La cérémonie de remise des prix aux lauréats du concours a eu pour cadre le Conservatoire des arts et métiers multimédia Balla Fasséké Kouyaté. C’était le vendredi 8 avril 2016 sous le haut patronage de Madame Ndiaye Ramatoulaye Diallo, ministre de la culture, de l’artisanat et du tourisme, en présence de son homologue de l’urbanisme et de l’habitat, M. Dramane Dembélé, du représentant de l’Unesco au Mali, de l’ambassadeur de l’Union Européenne au Mali, du Maire de Tombouctou et de plusieurs invités.

La symbolique du cavalier Al Farouk est très forte à Tombouctou. La population y accorde une place importante dans les histoires et légendes préservées depuis plusieurs siècles.

Ainsi, cette statue est donc commémorative de la légende de ce génie protecteur de Tombouctou. Sa réalisation témoigne de la volonté de préserver et de perpétuer les contes et légendes, composants importants du patrimoine culturel immatériel de Tombouctou et du Mali.

C’est pourquoi l’Unesco en partenariat avec le ministère de l’artisanat et du tourisme et de l’ordre des Architectes du Mali, avait organisé en juin 2015 le concours national d’architecture pour reconstruire ce monument et réaménager la place de l’indépendance de Tombouctou.

Le 20 septembre 2015, le jury du concours, réuni au musée national de Bamako, a choisi comme lauréat le projet proposé par le bureau d’architecture AUDEX. Le projet est financé par l’union européenne et la Suisse.

Dans son discours liminaire, Madame Touré Aissata Diallo, vice-présidente de l’Ordre des Architectes du Mali, a sollicité les partenaires de bien-vouloir s’approprier la pratique courante des concours d’architecture pour continuer à alimenter le riche et varié patrimoine architectural malien. Car, à l’en croire, « l’architecture est une expression de la culture… ».

Elle a indiqué que 4 bureaux d’études sur 7 ont présentés leurs projets et leurs expertises à l’évaluation des membres du jury présidé par feu Baba Alpha Ismail Cissé.

Si l’on croit le représentant de l’Unesco, Lazare Eloundou, cette première étape de reconstruction du monument Al Farouk est une nouvelle fois la preuve que la renaissance culturelle de Tombouctou se poursuit. Car, selon lui celle-ci est « la démonstration que le Mali se relève, se rassemble et reprend confiance. »

Et de souligner que ce concours d’architecture permet à des équipes pluridisplinaires maliennes d’apporter leur pierre à l’action culturelle, coordonnée par le ministère de la culture, de l’artisanat et du tourisme.

L’occasion fut propice pour Madame Ndiaye Ramatoulaye Diallo, ministre de la culture, de l’artisanat et du tourisme, de revenir sur la destruction du monument qui s’est faite en deux étapes : En avril 2012 , les terroristes, n’ayant rien compris de la valeur et du sens du monument considéré comme une forme d’idolâtrie, ont décapité les têtes du cavalier et du cheval en avançant le discours suivant : « vous dites que Al Farouk protège Tombouctou, nous allons couper sa tête et celle du cheval et voir ce qui adviendra ». A Cité Ndiaye Ramatoulaye Diallo.

Dans la foulée de cette destruction, poursuit M. Ramatoulaye, en octobre 2012, « environ 10 terroristes sont morts mystérieusement à l’intérieur du camp qui jouxtait le monument. Les terroristes ont alors décidé de le raser complètement en lui attribuant ses décès non expliqués. » A-t-elle dit comme pour rappeler les croyances de ce monument et sa force surnaturelle.

Elle a estimé que cette statue est un symbole fort de l’histoire de la mythologie de Tombouctou. « Sa reconstruction dénote de notre ferme volonté de voir Tombouctou incarner au plus tôt (entre guillemets) cette mission de reconquête des valeurs de paix pour l’ensemble du Mali. », a fait savoir le ministre.

Plus loin, elle a salué le travail abattu par l’UNESCO et l’ordre des architectes du Mali et a remercié l’ensemble des membres du jury pour avoir cru en ce projet.

En effet, un vibrant hommage a été rendu à feu Baba Alpha Ismail Cissé, ancien président de l’Ordre des Architectes du Mali et premier président de ce jury, qui a tiré sa révérence le mois de mars dernier.

Notons que la remise des chèques géants et statuettes aux différents lauréats et une visite d’exposition ont rehaussées l’éclat de la cérémonie. Le cabinet AUDEX a remporté le 1^er prix suivi de CEAU-N’BO et ASTRAL et le 4^e prix est revenu à ASA-SARL AH CONCEPT.

Moussa Mallé SISSOKO