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Protestation contre la MINUSMA : Le Gouverneur de Bamako interdit le sit-in

jeudi 10 septembre 2015, par Assane Koné

« Suite à votre lettre citée en référence, j’ai l’honneur de vous notifier mon avis défavorable ». C’est par cette phrase laconique, que Hadi Traoré, Gouverneur du District de Bamako, dans une lettre en date du 9 septembre 2015, et non motivée, a empêché la société civile malienne d’organisé un sit-in le 10 septembre 2015 devant le siège de la MINUSMA à Bamako.

Décidément la démocratie aura du mal à devenir une réalité au Mali. Par une seule phrase, le Gouverneur du District de Bamako s’est permis de porter à atteinte à une liberté définie : la liberté pour tout citoyen de manifester.

Depuis la période coloniale, au moment des luttes pour l’indépendance des Etats africains, il a été suffisamment admis qu’une autorité administrative pour interdire une manifestation du genre marche ou sit-in, doit motiver sa décision par le fait que la manifestation pourrait troubler l’ordre public et qu’elle disposait pas de suffisamment d’éléments des forces dé sécurité pour préserver l’ordre public.

Au lieu de se conformer à cette exigence, les autorités maliennes ont pris cette vilaine petite habitude de porter atteinte aux libertés définies, sans donner des motifs valables.

Hadi Traoré, Gouverneur de Bamako, vient de signer une lettre qui doit en principe être citée comme le mauvais exemple aux étudiants en droit administratif sur les bancs de l’Université de Bamako.

C’est par une phrase laconique qui constitue l’essentiel de sa lettre qu’il a notifié son avis favorable aux initiateurs de la manifestation devant le siège de la MINUSMA. « Suite à votre lettre citée en référence, j’ai l’honneur de vous notifier mon avis défavorable », a indiqué l’administrateur malien de la période démocratique. En référence, il a pris la peine d’indiquer : « Votre lettre en date du 7/9/2015 relative à l’organisation d’un sit-in devant les bureaux de la MINUSMA ».

En effet le Forum des OSC et d’autres acteurs pour la sortie de crise au Mali avaient projeté de faire un sit-in de protestation devant le siège de la MINUSMA, le jeudi 10 septembre 2015 à partir de 8 heures 30 mn.

Selon le FOSC le sit-in a été motivé par des raisons comme :

• Dénoncer la gestion partisane par la MINUSMA de la protection des populations civiles maliennes dans les régions de Gao, Kidal et Tombouctou ;
• Dénoncer la manipulation évidente de la MINUSMA et de l’ONU par la France dans le dossier dit malien ;
• Questionner la MINUSMA, le Secrétaire Général des Nations Unies et la Communauté Internationale sur leur ambition de participer à l’entreprise de partition de notre pays ;
• Affirmer notre soutien indéfectible aux combats de la Plateforme visant à confier la sécurité des populations d’ANEFIS et des autres localités des régions de Gao, Kidal et Tombouctou aux FAMAS.

A cet effet, il indique que la lettre d’information fut déposée à la Mairie de la Commune II, commune abritant le siège de la MINUSMA le lundi 7 Septembre 2015.

Avant de dénoncer le fait que la Mairie aurait attendu, le 9 septembre 2015 aux environs de 12 heures pour transmettre la correspondance au Gouverneur du District de Bamako.

Les initiateurs de la manifestation ont regretté le fait que c’est à 16 heures, que le Secrétariat du Forum reçoit un appel téléphonique du chef de cabinet du Gouverneur. « Ce dernier l’informe que le sit-in n’est pas autorisé et aussi leur demande d’aller récupérer la notification au Gouvernorat », regrette le FOSC.

Avant d’indiquer que « suite à cette information, les responsables du Forum et les autres organisations ont décidé de suspendre le sit-in en faisant des communiqués dans certaines radios de la place. Ce matin également le Président du Forum était sur le terrain pour informer de la suspension les personnes ayant fait le déplacement ».

Le FOSC rappelle à qui veut l’entendre que la grande surprise dans cette histoire est le contenu de la lettre de notification signée de surcroit par le Gouverneur du District de Bamako dont l’originale a disparu mystérieusement au Gouvernorat ainsi libellé : « Suite à votre lettre citée en référence, j’ai l’honneur de vous notifier mon avis défavorable »

Mais qu’à cela ne tienne, les acteurs de la société civile posent la question suivante : « Ne sommes-nous pas en droit de poser la question qu’au 21e siècle de tel comportement puisse exister encore dans l’administration ? »
Le FOSC est aujourd’hui convaincue, après cette attitude du Gouverneur de Bamako que « les autorités continueront à violer les textes dont elles devraient faire respecter ».
Assane Koné

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