Il est de tradition que depuis son retour aux grands rendez-vous de la CAN, les Aigles gagnent leur premier match. La tradition a été respectée cette année face aux Bafana-Bafana d’Afrique du Sud. Mais, cette rencontre a été difficilement négociée par les hommes d’Eric Chelle qui, après une entame de match très prometteuse, ont reculé face aux sud-africains dans tous les compartiments de jeu.

Sous la férule du très remuant Percy Tau, les sud-africains ont pris l’initiative, d’abord en fermant les espaces au milieu de terrain rendant difficile toute possibilité de mouvements de coordination et d’appui à la ligne d’attaque malienne, puis en procédant à de courtes passes et des dédoublements, sous-tendus par un jeu collectif basé sur la rapidité des contres et la précisions des frappes. Cette stratégie des Bafana-Bafana s’est avérée payante puisqu’à la suite d’un mouvement collectif, conclu par un excellent service de Tebo Mokoena à Evidence Magkopa en appel de balle, celui-ci reçoit un coup de coude du défenseur Sikou Niakhaté. L’arbitre égyptien accorde le penalty (18^e minute) que Percy Tau rate au grand bonheur des Aigles.

Loin d’être affectés, les sud-africains maintiennent la pression au point de faire plier les aigles à la 34^e sur une frappe cadrée de Percy Tau et une frappe du pied droit de Teboho Mokoena après avoir réussi un magnifique contrôle orienté vers le poteau gauche à la 39^e minute. La grande classe du portier Djigui Diarra a permis d’enrayer ces deux occasions nettes sud-africaines.

A l’actif des Aigles dans cette première mi-temps : le centre du capitaine Hamary Traoré repris mollement de la tête par Kamory Doumbia esseulé dans l’entre-jeu (23^e minute) et l’action de Sinayoko qui sort entre deux défenseurs sud-africains, mais échoue de justesse à redresser son pied d’appui au moment où Rowen Williams sortait sur sa ligne de but (45^e minute).

La fin de la première manche a été salutaire pour les Aigles qui étalent de nombreuses lacunes tactiques et physiques : Un milieu de terrain littéralement submergé par le système de jeu sud-africain. Yves Bissouma, la pièce maitresse chargée de désarticuler le jeu des Bafana-Bafana était très discret, ne disposant pas de toutes ses capacités physiques. Une défense mal en point qui avait des difficultés à se regrouper très vite et qui se faisait surprendre constamment. Falaye Sacko (déporté de son couloir de prédilection pour jouer à la roue de secours dans le couloir droit en remplacement de Boubacar Diarra le titulaire) était à la peine devant ses adversaires qui ne se faisaient pas prier pour lui faire des misères. En plus, l’équipe était en panne d’inspiration, avec beaucoup de déchets. Les passes étaient mal coordonnées, la transmission entre les lignes était laborieuse.

Il a fallu attendre la seconde mi-temps pour que les aigles reprennent leurs esprits et gagnent en confiance. Dès les premières minutes, ils changent de registre et resserrent les lignes. Les mouvements collectifs sont beaucoup plus organisés. A la 60^e minute, ils obtiennent un coup franc. Sékou Koita le préposé d’une frappe magistrale percute la barre transversale. Son Capitaine Hamary Traoré en embuscade reprend du pied. Ce but change la physionomie du match. Les Aigles gagent en réalisme et en sérénité, posent leur jeu, négocient intelligemment le match. A la 66^e minute, Hamary Traoré sert Kamory Doumbia qui lance aussitôt Lassine Synayoko. Dans la course, il résiste à la charge de Siyanda Kulu et de l’extérieur du pied met la balle hors de portée de Rowen William impuissant.

Les Aigles s’offrent leur première victoire. Ils affronteront samedi les Aigles de Carthage. Un air de revanche ? Eric Chelle et le staff technique doivent tirer les leçons de notre première sortie.

Après avoir concédé une défaite face à une surprenante équipe des Warriors de Namibie, pourtant considérée comme le petit poussé de cette compétition (1 but à 0), les Aigles de Carthage ont le dos au mur et doivent gagner s’ils veulent franchir le premier tour.

Les Aigles du Mali connaissent parfaitement leurs adversaires tunisiens puisqu’ils les ont battus en phase de groupe lors de la CAN 2022 (O-1 avec un but d’Ibrahim Koné) avant que les aigles de Carthage ne prennent leur revanche en éliminatoire du mondial la même année.

Régulièrement en quart de finale depuis 2006 (6 fois), la Tunisie a perdu 2 finales en 1965 (battue par les Black Stars du Ghana 3 à 2) et 1996 (battue par l’Afrique du Sud 2 buts à 0), pour une 3^e place obtenue en 1962 lors de la CAN disputée en Ethiopie.

Pour sa 21^e participation, les Aigles de Carthage (vainqueurs en 2004 de la CAN à domicile), sous la férule de Jalel Khadri font figure d’outsiders. Privés de leur maestro Wahbi Kazzri, (en fin de carrière) les tunisiens misent sur leur pièce maitresse Ellyes Skhiri et une défense hermétique avec Ali Maaloul et le Lorientais Montassar Talby. Au plan offensif Youssef N’Sakni et Elias Achouri (24 ans) du FC Copenhague assureront l’animation.

La liste officielle pour la Tunisie pour la CAN 2024  

Gardiens : Aymen Dahmen (Al-Hazem/SAO), Mouez Hassen (Club Africain/TUN), Béchir Ben Said (US Monastir/TUN).

Défenseurs :  Ali Abdi (SM Caen), Ali Maaloul (Al-Ahly/EGY), Wajdi Kechrida (Atromitos Athènes/GRE), Yassine Meriah (Espérance Tunis/TUN), Montassar Talbi (FC Lorient), Hamza Jelassi (Étoile du Sahel/TUN), Yan Valery (Angers Sco), Oussama Haddadi (Greuther Fürth/ALL), Alaa Ghram (Club sportif sfaxien/TUN).

Milieux : Ellyes Skhiri (FC Cologne/ALL), Mohamed Ali Ben Romdhane (Ferencvaros/HON), Aïssa Laïdouni (Union Berlin/ALL), Houssem Teka (Espérance Tunis/TUN), Hamza Rafia (US Lecce/ITA), Mohamed Haj Mahmoud (FC Lugano/SUI), Anis Ben Slimane (Brøndby/DAN).

Attaquants : Youssef Msakni (Al-Arabi SC/QAT), Naïm Sliti (Al-Ahli/QAT), Taha Yassine Khenissi (Kuwait SC/KOW), Haythem Jouini (Stade tunisien/TUN), Seifallah Letaief (FC Winterthour/SUI), Bassem Serarfi (Club Africain/TUN), Elias Achouri (FC Copenhague/DAN).

N.Keita, journaliste Consultant