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Le patriotisme, hier et aujourd’hui : Regards croisés sur une notion capitale dans l’édification d’une nation

mercredi 8 octobre 2014, par Assane Koné

L’article 22 de la constitution malienne du 25 février 1992 stipule que : « La défense de la patrie est un devoir pour tout citoyen ». A la lumière de cet article on peut se demander, qu’est qui reste de la citoyenneté de nos jours ? Surtout en ces temps-ci où la République est éclaboussée par des scandales de corruption à répétition. Et que notre pays fait l’objet d’agression, à la fois, de la part de « ses fils » et des bandits de tous acabits. A la faveur de cette 54e anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté nationale et internationale de revenir sur cette notion de citoyenneté (du passé), qui aujourd’hui, faut-il le reconnaitre, les uns et les autres ont du mal à donner un contenu évident. Pour ce faire, nous avons approché, à la fois : un sociologue, un religieux, un Etudiant, un retraité et une enseignante, ou tout simplement des citoyens lambda sur cette question. Regards croisés sur une notion capitale dans l’édification d’une nation…

Bréhima Traoré, sociologue : « Nous sommes le reflet de nos anciens… »

Avant de parler sur le patriotisme nous allons d’abord définir la patrie et le patriote. La patrie est un territoire bien défini sur lequel est né un groupe d’homme et vivant en communauté. Ces hommes doivent être animés par le désir de vivre ensemble pour consolidés leurs patries. Quant au patriote nous dirons que c’est un habitant d’un pays, c’est une définition très simple. Ce patriote doit agir pour l’intérêt de sa patrie d’abord avant son intérêt personnel. Il s’exécute de ses devoirs avant de réclamer ses droits. Pour le patriotisme nous dirons que c’est l’ensemble des normes, de conduites établies dans un pays qui doivent être respectés par tout patriote (citoyen). Les patriotes d’hier et ceux d’aujourd’hui sont différents. Ce ne sont pas les mêmes périodes, les conditions sont différentes. Dans les années 1980 avant que l’on ne finissait avec ses études, on était embauché contrairement à aujourd’hui. Il existe toujours des patriotes au sein de notre société, les patriotes d’hier étaient contrôlables, car n’étaient pas aussi nombreux. Avec le développement de l’outil informatique maintenant il est difficile de contrôlé les travailleurs. Pour ce problème de patriotisme, on doit chercher les racines et non les branches. Nous sommes le reflet de nos anciens car, en quelque sorte, ils n’ont pas légués leur amour de patriotisme à ceux d’aujourd’hui. Pour qu’il y’ait des patriotes, les gens doivent prendre conscience en cessant de dilapider les fonds de l’Etat, servir dans la dignité avec probité. Quant à l’Etat, il se doit d’éduquer les jeunes générations, les former. La formation ce n’est pas le fait seulement d’avoir des diplômes, la formation c’est la reconnaissance de nos valeurs, il faut instruire les gens dans les domaines de nos ressources humaines. Je pense que c’est seulement à l’issue de cette formation que l’Etat mettra les gens à la place qu’ils leurs conviennent.

Adama Dembélé, ingénieur agronome à la retraite : « Le Soudanais est différent du Malien… »

Le patriotisme c’est l’amour pour sa patrie. L’honnêteté, la morale et la probité envers sa patrie. Sous la première République c’était l’engagement au service de sa nation et celui qui échouait dans l’exercice de cette mission rendait sa démission pour être loyal. On recrutait les gens en fonction de leur mérite contrairement à aujourd’hui. Auparavant c’était l’homme à la place qu’il fallait. Le patriote d’aujourd’hui pense d’abord à remplir sa poche en empêchant la construction des hôpitaux, la réalisation d’infrastructures scolaires et beaucoup d’autres. L’homme change en fonction du temps, le Soudanais est différent du Malien.

Adam Tolo, imam de la mosquée de la Cité Tombouctou(Sokorodji) : « Le musulman doit toujours agir pour le bonheur de sa patrie… »

Il ne saurait y avoir de religion sans pays, car c’est dans le pays que la religion est pratiquée. Les deux vont de pair en ce sens que tout patriote doit être d’abord droit envers sa patrie et remplir ses obligations. Le jour où Allah demanda au prophète Mohamed (PSL) de quitter la Mecque pour Médine, en allant, il s’est arrêté à la sortie de la ville puis se retourna en disant : « Oh ! Mecque tu es ma seule patrie à laquelle je donnerais tout » et puis continua sous l’ordre de Dieu. C’est pour montrer à tel point que le prophète tenait à sa patrie. Dans un hadith Nafass Issou Al Hibroua (P14), le prophète Mohamed (Psl) disait : « Quiconque aurait vu un mal se produire doit agir par ses mains, soit par sa langue ou à défaut de son incapacité d’agir, exprimer son mécontentement ». C’est pour une fois de plus montrer que le musulman doit toujours agir pour le bonheur de sa patrie. Nous répondrons tous devant Dieu pour ce que nous avons fait pour notre pays, c’est la parole de Dieu.

Mamadou Touré, étudiant en 4e année droit des affaires : « De nos jours, on peut dire que le patriotisme n’existe plus »

Le patriotisme est tout d’abord l’amour pour sa patrie, on entend par amour de la patrie l’amour de son histoire, de sa culture et de sa situation géographique. Ce qui fait l’ensemble d’une nation. A l’observation de ce qui précède nous pouvons dire que le patriote est une personne qui met d’abord la nation devant tout y compris sa propre vie comme dans notre hymne national « la patrie ou la mort ». En effet, les patriotes d’hier sont très différents de ceux d’aujourd’hui car les patriotes d’hier connaissaient la définition de la patrie, ils avaient aussi l’amour de la partie puisque tout le monde étaient égaux, ils partageaient la même culture ainsi que la même histoire. Tandis que de nos jours on peut même dire que le patriotisme n’existe plus à cause de l’individualisme, l’inégalité entre les personnes d’une même nation, le manque d’éducation ainsi que le favoritisme des bourgeois sur les classes moyennes. La solution à ce manque de patriotisme est tout d’abord l’éducation ainsi qu’à l’égalité entre les citoyens devant la loi.

Ouleimatou Ouad, enseignante : « Nos chefs doivent être exemplaires »

Le patriotisme pour moi, c’est avoir l’amour de son pays, travailler pour son pays, c’est aussi donner le meilleur de soi-même. Sous la première République nous pouvons dire qu’ils y’ avaient des vraies patriotes. On se donnait pour le travail bien fait, on se sacrifiait pour le bonheur de sa patrie. Aujourd’hui à cause de l’argent on se soucie même plus de son honneur, l’important pour les patriotes de nos jours c’est de remplir leurs poches par l’argent du contribuable. Pour moi ce manque de patriotisme tire sa source du sommet, c’est-à-dire de nos anciens. Je crains pour l’avenir de nos enfants, je suis blessé dans mon cœur. Une seule personne ne peut pas construire un pays. Donnons-nous la main pour vaincre ce manque de patriotisme afin que notre pays ait un meilleur avenir, nos chefs doivent être exemplaires.

Propos recueillis par Sidiki Adama Dembélé, stagiaire
(LE REPUBLICAIN)

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