bat en brèche toutes ces théories infécondes qui nous ont longtemps rabâché les oreilles, en voulant nous faire que l’art africain se veut utilitaire et n’a rien à foutre de l’esthétique.

Faites un tour au Musée national du Mali, pour changer d’avis. Cheick Diallo par son travail, vient de convaincre plus d’un qu’avec un peu d’effort, l’on peut donner sa place à l’esthétique dans les objets utilitaires que créent nos artisans artistes. Et, oui, avec l’approche de Cheick Diallo, il est par moment difficile de faire la différence entre l’artiste et l’artisan. Bon, il nous conseille de ne pas notre temps à vouloir chercher cette différence, tant-t-il est convaincu qu’ils sont complémentaires sur toute la ligne. Et, nous croyons que le salut de l’artisanat africain passera par cette complémentarité avec les artistes designers, pour que la question de l’esthétique des créations des artisans soit résolue à jamais. En tout cas, Cheick Diallo vient de montrer la voie. Et, les politiques publique devraient pouvoir s’y inspirer pour tirer nos artisans et leurs créations vers la haut, en termes de qualité.

Et, cela est possible. Cheick Diallo l’a fait. A défaut d’inventer et d’innover, il faut simplement se mettre à son école pour s’inspirer de ce qu’il fait déjà de beau. Que dire de ces chaises inspirées des nasses des pêcheurs ? Qui pourra nous toquer qu’il n’ a pas été inventif en faisant la teinture sur la peau pour recouvrir ses meubles avec des formes révolutionnaires. Qui pourra s’opposer à cette utilisation de cordelettes plastiques rouges et noires pour nous cacher le métal forgé ? Et, pour ça, Cheick Diallo, designer de calibre international, a convaincu partenaire et adversaire de son approche artistique, qui va révolutionner l’artisanat malien.

Assane Koné