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Violences sexuelles au Mali : Pour Zeynab Hawa Bangura, il y a de l’espoir …
mercredi 20 avril 2016, par
La Représentante Spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies pour les violences sexuelles, a effectué une visite dans notre pays, du 11 au 16 avril, et pour elle, les violences sexuelles liées aux conflits, ne sont pas une fatalité.
Ce n’est pas sa première visite au Mali et ce ne sera pas sa dernière, a-t-elle affirmé plusieurs fois. Pour Zeynab Hawa Bangura qui découvrait le Mali, la semaine fut chargée.
La Représentante spéciale pour les questions de violences sexuelles aux Nations Unies, a durant son séjour malien, rencontré la société civile et les autorités, parmi lesquelles, le Président de l’Assemblée nationale, le ministre de la justice du Mali, mais aussi les membres de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation, entre autres, pour évoquer la question des atrocités subies par de nombreuses femmes maliennes durant l’occupation en 2012.
La visite s’est achevée par une escale à Tombouctou le samedi 16 avril et une conférence de presse le dimanche 17 avril, au siège de la MINUSMA à Bamako.
Assistance psychologique et économie du terrorisme
Sur le Nord du Mali, Zeynab Hawa Bangura qui a accordé un entretien à MIKADO FM, explique que les violences sexuelles restent très peu documentées partout en Afrique, et pas seulement au Mali. Premièrement, l’insécurité née des conflits, ne permet pas de collecter les informations et données nécessaires sur les violences sexuelles commises pendant une période donnée. Une autre raison est le contexte socio-culturel prégnant, et la stigmatisation des victimes de violences sexuelles, qui subissent le poids de la honte. Tout cela rend difficile les témoignages et en définitive l’assistance a laquelle ces victimes ont droit. D’autant que dans la plupart des cas, les auteurs de ces crimes courent encore dans la nature ou sont présents dans la communauté.
Ailleurs, sous d’autres cieux, précisé la représentante spéciale, les violences sexuelles se sont institutionnalisées, et deviennent un moyen pour les groupes terroristes comme Daesh, d’attirer de plus en plus de jeunes dans leurs rangs. Enlèvements, rançons, ce business permet de capturer des filles et de les soumettre à un esclavage sexuel. C’est le cas de ces 200 jeunes femmes yezidis, capturées en Irak et vendues pour 800000 dollars. En Afrique, le groupe Boko Haram sévit et tient en captivité des milliers de jeunes filles, des chiffres qui donnent le tournis. Les 276 filles de Chibok constituent d’ailleurs la plus grande opération d’enlèvement de jeunes filles. C’est cela l’économie du terrorisme, dénonce Mme Bangura.
Justice, investigations et prévention
Si la lutte contre les violences sexuelles comporte un volet assistance, il s’agit avant tout pour la Représentante Spéciale, d’un travail de prévention, afin que ces violences sexuelles soient au centre des politiques globales, des questions de droit humanitaire et de contre-terrorisme. Zeynab Hawa Bangura rappelle également le Plan d’action des Nations Unies contre l’extrémisme violent, qui inclut la question de la prévention et de l’autonomisation des femmes. La question étant multidimensionnelle, elle prend également en compte l’aspect paix et sécurité ainsi que le rôle des leaders religieux et traditionnels pour dénoncer et empêcher ces violences... Il faut également des appareils judiciaires forts, souligne Mme Bangura, l’implication active des corps de police, et des investigations sérieuses pour récolter les preuves et témoignages des victimes afin de traduire en justice les coupables. Sur le cas des abus sexuels commis par les casques bleus dans le cadre des opérations de maintien de la Paix, la Représentante Spéciale a réaffirmé la position du Secrétaire General des Nations Unies, à punir de façon collective, les troupes ou contingents qui rendraient coupables de tels actes.
En conclusion, l’un des objectifs de la visite de la Mme Bangura au Mali, était de rencontrer les autorités, d’écouter et d’assister le gouvernement malien afin que la question des violences sexuelles soit une priorité absolue. Mais également pour que les États concernés prennent leur responsabilité en la matière. Au terme de cette visite, Mme Bangura s’est dite optimiste des efforts réalisés par le Mali, notamment à travers sa Commission Vérité Justice et Réconciliation(CVJR). Elle reste convaincue du Plan d’Actions mis en œuvre, et a souligné l’assistance financière et technique dont cette commission aura besoin pour lutter contre les violences sexuelles et garantir une paix durable au Mali. En définitive, Zeynab Hawa Bangura est repartie du Mali, avec beaucoup d’espoir…
Mame Diarra DIOP pour Mikado FM
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