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Commémoration du 26 mars : Le peuple malien se souvient malgré le doute et la colère

mercredi 25 mars 2015, par Assane Koné

Il y a 24 ans, le 26 mars 1991, le Mali tournait une page de son histoire. Le peuple malien, toutes couches sociales confondues, dans un élan arrachait dans le sang et sous les balles des hommes du général Moussa Traoré, l’instauration du multipartisme et posait les jalons d’un état de droit. Aujourd’hui, 24 ans après, force est de constater que les acquis comme les libertés individuelles et collectives ont pris un sérieux coup et les aspirations d’équité sociale, de bien être pour les populations sont reléguées aux calendes grecques.

Les démocrates de la 24e heures que certains maliens ont de tout temps qualifié de soi-disant démocrates, arrivés au pouvoir grâce à la volonté populaire, on rapidement fait déchanter le peuple. L’on a vite eu l’impression que c’était du « Moussa ôte toi de là pour que je m’y installe ». Rapidement, ils ont plongé le pays dans une bourgeoisie de rente. Tel un aveux, IBK à l’époque Premier ministre de Alpha Oumar Konaré, n’avait-t-il pas déclaré sur les antennes de l’ORTM qu’il était bourgeois ?

Dans tous les cas, sous leur règne, les maliens n’ont vu que du feu. De liquidation de l’Etat de droit au bradage des biens de l’Etat, en passant par la corruption politique et la corruption tout court, ils ont fini par mettre le pays sous coupe et à leur seul service.

Et, comme c’était tout à fait logique, il fallait s’attendre à l’accroissement de la misère des couches populaires, à un moment où les autorités mettant à contribution leurs griots des temps modernes, pour faire croire au peuple que tous les voyants du pays étaient au vert.

Déjà très morose, la situation économique ploie sous le poids d’un endettement plus qu’excessif. Le pays se débat dans une crise sociale grave. Et, comme cela avait été planifié, la misère aidant, le malien s’éloigne du soudanais et chemin faisant, il perd toutes ses valeurs socioculturelles qui lui permettaient de faire face avec honneur et dignité à toutes les vicissitudes de la vie. Et, Dieu seul sait combien les maliens vivent par an.

Désemparé, tant ballotté par les difficultés de la vie qui l’assaillent comme si l’ont avait ouvert les vannes du barrage de problèmes, le malien est devenu une proie facile : un bon démocrate. Et, pour mieux l’avoir, les pseudo-démocrates ne vont reculer devant rien pour aboutir à leur plan machiavélique : rendre le pays méconnaissable, tant le malien a perdu toute faculté de résistance.

La politique de diviser pour mieux régner sera appliquer au Mali sans vergogne. Dans une planification stratégique, le Mali sous l’ère démocratique, pourra difficilement, aligner deux organisations de la société civile ou politique, qui n’ont pas été divisées deux ou trois fois. Même, les organisations des gardiens du temple que sont les griots est passée devant le coiffeur.

La division au plan politique, au plan social et même au plan humain a été expérimentée par nos démocrates d’un dimanche comme une arme fatale, surtout imparable. Et, comme il fallait s’y attendre, à la faveur de la crise au nord déclenchée par une poignée d’enfants gâtés de la République, une insurrection militaire va pousser le Président ATT, élu démocratiquement à fuir le pouvoir, quelques mois avant la fin de son deuxième mandat. Et, depuis, le pays peine à se repositionner sur une trajectoire capable de lui assurer un développement harmonieux.

Elu de façon exceptionnelle par le peuple qui espérait qu’il serait l’homme de la situation, IBK est en passe de décevoir. La quasi-totalité de ses électeurs, regrettent de lui avoir accordé leur suffrage. Et, comme pour ne pas arranger les choses, une crise monétaire est venue s’ajouter sur les séquelles de la crise du nord, pour faire perdre aux maliens touts ses acquis économiques.

La cherté de la vie est devenue une réalité criarde pour la plupart des maliens. Nombreuses sont aujourd’hui les familles qui n’arrivent plus à garantir le « one by day » ou un plat quotidien à leurs progénitures.

Dans un tel contexte, célébrer le 26 mars n’est-t-il pas un moment de grands questionnements ? Et la première question est celle de savoir que diront nous à tous ceux qui sont morts pour que le Mali démocratique soit. Pour être honnête et sincère avec eux, nous devons leur dire que le Mali démocratique pour lequel, ils ont versé leur sang et donné leur vie, est devenu un temple de la corruption, de la médiocrité, du copinage, de la gabegie, de la tricherie. Il faut leur dire que leur Mali s’est spécialisé dans la promotion des cadres de moindre valeur et a décidé de tuer le mérite, pour faire place à des nominations politiques.

Mais, en bon malien, nous allons nous accrocher aux clichés et leur dire que leur démocratie pour l’avènement de laquelle ils se sont sacrifiés, est et reste une source d’inspiration inépuisable pour un Mali politique, pluriel, socialement uni, économiquement prospère. Là, vous le voyer encore, c’est le malien usurpateur qui parle. Si non le vrai malien, celui des champs et des campagnes, celui des usines et des bureaux et celui des marchés qui payent convenablement leurs impôts qui écument tous le pays de Kayes à Kidal, avec fierté bombera la poitrine pour rendre hommage aux martyrs du 26 mars 1991 : Les martyrs du Général Moussa Traoré et de ses sbires.

Le malien, ce brave peuple, s’inclinera le 26 mars de façon pieuse devant la mémoire de tous ceux qui sont tombés sur le champ de l’honneur.

Aujourd’hui pour la mémoire de ces martyrs qui ont versé leur sang pour que soit géré autrement le Mali, il est nécessaire de s’arrêter et de jeter un regard rétrospectif sur ce qui a été fait en 24 ans.

En attendant ce bilan, nous prenons la responsabilité de dire que les maux qui ont de tous temps contribués radicalement à l’étouffement du développement économique du pays persistent : le laxisme, la gabegie, la fraude, la corruption, le mensonge politique et les complots fabriqués de toutes pièces.

Les problèmes maliens ne sauront se résumer exclusivement en un manque de ressources. Le calvaire malien est essentiellement un problème de timonier. Le Mali veut aujourd’hui un chef qui travaillera pour les intérêts de son peuple et non celui qui va se soucier de la façon la plus inacceptable de protéger les intérêts des puissances extérieures.

Mais, pour avoir un tel chef, il va falloir opérer un changement de mentalité chez les populations et cela est valable pour tout le continent.

Aujourd’hui plus que jamais, il est vraiment temps que les militants convaincus du mouvement démocratique, ceux-là qui au risque de leur vie ont œuvré jours et nuits à la chute de Moussa Traore, de se donner une stratégie pour entreprendre résolument et rapidement au nom de l’honneur, la vérité, la dignité, la justice, le patriotisme et le repos des martyrs, les transformations qualitatives tant attendues pour le bonheur du Mali.

Amadou Coulibaly
Assane Koné

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