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COVID-19 : Face au tueur silencieux, qui pour sauver le Mali et les maliens ?

mardi 8 décembre 2020, par Assane Koné

Décidément, au rythme où évolue la COVID-19 au Mali, il y a de sérieuses raisons de craindre le pire. Et, au regard de la cacophonie enregistrée au sommet de l’Etat, à la faveur d’un discours non lu par le Président de Transition qui s’est retrouvé sur les réseaux sociaux, l’on est aujourd’hui en bon droit de se poser des questions, notamment : Qui pour sauver le Mali et les maliens ? Sûrement pas nos autorités qui sont dans une logique de conquête du pouvoir.

Le 7 décembre 2020, le Mali a enregistré 155 nouveaux cas de COVID-19 sur 873 échantillons testés. Si ce jour-là, le pays enregistrait 8 patients guéris, l’on a regretté le décès de 7 personnes. De telle sorte qu’à la date du 7 décembre 2020, depuis le début de la pandémie le Mali a enregistré 5290 cas positifs, 3377 guéris, 116 décès et 1842 personnes de contact.

Le malheureux constat est que lors de la première vague, le Mali avait rarement enregistré par jour plus de 50 cas. Mais, voilà que depuis quelques jours, nous sommes au regret de constater que la barre de 100 malades de COVID-19 est dépassée par jour. Et, nous assistons impuissant à la propagation de la maladie à une vitesse exponentielle, comme le soutenait le discours que l’on a attribué au Président de la Transition sur les réseaux sociaux, mais qui n’a jamais été lu.

Loin de nous l’idée de jouer aux oiseaux de mauvais augure. L’augmentation des cas de COVID-19 inquiète. Et, notre confrère de la DW. Com (https://www.dw.com/fr/mali-laugmentation-des-cas-de-covid-19-inqui%C3%A8te/a-55790598) dans un article, nous rappelle que « les centres de prise en charge des personnes atteintes du virus sont débordés à Bamako ». Malheureusement, sur la question aucune information officielle ne circule. L’on a l’impression que les autorités du pays ont décidé de faire la politique de l’Autriche : tourner leur regard ailleurs pour éviter de voir et affronter la réalité. Or, dans le contexte où vont les choses, personnes n’est à l’abri de cette maladie. Quelques individus, peuvent décider de se protéger, mais quant la décision n’est pas collective et peut être même obligatoire, cela ne servira à rien. La menace va continuer à planer sur les maliens.

Si par pudeur, les gens s’efforçaient pour ne pas se prononcer sur les causes de certains décès, de plus en plus les langues se délient. Et, nous apprenons avec beaucoup de regret, par-ci et par-là, que telle ou telle personne que nous avons eu la chance de connaître, est tombée du fait de la COVID-19. Il ne se passe plus de jour sans que de telles mauvaises nouvelles ne viennent perturber nos journées.

Face à la situation qui s’aggrave de jour en jour, l’on a l’impression que les autorités sont désarmées et désemparés. Elles manquent d’initiatives, à tout point de vu. Et, du coup les citoyens maliens doivent aujourd’hui se poser la question de savoir si les mesures édictées par le Conseil supérieur de la défense nationale le 1er décembre 2020, sont de nature à endiguer l’expansion de la maladie dans la population.

Le 1er décembre 2020, en vue de rompre la chaine de transmission de la maladie, le Conseil a décidé de :

• Renforcer l’application des mesures de prévention dans les espaces publics et les lieux de regroupement à travers le lavage des mains au savon et/ou l’utilisation du gel hydro alcoolique, le port obligatoire de masque, le respect de la distanciation physique et l’encouragement de la rotation des équipes de travail des services, du télétravail ainsi que des cours en ligne.

• Renforcer la surveillance épidémiologique par le dépistage de masse dans les lieux de regroupement (formations socio-sanitaires, écoles, universités, lieux de spectacles et de sport, lieux de culte, marchés, gares routières….), l’identification, le dépistage systématique et le suivi de toutes les personnes-contact, le dépistage des voyageurs entrant au Mali sans certificat de PCR COVID-19 négatif par des tests rapides validés par l’Institut national de santé publique (INSP) au niveau des cordons sanitaires des frontières terrestres.

• Renforcer la communication et la mobilisation sociale face à la seconde vague de la pandémie de Covid-19 au Mali à travers la sensibilisation sur l’existence et la gravité de la maladie ainsi que ses conséquences socio-économiques.

• Améliorer la qualité de la prise en charge des cas de Covid-19 à travers le renforcement en capacité de ressources humaines, la disponibilité des intrants (médicaments, Oxygène, équipements de prise en charge des cas et de comorbidités), le renforcement de la communication pour le changement de comportement à l’égard des personnes atteintes de la COVID-19 suivies à domicile et de leurs familles.

• Assurer la disponibilité des tests de diagnostic de laboratoire et des consommables nécessaires pour les tests.

• Assurer le financement des activités de prévention et de riposte.
Dans le but de garantir l’application effective de ses mesures, le Conseil exhorte les populations à s’impliquer davantage aux côtés du gouvernement, et ce dans un esprit de civisme et de responsabilité.

« Les mesures ainsi édictées feront l’objet d’une évaluation périodique pour permettre leur adaptation à l’évolution de la situation », avait annoncé le Conseil Supérieur de la Défense nationale.

Et, aujourd’hui, nous craignons que lors de cette évaluation, le Conseil ne soit obligé de passer à une vitesse supérieure, pour la simple raison que les 6 mesures édictées n’ont été correctement mises en œuvre.

Dans un tel contexte, où on ne sent pas la mobilisation au niveau étatique pour prendre à bras le corps la pandemie de COVID-19, qui endeuille de jour en jour de nombreuses familles maliennes désemparées et abusées, l’on est en droit de se demander : « Qui pour sauver le Mali et les maliens ? ».

Assane Koné


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