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Le MP22 en conférence de presse : « Non à l’accord d’Alger du 25 février 2015 »

lundi 20 avril 2015, par Assane Koné

Le MP22 dans une déclaration dit non à l’accord d’Alger. Lisez la position du MP22 sur le document

Chers amis ; Mesdames, Messieurs les journalistes, ici –même, le 17 janvier, nous nous sommes entretenus sur les pourparlers d’Alger. A cette époque notre critique était consacrée essentiellement au préambule qui était un concentré des thèses de la rébellion.

Le texte définitif-provisoire qui vient d’être paraphé par le gouvernement de notre IBK national semble à première vue avoir tenu compte des critiques sur ce point. Mais le problème avec IBK, c’est qu’il doit jouer à la souris et au chat avec Mr François Hollande, l’actuel chef de la Françafrique et en même temps jouer au chat et à la souris avec le peuple malien.

Vous comprendrez alors qu’il lui est plus facile d’induire une partie de la nation en erreur que de tromper Mr François Hollande à qui il croit devoir tout et dont il a une peur panique de la supposée toute puissance.

Aujourd’hui le gouvernement bat campagne sur le fait que les opposants à l’accord s’accrochent à des mots. Querelle qui en dit long sur son propre état d’esprit. En effet, qu’est ce qu’un accord ? Un assemblage de mots disposés selon certaines règles qui permet d’aboutir à des résultats concrets. Rien de plus, rien de moins.

Aussi, tout en améliorant le préambule pratiquement réduit à des salamalecs, ce dernier renferme quand même la reconnaissance de « la nécessité d’une gouvernance conforme aux spécificités géo historiques et socioculturelles des régions du Nord, … ».

Le MP22 persiste et signe : la gouvernance dans une République Unitaire est une et indivisible, elle « doit être générale, démocratique, transparente et égale pour toutes les composantes de la république à moins que l’on ne veuille faire des citoyens de seconde zone ».

Le MP22 rejette le terme AZAWAD surtout de la manière controversée et confuse avec laquelle il est évoqué dans le texte ; en outre, le Mouvement du 22 mars s’inquiète vivement de la représentation régionaliste voire ethnique que les signataires veulent introduire dans la vie politique nationale. C’est le début de la dislocation de l’Unité nationale malgré toutes les dénégations des tenants de l’accord du 25 février. On ne peut d’ailleurs pas comprendre cette introduction de la composante régionaliste et ethnique dans la vie politique nationale après le passage du président IBK sur les medias pour fustiger cela.

Si comme le clament les partisans du gouvernement, l’unité nationale et la forme laïque de la République sont préservées, pourquoi chercher à créer des institutions spécialement pour certaines régions ?

Ainsi l’Article 6 : « Les Parties conviennent de mettre en place une architecture institutionnelle permettant aux populations du nord, dans un esprit de pleine citoyenneté participative, de gérer leurs propres affaires, sur la base du principe de libre administration et assurant une plus grande représentation de ces populations au sein des institutions nationales. »

Au fond cet accord est anti républicain, injuste et de caractère féodal. Ainsi il ne parle jamais d’une juste représentation des populations du nord, si injustice il y a dans cette représentation mais d’une plus grande représentation qui on l’imagine facilement se fera au détriment d’autres régions, et ceci de manière injuste. Ceux qui ne comprennent pas le caractère conflictuel de ces clauses de l’accord n’ont rien compris de la vie ou jouent sciemment contre l’Unité de notre nation.

Néanmoins, ces accords du 25 février 2015, sous couvert de spécificités socioculturelles des régions du nord, délégitiment une fois pour toute la rébellion armée au nord de notre pays en réduisant toutes ses revendications à des questions de représentation des régions du nord dans l’appareil d’Etat qui comme chacun le sait est une machine parasite chez nous, machine dont beaucoup de ceux qui sont censés servir la nation en la faisant fonctionner vivent de la sueur, des larmes et du sang de notre peuple meurtri. C’est un appareil de type féodal dont les rebelles veulent s’emparer pour asseoir leur domination sur toute la nation.

Pour revenir à l’article 6, il comporte deux principales composantes dites locale et nationale. Au niveau local, l’accord réinvente la roue et veut instaurer la décentralisation au nord et incidemment dans tout le Mali. Or nous savons tous que depuis bientôt 20 ans, la décentralisation existe dans notre pays. S’il existe des imperfections, et elles existent, il aurait fallu les signaler afin de leur apporter des solutions. Mais la seule chose que l’accord nous apporte en matière de décentralisation, et elle n’est pas des plus positives, c’est l’élection d’une Assemblée Régionale au suffrage universel direct et d’un Président Régional lui aussi élu au suffrage universel direct. Ici nous avons deux problèmes majeurs :

A – 1er problème : on nous propose l’élection d’une institution et de son président selon deux scrutins parallèles et indépendants. Qui commandera à qui, surtout dans une région où le séparatisme est entretenu par l’impérialisme occidental ?

B – 2e problème : multiplicité pour ainsi dire à l’infini des élections au Mali. Ainsi nous aurons :
1°) – les élections municipales ;
2°) – les élections des conseils de cercle ;
3°) – les élections des Assemblées Régionales ;
4°) - les élections des Présidents des Assemblées Régionales ;
5°) - les élections des députés ;
6°) – l’élection du Président de la République.

Sans parler du caractère peu sérieux d’un tel système institutionnel, on se demande comment un pays pauvre comme le Mali va s’y prendre pour financer autant de scrutins ?!

Sans état d’âme et toute honte bue, l’accord veut : « réactiver et diligenter le processus de mise en place de la deuxième chambre du Parlement sous la dénomination de Sénat, de Conseil de la Nation ou de toute autre appellation valorisante de sa nature et de son rôle, et en faire une institution dont les missions et la composition favorisent la promotion des objectifs du présent Accord ; », par « objectifs du présent Accord », il faut entendre la surreprésentation des régions du nord dans les institutions nationales !

Qui ose encore douter du caractère de République bananière de notre démocratie, notre président et son gouvernement étant à la solde d’une certaine France, celle de la Françafrique de Mr François Hollande.

Toujours au niveau national, l’article 6 propose d’ « - améliorer la représentation des populations à l’Assemblée Nationale par l’augmentation du nombre de circonscriptions électorales et/ou toutes autres mesures appropriées ; ».

Il y a une seule et unique manière démocratique d’améliorer la représentation des populations au niveau parlementaire : réduire le nombre d’habitants nécessaire pour élire un député en partant du principe un homme – une voix ! Au Mali, actuellement, ce nombre est de 60 000 habitants. Si vous le réduisez, en le ramenant, mettons par exemple à un député pour 50 000 habitants, vous allez automatiquement réduire la proportion des députés du nord à l’Assemblée Nationale, ce qui ne veut pas dire que les populations du nord ne seront pas mieux représentées au parlement.

Mais nous savons que cela n’est pas l’esprit de l’accord. Dans l’esprit des rebelles, la notion – un homme, une voix – est une inconnue et chaque région in fine doit avoir le même nombre de députés que toute autre région, la notion de démographie étant une quantité négligeable, peu importe par ailleurs que la majorité de la population de Kidal par exemple, habitent et votent dans d’autres régions du Mali.

Allant de mal en pis, l’accord glisse de plus en plus vers une tendance réactionnaire et anti démocratique en prônant « l’ouverture du haut Conseil des collectivités aux notabilités traditionnelles », « une meilleure représentation des populations du Nord du Mali dans les institutions et grands services publics, corps et administrations de la République. »

A l’article 16, un des alinéas se propose de « - favoriser le recrutement dans la fonction publique des collectivités territoriales, dont les effectifs seront majoritairement réservés aux ressortissants des régions du Nord. » . Ici nous osons espérer que les effectifs majoritaires réservés aux ressortissants des régions du nord concernent exclusivement les régions du nord, car nous ne pouvons imaginer que le « recrutement dans la fonction publique des collectivités territoriales, » de la région de Kayes par exemple, puisse réserver une majorité d’effectifs à quelque région quel qu’elle soit !

En conclusion, nous constatons d’une manière générale que cet accord, loin de vouloir corriger de prétendues injustices faites aux populations du nord, tend plutôt à créer des situations de rente au sein de la République pour une catégorie de citoyens au nom de la couleur de peau, de leur origine régionale ou ethnique.

En conséquence, le Mouvement Populaire du 22 mars appelle les forces patriotiques de notre pays à dénoncer l’accord d’Alger et à se mobiliser pour empêcher sa signature.

Bamako, le 18 mars 2015
Pour le MP22/ Le secrétariat de la coordination

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