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Festival International du Triangle du Balafon : Le groupe DAMBÉ de Bougouni remporte le grand prix Lamissa Bengaly
lundi 13 octobre 2025, par
Les lampions sont tombés sur la 9 ème édition du Festival International du Triangle du Balafon à Sikasso, le 11 octobre 2025, dans la salle de spectacle Lamissa Bengaly.
Du 9 au 11 octobre 2025, Sikasso, la capitale du Kénédougou, à la faveur de la 9 ème édition du Festival International triangle du Balafon, est devenu la capitale du Balafon de l’Afrique de l’ouest.
A la faveur de cette manifestation qui vise la cohésion, la paix et le brassage entre les populations des pays de l’Afrique de l’ouest qui ont en commun l’usage du mythique Balafon, Sikasso a connu une animation particulière.
Pendant deux nuits, les troupes du Mali (3), du Burkina Faso (2), de la Guinée (2) et du Niger comme pays invité d’honneur, ont rivalisé d’ardeur et de talent pour convaincre une population déjà acquise à la cause du Balafon.
Dans la nuit du 9 octobre 2025, lors de la première nuit de compétition, une troupe venue du Burkina Faso, une troupe venue de la Guinée et deux troupes du Mali se sont affrontées dans une compétition où le balafon devait être roi. Mais, malheureusement, ce sont les doum-doum et les djembé qui ont failli arracher la vedette. De telle sorte qu’à la clôture, le président du jury a clairement recommandé de doser l’usage de ces instructions lors des prochaines éditions.
Première nuit de compétition : Le groupe Siguidia du Mali brille, mais...
Cette soirée a démarré par la prestation du groupe Sikaté venu du Burkina Faso. Ce groupe a eu la malchance de nous proposer une prestation de percussion où l’on arrivait pas à percevoir de façon claire le jeu de balafon. Les tam-tams et autres membranophones utiliser par ce groupe ont supplanté de façon étonnante le jeu de Balafon.
Venu en deuxième position lors de la soirée de la première nuit, le groupe de kassarola du Mali, à travers trois morceaux ( Benbalisso ; Ben et Kobey na wati), a convaincu la salle qu’il pouvait mieux faire. L’on a eu l’impression que ce groupe n’avait pas bien intégré la notion de compétition.
Très impressionnant ce soir-là, le groupe Siguidia du Mali, dans une belle prestance scène et dans un costume qui montre clairement une option pour l’aire culturelle bobo, n’a pas tardé à convaincre la salle. << Pahui bobo>>, << Bazani>> et << Téré na sélé>>, sont des chansons notoirement connues du terroir bobo qui ont été interpellées par ce groupe. Malgré sa bonne maîtrise du jeu de Balafon, ce groupe a peché par manque d’innovation et de créativité. Et, dans une compétition, face à un jury averti, cela coûte toujours très cher. Et, le groupe Siguidia l’a pris à ses dépens, malgré une belle chanson en hommage au Mali.
Ce soir - là, s’il y a un groupe auquel il fallait tirer le chapeau, c’est bien le groupe Djeli Déni Balafola de la Guinée. La délégation guinéenne est arrivée à Sikasso quelques minutes avant le début de la compétition. Et, retrouver le groupe Djeli Déni Balafola de la Guinée, relevait d’une prouesse.
Ici aussi, la prestation de ce groupe a été marquée par une forte propension de l’utilisation des membranophones. On bien aimé apprécier les belles sonorités du Sosso balan de ce groupe. Mais, malheureusement, on a eu droit à de très fortes séquences percussions, qui par moment devenaient très ennuyant à l’écoute.
Tout compte fait, pour cette première nuit de compétition, il y a eu plus de peur que de mal. Enfin, tous les experts craignaient d’avoir une soirée de très bas niveau. Mais, heureusement, les artistes ont été de très bon niveau. Et, la régie son et lumière mise à contribution était de grande qualité.
Et, c’est avec beaucoup d’espoir que, le vendredi 10 octobre 2025, les Sikassois ont pris d’assaut la salle Lamissa Bengaly pour la deuxième nuit de compétition.
Deuxième nuit de compétition : Le groupe DAMBÉ du Mali affiche ses prétentions sérieuse pour le prix Lamissa Bengaly
Ce soir-là, le public Sikassois a eu droit à un spectacle au vrai sens du mot. Les quatre groupes de cette soirée étaient toutes de grands calibres.
L’ensemble instrumental de Bolomakoté, venu de Bobo-dioulasso au Burkina Faso, fut le premier groupe à s’installer sur scène. Nous pensons que ce groupe a peché par excès de confiance. De telle sorte, qu’il s’est laissé piéger par sa section de membranophones, qui a pris le dessus sur son jeu de Balafon.
Il a été suivi sur scène par le groupe Dambé du Mali qui a émerveillé le public par la maîtrise des instruments (balafons et bara). Dans un jeu de balafon dynamique et vigoureux qui va chercher ses origines dans le cercle de Tominian, le groupe Dambé a impressionné la salle.
Mais, pour les puristes, le groupe Dambé devra fournir un effort pour une très belle harmonie entre des balafons qui parlent en bobo et le lead vocal du groupe qui s’est imposé l’obligation de chanter en bambara. Sûrement, la précipitation dans laquelle le groupe s’est préparé pourrait expliquer cela.
Mais, tout compte fait, le groupe a sû préserver et présenter l’essentiel, grâce à la prouesse de deux Balafonistes qui ont émerveillé le public par la maîtrise du jeu du Balafon, dans toutes les positions. Et, par moment, leur prestation au balafon, a fait oublier les couacs du lead vocal qui a énormément besoin d’une prise en main pour son encadrement.
Venu de la Guinée Conakry, le
Groupe Fatoumata Kouyaté, plus connu sous le nom de Djéli Guinée, a été la grande attraction de cette soirée. Groupe essentiellement composé de femmes, Djéli Guinée est un groupe composé de Fatoumata Kouyaté, de ses filles et petites filles. En plus du Sosso balan, elles ont toutes, la maîtrise parfaite de tous les instruments du groupe.
En tout cas, le public Sikassois a eu le privilège de voir le groupe presté à travers quatre morceaux : Kanté fassa ; lamba ; la paix et Sakodougou.
Très expérimentée des scènes, Fatoumata Kouyaté a convaincu le public de Sikasso de son. Surtout qu’elle n’était pas à sa première participation sur cette belle scène du Triangle du Balafon. De mémoire, nous pensons qu’elle est déjà passée par cette compétition en 2019.
Cette année, elle s’y est mieux prise, avec une orchestration de grand jour, avec des demoiselles qui n’ont aucun complexe avec leurs instruments, tant elles sont sûrs de leur maîtrise.
Une cérémonie de clôture essentiellement consacrée à la proclamation des résultats
Et, comme toutes les bonnes choses ont une fin, le 11 octobre 2025, c’était la clôture de la manifestation débutée le 9 octobre 2025. Présidée par Dr Salia Mallé, Chef de Cabinet par intérim du ministère de l’artisanat, de la culture, de l’industrie hôtelière et du tourisme, la cérémonie de clôture a enregistré la participation de Madame le Gouverneur de Sikasso, qui avait mobiliser pour la circonstance toutes les autorités administratives et militaires de la région, et les légitimités traditionnelles du cercle de Sikasso à ses côtés.
Et, c’est devant toutes ses autorités que le président du jury international, composé de maliens, de Guinéen, de nigérien et de burkinabè, en la personne de Nando Nanta Goita, ancien directeur du Musée de Sikasso à la retraite, a levé le voile sur les résultats de la compétition. Les trois groupes classés parmi les premiers sont du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée.
Le 3 ème, selon le jury est le groupe de Fatoumata Kouyaté, Djeli Guinée. Il a obtenu 62, 20 points. Il a été récompensé par un Trophée et une enveloppe 750 000 FCFA.
Le groupe Bolomakoté venu du Burkina Faso, avec
62,70 points, a été classé deuxième. Il a été récompensé d’une enveloppe de 1 000 000 FCFA et d’un trophée.
Le premier prix, dénommé prix Lamissa Bengaly, d’une valeur de 1 500 000 FCFA a été remporté par le groupe Dambé du Mali. En plus de l’enveloppe, il a remporté un trophée majestueux fait dans du bronze.
Le Prix spécial AES est revenu à la troupe du Niger, en sa qualité de pays invité. Pour ce prix, il a été récompensé d’une enveloppe de 500 000 FCFA.
A noter qu’une prime de participation de 400 000 FCFA à été remise à chacun des groupes. Toutes les délégations, ont également reçu une attestation de participation.
En plus de la remise des prix, cette cérémonie a enregistré la présentation d’une création AES, dénommée << Bela-bela>> ou bienvenue à Sikasso. Cette prestation a enregistré la participation des artistes du Niger, du Mali et du Burkina Faso.
Très heureuse, Mme le gouverneur dans son discours de clôture, a exprimé, ses sentiments de fierté. Elle a estimé que depuis plusieurs jours leur belle ville de Sikasso a vibré au rythme du balafon, un instrument mythique et mystique pour certains, mais qui reste unificateur des peuples.
Elle a aussi estimé qu’en soutenant la culture, les autorités maliennes ont décidé de soutenir l’emploi jeune et l’autonomisation des femmes. Elle a souhaité que dans la grâce de Dieu, que le balafon continue de raisonner comme un instrument d’unité à Sikasso et en Afrique de l’ouest.
La cérémonie de clôture a également enregistré la présentation des œuvres d’art collectives ( tableaux), réalisées par des jeunes artistes de Sikasso et Bamako, sous la direction de Daouda Traoré et de Toloba. Cet a consiste à la réalisation des œuvres qui portent sur le balafon et qui expriment la cohésion et l’unité de l’Afrique.
Les initiateurs ont offert l’un des tableaux tableaux à Mme le gouverneur de Sikasso. Séance tenante, elle a décidé que ce beau tableau soit accroché en lieu sûr dans la salle Lamissa Bengaly.
Pour sa part, l’artiste Neba Solo, roi du balafon, a décidé d’offrir un certain nombre de balafons miniaturisés, pour l’engagement de certaines personnalités pour la promotion de cet instrument.
Un balafon a été offert à monsieur le ministre en charge de la culture. Il a aussi offert un balafon à la grande Fatoumata Kouyaté de la Guinée Conakry et à Mariam Bagayogo du Beledougou.
Assane Koné
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