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PROMOTION DES DROITS DE LA FEMME : Le passage obligatoire par la masculinité positive

lundi 8 mars 2021, par Assane Koné

Au Mali, l’arbre a tendance à cacher la forêt. La situation des femmes demeure très peu reluisante non seulement au regard des textes, mais également au regard des pratiques. L’exploration de la notion de la masculinité positive, pourrait aider le Mali à faire un grand pas dans le champ de la promotion des droits des femmes ?

Estimant qu’il faille faire quelque chose pour l’amélioration de la situation des droits des femmes, l’Association des Femmes entreprenantes du Mali (AFEM) et l’Association Mali Tradition (AMTRAD) ont organisé le 2 mars 2021, une conférence débat au Mémorial Modibo Keita.

« La présente rencontre vise le renforcement du leadership féminin et la promotion des masculinités positives : les obstacles à l’épanouissement des femmes en activités », a indiqué Mme Camara Kadiatou Doumbia, Présidente de l’AFEM et du consortium AFEM/AMTRAD. Elle a remercié Affaires Mondiales Canada, représenté par CECI-SOCODEVI, à travers le Projet Voix et Leadership des Femmes (VLF Musoya) pour le financement de leur activité.

Selon elle, le sujet au centre du débat est d’une importance capitale pour notre société, parce que concerne les femmes en activité. « Au Mali, les femmes en activité et les femmes cadres sont victimes de l’emploi du temps dans leurs services respectifs », a-t-elle déclaré. Avant de se soulever contre le fait que de nombreux divorces ont lieu parce Madame rentre tard à la maison. Elle ne pense pas qu’il y ait suffisamment d’hommes qui comprennent la pression qui pèse sur les femmes en activité dans la gestion du temps.

Dans tous les cas, Mme Camara Kadiatou Doumbia pense qu’il est temps de porter sur la place publique, ce débat qui concerne les femmes et les hommes, mais aussi les décideurs, les employeurs, les organisations syndicales et les associations de défense des droits humains. « Il doit être un débat de société pour favoriser l’avènement d’une masculinité positive pour instaurer un climat de paix durable dans nos foyers », a-t-elle déclaré. Mais, qu’à cela ne tienne, elle a prôné l’indispensable communication entre les conjoints pour aplanir des défis liés à la gestion du temps de travail.

Mme Oumou Bolly Diallo, en sa qualité de conférencière est ensuite intervenue pour le développement du thème : « le renforcement du leadership féminin et de promotion de la masculinité positive : les obstacles à l’épanouissement des femmes en activité ».

Dans son exposé la conférencière a rappelé les textes juridiques qui encadrent les droits des femmes et notamment le droit de la femme à travailler dans les mêmes conditions que l’homme. Elle a aussi fait l’analyse comparée de la situation des femmes en activité, en occurrence les femmes cadres, avec les acquis des instruments juridiques. Et, enfin, elle a rappelé la nécessité pour les autorités, les employeurs, les syndicats, les hommes et les groupes de faitières des défenseurs de droits de contribuer à l’amélioration des conditions de travail des femmes en vue de leur permettre de concilier le travail et le foyer.

Dans son intervention, la conférencière a réservé une place de choix à la notion de masculinité positive. Selon elle, « la masculinité est la manière dont les hommes définissent leur identité en tant qu’hommes en fonction de ce que l’on sait à propos du genre masculin, de ce qui est attendu des hommes par la société et de ce que chaque individu définit selon ses propres sentiments, intérêts et connaissances ».

Au regard de cette définition, elle dira que la masculinité est construite constamment par les hommes, alors elle évolue de façon permanente et peut se transformer. Mieux, elle pense que la masculinité répond aux besoins des hommes et des garçons de se sentir acceptés par la société. Elle dira que la masculinité dépend du contexte social et historique et varie dans son expression et manifestation selon l’âge, l’origine, la classe sociale, la religion, le fait d’être ou non une personne avec un handicap.

Elle a estimé que les hommes sont permanents guidés par des normes de genre c’est à dire « un système de croyances culturelles et de valeurs sociales construites et acceptées, vues comme universelles et " naturelles ", qui détermine le fait d’être un homme ou d’être une femme selon les rapports de pouvoir existant ». Malheureusement, elle dira que « ces normes leur ont fixé des rôles selon les attentes de la société. Historiquement, ces rôles ont fait entrer les hommes dans des comportements qui peuvent être violents et qui affectent l’intégrité des hommes-eux, des femmes et de l’environnement qui les entoure ».

Et, face à cela, elle a estimé que pour assurer les droits de toutes les personnes, c’est nécessaire de développer d’autres manières d’être hommes : d’où l’approche masculinité positive. « Cette approche reconnait que les hommes peuvent donner de nouvelles significations au fait d’être homme et que ce n’est pas normal, nécessaire, ni naturel d’associer la masculinité à la violence », a-t-elle déclaré. Avant d’ajouter que « la masculinité positive c’est la masculinité non-violente, démocratique, pacifique, inclusive, co-responsable, démonstrative et engagé ».

Pour la conférencière, il s’agit donc d’une forme alternative d’être homme qui reconnait les hommes, les femmes, les filles et les garçons comme des êtres humains égaux et invitent les hommes à participer à la construction de sociétés égalitaires, inclusives et peuvent offrir les mêmes opportunités pour tout le monde.

Cependant, au-delà des hommes, la conférencière a estimé que cette approche fait appel å l’état, afin qu’il joue sa partition en tant que garant des droits des êtres humains (hommes et femmes). « Le Mali a traduit cette volonté à travers l’adoption de plusieurs engagements au niveau régional international », a-t-elle déclaré.

Selon la conférencière, au plan national plusieurs textes existent et prennent plus ou moins en compte la dimension droit des femmes. « Cependant l’arbre ne doit pas cacher la forêt au Mali la situation des femmes demeure très peu reluisante non seulement à l’égard des textes, mais également à l’égard des pratiques relatives aux femmes », a-t-elle conclu.

Assane Koné


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