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Journée mondiale de la liberté de la presse 2014 : Défi de la responsabilité et des conditions de travail décentes

lundi 5 mai 2014, par Assane Koné

La célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse, le 3 mai 2014 a été une occasion pour les journalistes maliens de s’interroger sur leur responsabilité et d’interpeller les pouvoirs publics sur le statut des journalistes, la formation, les conditions de travail et la sécurité des journalistes. Un accent particulier a été mis sur les enquêtes en cours pour trouver les meurtriers des journalistes Ghislaine Dupont et Claude Verlon tués dans l’exercice de leur profession, le 2 novembre dernier à Kidal. Les journalistes maliens ont organisé une marche, ce 3 mai, pour protester contre les violences dont les journalistes font l’objet.

La Maison de la presse a abrité dans la matinée du 3 mai, un échange entre les journalistes, sur leur profession, sous la présidence du ministre de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication, Mahamadou Camara. En présence de nombreux journalistes, un panel constitué de doyens de la presse a suscité le débat. Les panelistes, le Professeur Diomassi Bomboté, un ancien du Cesti de Dakar, Hélène Papin ancienne journaliste de RFI et aujourd’hui à la Minusma, Serge Daniel correspondant de Rfi au Mali, Mahamane Hameye Cissé, Directeur de Publication du Journal Scorpion et président de l’Union de la Presse Francophone (UPF-Mali), Cheick Oumar Maïga dit Gilbert, ancien Secrétaire général du ministère de la Communication ont jeté un regard critique sur la presse malienne.
Quelques évènements récents seront cités en référence par Serge Daniel pour interpeler les journalistes sur leur responsabilité, et les pouvoirs publics sur leur obligation de communiquer. Par exemple dans l’affaire concernant les enquêtes sur la mafia corse (Tomi Michel), qui a fait l’objet d’un article du journal Le Monde, la réaction du gouvernement malien par un communiqué qui n’était pas assez informatif, au moment où l’affaire n’avait pas fait l’objet de publication au Mali, ne laissait pas d’autres choix aux journalistes qui doivent informer. Ensuite la publication dans plusieurs journaux à la fois, des articles disant les mêmes choses, est une situation qui interpelle les journalistes sur leur responsabilité.
Selon Serge Daniel, les pouvoirs publics doivent jouer leur rôle dans la communication. Par exemple dans le cas de l’achat de l’avion présidentiel, il a fallu que le député interpelle le Premier ministre, pour qu’il s’explique clairement sur cet achat. Il a évoqué également le cas relatif à la démission de l’ancien Premier ministre Oumar Tatam Ly, où des articles incendiaires ont été publiés contre lui, comme si la même personne avait suscité la publication de ces articles dans quatre journaux à la fois. Pour Serge Daniel, ces faits soulèvent la question de la responsabilité du journaliste. Il a par ailleurs salué le courage des journalistes locaux qui sont restés dans les régions du nord pour continuer leur travail.
« Accepter et ne pas avoir peur de la critique, être humble et avoir le sens de la responsabilité », telles sont les exigences auxquelles doit se plier un journaliste, selon le Professeur Diomansi Bomboté. Métier de risque à toute épreuve, les cas d’atteintes physiques et de meurtres sont là pour le démontrer, dont les meurtres de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, cités en référence par Hélène Papin de la Minusma.
Un projet de loi en chantier sur la presse, dont l’adoption permettra de prendre en compte toutes les préoccupations de la presse malienne, dort dans les tiroirs, selon Cheick Oumar Maïga.
De son côté, le ministre de l’Economie Numérique, de la Communication et de l’Information a donné des assurances sur sa volonté de faire de son mieux pour améliorer les conditions de travail des journalistes, à mener à bien les reformes dans le secteur. « Les évènements de 2012 ont retardé les textes à l’Assemblée nationale. Je m’engage à m’en charger », a déclaré le ministre Mahamadou Camara. Il a encouragé les journalistes à critiquer, sans tomber dans les insultes et la diffamation, et à d’avantages solliciter les pouvoirs publics pour bien informer. Non pas sans rappeler que la critique est le fondement de la liberté de la presse. Cependant, le secteur ne peut pas se développer, si on ne tient pas compte de ces valeurs comme l’éthique et la déontologie.
Il a promis l’ouverture de l’école de journalisme en chantier, dès octobre 2014. Cependant la création d’une école de journalisme ne va pas suffire, si les journalistes formés vont être confrontés aux mêmes conditions de travail sans un salaire décent. « Ce qu’il faut, c’est créer des conditions de travail des journalistes, créer une convention collective ». Selon lui, si le journaliste Daba Balla était à la sécurité sociale, inscrit à l’INPS, sa prise en charge n’aurait pas été aussi difficile, a déploré Serge Daniel.

B. Daou
(LE REPUBLICAIN)

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