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Dak’art 2022 : c’est parti pour un mois de fête
vendredi 20 mai 2022, par
Il y a eu, pour la cérémonie d’ouverture de l’édition 14 de la biennale de Dakar ce lundi matin au Grand Théâtre national Doudou Ndiaye Rose, un petit quelque chose qui, ajouté au rituel de l’événement, lui a donné un supplément d’âme.
Les officiels - Le chef de l’Etat en tête - étaient là. 7 prix ont été remis à différents lauréats. On a eu des discours dont celui du président Macky Sall, qui a dit son option d’inscrire la culture au cœur de son projet de développement économique et social.
Mais le plus était dans les symboles qui créent des émotions et inscrivent les actes d’aujourd’hui dans une trajectoire qui enfonce ses racines loin dans le temps des hommes et de l’Histoire. Pour dire que la culture, lieu de production de liens et liants, survit là où les crises et les conflits tendent à dresser des murs entre les peuples.
En maître de cérémonie génial et inspiré, Boucar Diouf, “le plus québécois des Sénégalais” - véritable pont à lui tout seul - a fait l’éloge du forgeron, dans son interprétation du thème de cette édition (I Ndaffa : forger). Il a parlé d’éducation, en partant des enseignements de son grand-père et de sa mère, de transmission, de dialogue, de liens humains… Le tout sur le ton de l’humour.
La famille de Doudou Ndiaye Rose a fait résonner les percussions dans ce temple qui porte le nom du maître ; L’Orchestra Baobab, formation musicale cinquantenaire, a donné la mesure du temps qui passe en ayant raison des corps qui partent mais pas du patrimoine qu’ils ont construit et construisent au fil des années…
A tous ces artistes “morts depuis longtemps mais qui donnent du souffle aux vivants”, pour reprendre le mot de Boucar Diouf, les musiciens ont rendu hommage en puisant dans leur répertoire des titres pour donner un medley qui a donné des frissons : “Dee moo wóor”, “Senegaal Sunugall”, “On verra ça”, “Ami kita bay”, “Bul ma miin”. Il est vrai que Boucar Diouf avait donné le ton en fredonnant “Tante Marie”, écrit et composé par Rudy Gomis, décédé le 27 avril dernier.
Les contingences politiques du moment, qui font que le Mali est frappé d’un embargo décrété par les chefs d’Etat de la CEDEAO. Mais par la culture, par la biennale de l’art africain contemporain de Dakar, ce pays était présent : un focus sur le travail d’Abdoulaye Konaté, immense artiste s’il en est - lauréat du Grand Prix Léopold Sédar Senghor en 1996 - est prévu. Sidiki Diabaté a joué et interpellé le président sénégalais, sous-entendant- Le message a été compris ainsi - que la crise actuelle devait être dépassée pour des peuples condamnés à vivre ensemble et à se parler.
On peut regretter, dans la mise en scène du plateau d’ouverture, le manque de fluidité entre quelques tableaux. Comme on peut saluer la très bonne qualité du son que l’on doit à Racine Aïdara.
Après la remise du Grand Prix Léopold Sédar Senghor, le président Macky Sall a donné le coup d’envoi de ce que le président du comité d’orientation, Moustapha Ndiaye, a appelé “fête de l’esprit et du génie humain”.
Kibili
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