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Le Mali invité d’honneur 2023 du FESPACO : C’est aussi un espace de conquête de notre souveraineté

samedi 11 février 2023, par Assane Koné

La 28e édition du Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (FESPACO) aura lieu du 25 février au 4 mars 2023. En raison du contexte particulier de la région du Sahel, le thème de cette édition est : « Cinéma d’Afrique et Culture de la paix ». Et, pour marquer son accord avec le Peuple du Mali qui a décidé de reconquérir sa souveraineté, sous la conduite des leaders de la Transition, les autorités burkinabés ont décidé de faire du Mali, ce grand pays du cinéma africain, le pays invité d’honneur. Nul doute, en acceptant cet honneur, les autorités de la Transition malienne se sont engagées à être à la hauteur des attentes du Peuple frère du Burkina Faso.

A pratiquement 4 semaines de l’évènement le plus emblématique du cinéma africain et de la diaspora, les autorités burkinabés ont décidé de remplacer le Togo, pays invité d’honneur de la 28e édition du FESPACO par le Mali. Le temps presse. Nous n’allons pas perdre notre temps à épiloguer sur les raisons de ce choix. Nous saluons tout simplement l’honneur et la confiance que les autorités et le Peuple frère du Burkina Faso viennent de témoigner au Mali, à ces autorités et à son Peuple fier et débout sur les remparts. Et, rappelons que dans le contexte actuel, le choix du Mali comme pays invité d’honneur au FESPACO est un geste hautement politique, mais très courageux de la part des autorités du Burkina Faso.

Être pays invité d’honneur du FESPACO a des exigences

Et, comme, il fallait s’y attendre, l’honneur ne se refusant pas, les autorités maliennes, droits dans leurs bottes, ont décidé de répondre à cet appel du Peuple frère du Burkina Faso. Elles ont accepté que le Mali soit le pays invité d’honneur au Fespaco 2023. Mais, il faut se le dire dès maintenant. Être pays invité d’honneur du FESPACO a des exigences. Sans que cela ne soit clairement signifié, il nous est revenu que la pratique voudrait que le pays invité d’honneur vienne en aide au pays organisateur, sans oublier l’effort exceptionnel qu’il devra faire pour assurer une participation honorable à sa délégation.

Malheureusement, nous doutons fort si cet aspect de la question de mobilisation de ressources financières pour assurer à notre pays, une participation à hauteur de souhait à la 28e édition du FESPACO, soit comprise et bien comprise par tous les acteurs, notamment par le Ministre de l’Economie et des finances. Sinon comment comprendre que sur un budget de plus de 230 millions de FCFA (déjà suffisamment vu à la baisse), le Ministre de l’Economie et des Finances ne décide de mettre que 50 millions de FCFA à la disposition du Ministère en charge de culture. Même pas la moitié de la somme souhaitée pour que notre pays réponde à hauteur de souhait aux attentes du Peuple frère du Burkina Faso, qui a décidé de faire de notre pays, le pays invité d’honneur de l’édition 2023, dans un contexte d’adversité clairement affichée.

En temps normal, ce montant ne suffirait même pas pour que le Mali puisse faire face aux charges du prestataire qui va assurer l’installation du podium et la sonorisation de la cérémonie d’ouverture, à plus fort raison assurer le cachet de l’artiste emblématique malien qui doit animer la cérémonie d’ouverture.

Depuis quelques éditions du Fespcao, au nom de la solidarité entre pays africains, le pays invité d’honneur marque sa présence aux côtés des autorités burkinabés par un appui financier direct à l’organisation de l’évènement. Certains pays marquent leur présence en aidant à la prise en charge de la cérémonie d’ouverture. Par exemple, il nous est revenu que des pays invités d’honneur ont par le passé décider de prendre en charge le prestataire qui assure l’installation de la grande scène de concert et la sonorisation de la cérémonie d’ouverture. Et, comme les états se sont de plus en plus installés dans des stratégies de diplomatie culturelle, le pays invité prend en charge la prestation d’un artiste emblématique de sa culture.

Le Mali ne doit pas raser les murs à Ouagadougou

Enfin, comme comparaison n’est pas raison. Si non de mémoires, nous savons ce que le Rwanda, la Côte d’Ivoire et le Sénégal (pour ne citer que ceux-là) ont fait au Fespaco, lorsqu’ils étaient pays invités d’honneur. Au regard du contexte actuel de notre pays, nous n’allons pas demander aux autorités maliennes de faire autant. Mais, il va falloir que le Ministre de l’économie et des finances puissent comprendre tout l’enjeu autour de la participation du Mali au FESPACO et surtout le fait que le Mali, soit le pays invité d’honneur. Non, dans le contexte actuel, le Mali, pays invité d’honneur au FESPACO 2023, ne doit pas raser les murs à Ouagadougou. Le Mali doit marquer sa présence et de la plus belle façon, avec éclat, dignité et honneur.

Et, pour relever le défi de cette invitation du Peuple frère du Burkina Faso, le Ministère en charge de la Culture, à travers le Centre national cinématographique du Mali (CNCM) est à pied d’œuvre pour que notre pays brille de tout feu à Ouagadougou. Mais, il faut le dire, cela sera difficile et même impossible avec le montant alloué par le Ministre de l’économie et des finances pour cette opération.

Si le FESPACO a toujours été un espace d’expression de notre souveraineté à travers ce que nous avons de plus chère, notre culture, la 28e édition de cet évènement cinématographique de premier ordre sur le continent, le devient encore plus cette année, avec le fait que notre pays soit le pays invité d’honneur. Donc, il va falloir prendre toutes les dispositions pour qu’à partir du FESPACO 2023, le Mali inspire toute l’Afrique dans ce combat de la reconquête de notre souveraineté, sur la base des trois principes clairement indiqués par le Colonel Assimi Goïta, Président de la Transition du Mali et Chef de l’Etat. A savoir : Le respect de la souveraineté du Mali, donc des pays africains ; le respect des choix stratégiques et des choix de partenaires du Mali, donc des pays africains ; et la prise en compte des intérêts vitaux du Peuple malien (donc des Peuples africains) dans les décisions prises.

Si le budget alloué par le Ministère de l’Economie et des Finances, était conséquent, dans le cadre de l’invitation du Mali à titre de pays invité d’honneur, offrir la prestation de Sidiki Diabaté, le fils de Toumany, à la jeunesse burkinabé, lors de cérémonie d’ouverture, ne fera que renforcer les liens de solidarités entre nos deux pays. Sauf qu’un artiste à l’envergure de Sidiki Diabaté à un coût. Mais, cela ne devait pas être au-delà de la possibilité de nos décideurs du Ministère de l’économie et des Finances.

Dans le cadre de cette invitation, le défi du Mali, c’est d’être à la hauteur des attentes du Peuple frère du Burkina Faso. Et, nul doute, que nos autorités sauront le relever si elles arrivaient à comprendre tout l’enjeu autour du FESPACO. Donc, à défaut de faire mieux que les pays d’Afrique qui ont été déjà des invités d’honneur du FESPACO, notre pays à l’obligation d’être à la hauteur des attentes du partenaire burkinabé et de son Peuple. Le Mali invité d’honneur 2023 du FESPACO, c’est aussi un espace de conquête de notre souveraineté

Assane Koné


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