Actualités > Pénurie de passeports maliens : Vers un début de solution ?

Pénurie de passeports maliens : Vers un début de solution ?

vendredi 31 juillet 2015, par Assane Koné

La crise du passeport et des cartes d’identité a fait couler beaucoup d’encre et de salive. De mémoire de malien, aucun sujet n’a autant cristallisé l’actualité malienne de ces dernières années. Plusieurs fois au cœur d’interpellation de membres de Gouvernement, le sujet a été au centre de débats houleux au Parlement.}

Faute d’une administration efficace et victime de fonctionnaires peu scrupuleux, préoccupés par le gain facile, le pauvre citoyen malien est contraint de se lever avec le champ des coq pour aller faire la queue, soit devant l’un des commissariats du District de Bamako dans l’espoir d’avoir sa carte d’identité nationale, soit devant la direction de la police des frontières pour entrer en possession de son passeport. Pire, certains y passent des semaines et des mois sans avoir gain de cause.

Comme créée de toute pièce, cette pénurie a favorisé une atmosphère ambiante de corruption, qui a permis la mise en place de vastes réseaux au sein de la police avec de grandes complicités. Des mafiosi au niveau de la Police nationale, comme par enchantement, venaient de découvrir la poule aux œufs d’or.

Sans vergogne et sans scrupule, ils ont mis en place des dispositifs qui contraignent les populations, déjà croupissant sous le poids de la misère, du chômage et de la cherté de la vie à payer très cher pour avoir ces deux documents administratifs : Plus de 5 000 FCFA au lieu d’au plus 1600 FCFA pour la carte d’identité et 250 000 FCFA, voir 500 000 FCFA pour le passeport au lieu de 50 000 FCFA. Cela se fait depuis des mois, voire des mois sans que cela ne gêne aucune autorité malienne.

Les trois interpellations successives du Ministre de la sécurité et de la protection civile par le président du parti SADI, l’honorable Oumar Mariko, sur la question de la pénurie de passeports et de cartes d’identité nationales, qui ne se justifie pas, sont en passe de porter fruit.

Prenant toute la mesure de la situation, le gouvernement malien a décidé de faire face au phénomène à travers des mesures concrètes. Quelles sont ces mesures ? Sont-elles satisfaisantes ? Quelles autorités administratives doivent-elles les prendre ?

Annoncée dans le journal télé de 20 h (du 20 juillet 2015) par le Ministre de la communication, porte-parole du Gouvernement, ces mesures ont été accueillies par les populations avec un énorme soulagement voyant ainsi la fin de leur calvaire.

Concrètement, le pouvoir politique a décidé de satisfaire les 19 330 demandes de passeport en souffrance au niveau des services de l’immigration et dans un délai de dix jours. Pour les besoins de la cause une flopée de mesures a été annoncée :

• Création de brigades pour gérer au plus vite les demandes pendantes
• Création de guichets spéciaux pour les personnes âgées, les sportifs, et les malades pour les évacuations
• Fixation du rendez-vous pour la réception du formulaire de demande de passeport de 6 h30 mn à 8h 30 pour mettre fin à la queue qui s’était formée dans l’enceinte du service de l’immigration
• Octroi du passeport après demande dans un délai de deux semaines
• Licenciement pur et simple de tout agent qui enfreindra ces dispositions.

Visiblement, au stade actuel des choses, aucune tête n’est tombée. Pourtant cette pénurie était une manœuvre savamment orchestrée par une mafia organisée pour se remplir les poches. Comme à l’accoutumé les gouvernants ont préféré s’attaquer au mal sans chercher à connaitre ses origines.

Si ces mesures paraissent comme un début de solution pour les passeports, elles ne proposent pourtant rien pour les cartes d’identité plus sollicitées que le passeport. En effet le gouvernement serait-il indifférent au calvaire de nos compatriotes qui ont commis le péché d’être Malien ? De toute évidence, ce réaménagement est louable et salutaire. Mais il est de loin satisfaisant et donne un goût d’inachevé.

Pour notre part, le bon sens voudrait que la mise en œuvre de ces réformes soit conduite par des hommes neufs à la tête des commissariats jusqu’à la direction nationale des services de l’immigration. De guerre lasse ! Est-ce trop demander pour le gouvernement qui veut du neuf avec de l’ancien ?

Cependant, il est inadmissible qu’au XXI siècle, caractérisé par le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication, fruit de la révolution numérique que l’administration malienne ne puisse pas offrir aux citoyens des passeports, cartes d’identité, en recourant à ces moyens électroniques.

En tous cas la résolution de la crise semble être en bonne voie. Cette crise risque d’être un triste souvenir pour notre pays, qui pourra faire face aux grandes questions de développement.

Alpha Sidiki Sangaré

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.