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Protection des jeunes filles aide-ménagères : les miracles du centre du GRADEM

vendredi 15 novembre 2019, par Assane Koné

Le Groupe Recherche Action Droit de l’Enfant (GRADEM), créé en juin 2010, en plus de ses actions de protections des droits des enfants, a créé en son sein, un Centre de Promotion des jeunes filles. Ce centre est sous la direction de Mme Sanihan Véronique Dakono. Il vise à la protection des jeunes filles en situation de détresse, notamment les jeunes filles aides ménagères.

Mme Sanihan Véronique Dakono, directrice du centre de promotion des jeunes filles du Groupe de Recherche Action Droit de l’Enfant (GRADEM), a souligné que le centre accueille les jeunes filles mères, les jeunes filles enceintes, plus particulièrement les jeunes filles aides ménagères et les jeunes filles qui font l’aide-ménagère mais qui n’ont pas l’âge de travailler.

Parlant de son centre, elle dira qu’il fait l’accueil, l’hébergement, la prise en charge psychosociale, médicale, les animations thématiques pour pouvoir développer les aptitudes et les compétences de vie des jeunes filles. Aussi, la recherche des familles de toutes les jeunes filles et les retours sont accompagnés, tenant compte de la distance de sa localité. Pour cela, selon elle « nous demandons à ce qu’un parent se déplace du village et accompagné la fille en famille en toute sécurité. Car les jeunes filles mères sont généralement victimes de tentatives d’abandons d’enfants, si elles ne sont pas accompagnées, elles sont souvent tentées même en cours de route d’abandonner l’enfant. Le centre fait aussi la médiation avant leur retour ».

La directrice du centre GRADEM a souligné que leurs difficultés avec les parents, c’est qu’il y a certains qui ne coopèrent pas, surtout quand la fille à un enfant. Dans ce cas c’est la médiation qui pose problème mais dans la majeure partie des cas ils arrivent à trouver une solution. Autres difficultés c’est la recherche des familles, il y a des filles qui changent de noms, de localités, d’autres vont dire que leurs parents sont décédés alors qu’ils vivent.

Mme Sanihan Véronique Dakono a indiqué du mois de janvier à nos jours, le centre a accueilli 60 jeunes filles, dont 10 filles mères, 10 filles enceintes et les autres jeunes filles de moins de 15 ans. Elle a ajouté que dans le centre, les filles qui ne sont pas enceintes peuvent rester jusqu’à deux mois et les filles enceintes peuvent rester jusqu’à 4 mois. Mieux, le centre appui les jeunes filles à faire des activités génératrices de revenus : l’art culinaire (des recettes économiquement à table).

Il faut noter que les partenaires, les structures qui orientent les jeunes filles généralement c’est la brigade des mœurs, les associations de base, les directions de services locales de promotion féminine, l’hôpital du Mali, les CCREF, les CSCOM et les personnes de bonne volonté.

Compte tenu des activités du centre, il a été constaté par rapport à l’année précédente, qu’il a eu une réduction de jeunes filles mères et enceintes, contrairement aux jeunes filles de moins de 15 ans. Car elles sont beaucoup, actuellement à venir à Bamako et ce sont elles qui représentent la grande partie des problèmes. Les petites filles de moins de 15 ans (11, 12, 13 14 ans) arrivent au centre, suite à des cas d’égarement et la maltraitance. Aussi, cette année des améliorations ont été constatées surtout au niveau des espaces d’intervention à savoir : des espaces d’éducations à la commune V et la VI, des groupements des femmes qui les aident avec les animations sur les droits et devoirs des aides ménagères et sur les grossesses non désirées.

« Notre combat ce n’est pour arrêter l’exode des jeunes filles connaissant les réalités des villages, mais nous voudrions que cela soit règlementé au moins qu’il y ait des mesures qui doivent être prises et le respect de la loi », a-t-elle déclaré. Elle a lancé un appel à l’Etat de faire en sorte que tout ce qui a été signé (les conventions) pour la protection des droits de l’enfant soit respecté.

Témoignage des jeunes filles aide-ménagères

« Je suis à Bamako aujourd’hui c’est parce que mes parents m’ont donné en mariage forcé. Et si je suis au GRADEM étant comme fille mère, j’ai eu une dispute avec ma patronne qui me disait que je ne peux pas rester chez elle étant enceinte, donc elle m’a dit de partir chercher un autre travaille. Un jour j’ai laissé mon enfant chez ma patronne pour aller chercher du travail. J’ai quitté le matin jusqu’au soir, avant mon retour elle est allé déclarer à la brigade des mœurs que je voulais abandonner mon enfant. J’ai été arrêtée par la brigade durant 5 jours. C’est la raison par laquelle on m’a fait venir au GRADEM quand mon enfant avait 7 mois ». Elle a ajouté que depuis ce jour, elle et son enfant ont reçu une prise en charge sanitaire effective. Pour cela, elle a remercié GRADEM, plus particulière la directrice du centre pour tous les accompagnements et grâce à qui la paternité de son enfant a été reconnue et on lui a donné son acte de naissance. Elle a invité les parents à cesser la pratique des mariages forcés qui cause des souffrances à de nombreuses jeunes filles aide-ménagères.

Toujours dans la même dynamique, une autre jeune fille aide-ménagère nous dira, « J’ai fui mon village pour venir dans la ville parce que ma mère me disait sans cesse que je ne travaille pas bien à l’école. Une fois à Bamako, j’ai travaillé comme aide-ménagère chez une dame durant 2 mois pour la première fois sans toucher mon salaire. Après ce temps alors que je suis tombée enceinte, j’ai décidé de chercher un autre travail. À cause de ma grossesse, ma deuxième patronne a décidé de m’orienter au GRADEM grâce à l’une de ses connaissances ».

En appréciant ce geste, elle fait savoir que, quand-elle a été reçue au centre du GRADEM, elle n’avait reçu aucune vaccination, tout cela a été pris en charge, même les échographies. « J’ai été traitée comme il faut et je compte retourner dans m’a famille et donner l’enfant à son père afin de travailler à nouveau. Je remercie le GRADEM qui a fait en sorte que la paternité de mon enfant a été reconnue en lui donnant un acte de naissance », dit-elle.

Bintou COULIBALY


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