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SAHEL CENTRAL : Une crise alimentaire négligée menace l’avenir de centaines milliers de filles

lundi 30 mai 2022, par Assane Koné

« Si la crise alimentaire dans le Sahel central n’est pas résolue, elle pourrait saper tous les autres efforts humanitaires et faire reculer le développement humain global et les progrès en matière de droits humains réalisés au cours de la dernière décennie, y compris les droits des filles et l’égalité des genres ». Cette déclaration a été faite par Plan International dans un communiqué de presse diffusé le 24 mai 2022, depuis Dakar.

« Le Sahel central est en proie à une crise humanitaire sans précédent depuis près d’une décennie avec des besoins qui ont considérablement augmenté au cours des deux dernières années en lien avec un conflit prolongé, des déplacements massifs de population, le changement climatique, la pandémie de COVID19 et l’instabilité socio-politique », a indiqué le communiqué de Plan International. Et, d’ajouter que, « tous ces facteurs combinés nous poussent vers une crise alimentaire majeure et imminente au Burkina Faso, au Mali et au Niger ».

Selon le PAM et la FAO, « les trois pays du Sahel central font partie des 20 points chauds de l’insécurité alimentaire, avec 9,7 millions de personnes qui devraient être en situation d’insécurité pendant la période de soudure à venir et une situation qui s’aggrave rapidement ». Le Communiqué précise que « les enfants, et en particulier les filles, en paient déjà le plus lourd tribut ».

Le Communiqué de Plan International rapporte les propos pathétiques de Rihanata, 19 ans, Personne Déplacée Interne (PDI) vivant dans la région Centre-Nord du Burkina Faso, la plus touchée par la crise humanitaire : « Quand nous sommes arrivés à Kaya, mon père n’a pu inscrire que cinq personnes pour les dons de nourriture, mais nous sommes dix. Dans notre village, nous étions habitués à ne rien payer. Nous cultivions nos propres céréales, nous ramassions du bois gratuitement dans la brousse, nous pouvions ramasser et cuisiner des feuilles. Ici, nous souffrons de la faim ».

Le Communiqué a ensuite indiqué qu’ « au Sahel Central, 2,3 millions de personnes étaient déplacées internes en avril 2022 », selon OCHA. Il a ajouté que « Et, la nourriture est l’un de leurs principaux besoins ».

Selon Plan International, « au Sahel central, le principal facteur de la crise
alimentaire est en effet l’insécurité : les marchés des zones touchées ne fonctionnent plus ou fonctionnent au ralenti, rendant difficile l’accès aux denrées alimentaires de base et aux sources de revenus ». Pour illustrer cela, le communiqué a rapporté la question qu’une adolescente de Gourma Rharous au Mali, interrogée dans le cadre d’une étude menée par Plan International, se pose : « Notre marché hebdomadaire est le dimanche. Mais quand il y a des attaques, personne ne vient jusqu’à chez nous. Il faut attendre que la situation se calme. Mais en attendant, comment survivons-nous ? ».

Et, pour tout cela, Dr. Fatoumata Haidara, directrice du Cluster Sahel à Plan International, a déclaré : « L’impact spécifique de la crise alimentaire sur les femmes et les filles est trop souvent ignoré. Elle est mal documentée mais néanmoins réelle et traumatisante. Les acteurs humanitaires doivent donner la priorité au financement d’une réponse sensible au genre à la crise alimentaire dans le Sahel central. Les adolescentes ont des besoins uniques qui sont négligés, avec des conséquences dévastatrices sur leur santé et leur bien-être, en particulier lorsqu’elles vivent dans des situations de crise pendant des années ».

Selon le rapport, « au Niger, plus de 4,4 millions de personnes seront en insécurité alimentaire lors de la prochaine période de soudure. Le Mali est confronté à la pire crise humanitaire depuis plus d’une décennie avec plus d’un tiers de sa population dans une situation d’extrême vulnérabilité. Au Burkina Faso, 12% de la population totale aura besoin d’une assistance immédiate pendant la période de soudure à venir dans les régions les plus touchées par l’insécurité et les déplacements ».

Face au problème voici la réponse de Plan International

« Plan International répond à l’aggravation de la crise alimentaire en intensifiant les interventions telles que les distributions de nourriture, l’aide en espèces et en bons d’achat, les repas scolaires, le dépistage de la malnutrition et la supplémentation nutritionnelle », a indiqué le communiqué. Avant d’ajouter qu’ « en plus des interventions vitales, Plan International intensifie la protection des moyens de subsistance et les activités de soutien telles que l’alimentation complémentaire du bétail ainsi que la fourniture de semences et d’autres intrants agricoles ».

Le Communiqué informe aussi qu’ « un appel aux dons pour le Sahel central a récemment été lancé afin de collecter des fonds pour les pays les plus touchés ». Mais, le communiqué a précisé qu’en « mettant particulièrement l’accent sur la prévention et la lutte contre l’impact spécifique de l’insécurité alimentaire sur les filles, les adolescentes et les jeunes, Plan International intensifie également sa réponse à travers la protection de l’enfance sensible au genre, la prévention de la violence sexiste, le développement de la petite enfance, la santé sexuelle et reproductive, les services de défense des droits humains et les programmes d’alimentation scolaire ».

Le communiqué de Plan International a ensuite indiqué que « nous adressons également les mécanismes d’adaptation négatifs et spécifiques affectant les filles dans un contexte de crise alimentaire ». Et, de préciser que « nous protégeons également les moyens de subsistance des communautés et renforçons leur résilience grâce à des actions de relèvement rapide ».

Plan International lance un appel à l’Union africaine

« Nous exhortons les États membres de l’Union africaine à établir des priorités et à engager des fonds pour soutenir et répondre aux besoins des filles pendant les crises humanitaires », a indiqué le communiqué.

Selon le communiqué, « les besoins en matière de sécurité alimentaire devraient augmenter dans un contexte de financement réduit dans ce secteur ». Et, pour cela, Plan International appelle en outre les États membres à prendre des mesures pour mettre en œuvre des politiques qui améliorent l’état alimentaire et nutritionnel des filles, dans la logique du thème de l’UA pour 2022 : « Renforcer la résilience en matière de nutrition et de sécurité alimentaire sur le continent africain ».

« La mobilisation de l’opinion publique internationale, des gouvernements et des donateurs sur la sécurité alimentaire est nécessaire de toute urgence », a indiqué le communiqué de Plan International. Avant de préciser qu’ « au-delà de la crise ukrainienne et malgré tous les défis humanitaires actuels à travers le monde, la crise du Sahel central continue d’exiger l’attention, surtout pour permettre d’éviter une véritable crise alimentaire ».

Plan International est convaincu que « malgré la gravité de la situation, la réponse humanitaire au Sahel central reste largement insuffisante, avec un grand manque de financements ». Le Communiqué précise qu’ « au 4 mai 2022, les plans de réponse humanitaire pour le Mali, le Niger et le Burkina Faso n’étaient financés qu’à 0 %, 9 % et 11 % respectivement ». Dans, un tel contexte, Plan International a indiqué qu’ « avec la hausse des prix des denrées alimentaires, du carburant, des engrais et les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, le risque que les financements de réponse à l’insécurité alimentaire soient réduits ou même coupés est réel. Il est temps d’agir maintenant ! ».

Assane Koné


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