La lutte contre le VIH pédiatrique était au centre d’une conférence de presse organisée par le REMAPSEN en partenariat avec ONU Sida, dans le cadre de la journée mondiale de lutte contre le VIH/SIDA. Elle s’est tenue à la Maison de la presse, le mercredi 6 décembre 2023.

La commémoration du 1^er décembre, journée mondiale de lutte contre le VIH/Sida vise à rappeler les acquis et les défis pour que chaque acteur puisse s’engager dans la prévention et la prise en charge des personnes infectées et affectées par la maladie. C’est également une opportunité pour mobiliser tous les acteurs des secteurs public, privé, de la société civile et des partenaires techniques et financiers afin de renforcer leurs engagements pour une réponse internationale, nationale et locale plus vigoureuse et efficace en vue de l’élimination du VIH/SIDA d’ici l’horizon 2030. Le thème international de cette édition 2023 est : « Confier le leadership aux communautés ». Au Mali, le thème national retenu est : « Accélérer le dépistage par le Leadership Communautaire ». Lors de cette rencontre avec la presse, une communication a été faite sur le VIH chez les enfants par D^r Bassirou Diallo, conseiller sciences, services et système ONU SIDA.

Selon le rapport 2022 publié la semaine dernière par l’ONU-SIDA, 1,5 million d’enfants de 0 à 14 ans vivaient avec le VIH Sida dans notre région. Au même moment, 2/3 de ces enfants ne bénéficiaient pas de traitement ARV. A côté de ces données mondiales, le Mali n’en fait pas l’exception avec des chiffres concernant les enfants qui font froid au dos. « Le combat contre le VIH Sida, doit être une lutte commune, particulièrement le cas des enfants », déclare Fanta Diakité, coordinatrice du réseau des médias africain pour la promotion de la santé et environnement (REMAPSEN Mali). Ajoute-t-elle, les personnes qui sont correctement informées au sujet de l’épidémie du VIH/SIDA peuvent évaluer la menace que constitue le virus et adopter les meilleurs moyens pour éviter l’infection, au cas où elles sont séropositives, elles sauront comment prendre soin d’elles, de leurs partenaires et de leur famille. C’est ce qui justifie notre démarche du « Rendez-vous du REMAPSEN » sur le « VIH pédiatrique ». Qu’il s’agit d’informer et outiller les journalistes sur les situations relatives au VIH pédiatrique ; impliquer davantage les journalistes dans la lutte contre le VIH en général au Mali. « Cette épidémie à développement rapide demande une riposte tout aussi rapide, avec une action harmonisée, une implication de chacune et de chacun d’entre nous, pour un monde sans le VIH Sida », a-t-elle conclu.

Situation du VIH chez les enfants au Mali

Selon D^r Bassirou Diallo, conseiller sciences, services et système ONU SIDA, en 2022, 87% des enfants dépistés du VIH ont été mis sous traitement (773/886) ; le taux de transmission mère enfant à six semaines était respectivement de 18,39% en 2019 ; 19,77% en 2020 et 15,87 en 2021. La transmission mère-enfant en période d’allaitement était respectivement de 30,47% ; 30,55% et 26,62% pour les mêmes périodes. Ensuite, la couverture ARV chez les enfants était de 23% en 2019 ; 29% en 2020 et 42% en 2021. Pour D^r Diallo, grâce aux interventions PTME les infections pédiatriques évitées étaient de 541 en 2021 contre 844 en 2022.

A ses dires, les principales lacunes dans le continuum des services de prévention de l’infection à VIH portent sur : la faible couverture des services PTME dans les établissements offrant les services de CPN (soit 1197 sur 1714 sites CPN) ; la mobilité des personnels qualifiés ; l’irrégularité dans la disponibilité des produits de santé sur les sites ; l’absence d’activités de rétention dans la période d’allaitement dans les sites (activités culinaires, ….) ; le manque de financement pour la réalisation des activités (supervision, achat de produits de santé, formation continue, révision des outils, …).

Parlant de la situation au Mali en 2022 selon Spectrum, il dira que 0,9% de prévalence chez les 15-49 ans ; 1,2% chez les femmes et 0,6% chez les hommes. A cela s’ajoute, 120 000 nouvelles infections dont 1 800 enfants et 2 700 femmes. Ensuite, 4 900 décès liées au Sida dont 1 200 enfants et 2 100 femmes et 33% de PTME. Ce qui démontre que la couverture PTME a considérablement chuté de 49% en 2021 à 33% en 2022.

Des efforts ciblés et un engagement nettement plus fort sont nécessaires pour remédier à l’inégalité d’accès aux services de lutte contre le VIH et aux résultats obtenus par les enfants. Selon lui, il faudra des changements significatifs dans la prestation des services et la création d’un environnement plus favorable pour retrouver l’élan initial ; les programmes doivent devenir plus intelligents dans leurs stratégies de dépistage, ainsi que dans la recherche des femmes ‘’manquantes’’ qui vivent avec le VIH mais ne reçoivent pas de thérapie antirétrovirale et assurent la suppression virale. La discrimination et la stigmatisation sont autant d’obstacles qui empêchent les personnes vivant avec le VIH d’accéder aux ressources vitales dont elles ont besoin pour mener une vie saine et productive.

Bintou COULIBALY