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Deuxième round des pourparlers d’Alger : La société civile malienne dénonce l’ostracisme dont elle est victime et livre ses propositions

lundi 1er septembre 2014, par Assane Koné

Mamoutou Diabaté, Président du Forum des organisations de la société civile du Mali, Mme Barry Aminata Touré, vice-président du Conseil national de la société civile et Ag Akado de CAP-Mali et du Conseil national de la Communauté Bellah, au nom du Collectif des acteurs de la société civile du Mali sur la sortie de crise, ont animé le 1er septembre 2014, une conférence de Presse au siège du Forum des organisations de la société civile. Ordre du jour : la dénonciation de l’exclusion dont la société civile malienne est victime depuis le début du processus des négociations en vu de la résolution de la crise et la divulgation du document intitulé la « Voix commune de la société civile » pour la sortie de crise. Nous vous proposons l’intégralité du document. Lisez !

Introduction :

Préoccupé par la situation politico-sécuritaire sur le territoire National, depuis plus de trois ans, le Collectif des Organisations de la Société Civile Constate que malgré les Résolutions des Nations Unies, les efforts de l’Etat du Mali, l’implication des Pays Africains et de l’ensemble de la Communauté Internationale, les maliens demeurent perplexes quant à une issue favorable de sortie de Crise.

En effet, la situation sécuritaire dans les Régions du Nord du Pays continue à être caractérisée par une insécurité permanente dans toutes les localités, des attentats à la voiture piégée, des lancements d’obus, une occupation de la plupart des localités par des groupes de rebelles, des Jihadistes et des narcotrafiquants, un faible accès des populations aux services sociaux de base et un secteur économique peinant à se remettre en route.

Le retour de l’Administration et de l’armée étant limité à quelques agglomérations, les violations des Droits des populations continuent de se perpétrer dans de nombreuses localités laissées pour compte. Les programmes de développement des Régions du Nord du Mali sont immobilisés. Cette situation qui maintient les populations dans une position de désœuvrement et d’incertitude ne favorise pas le climat de réconciliation tant attendue.

Dans ces conditions, ne devrions-nous pas questionner l’efficacité des approches de résolution adoptées au niveau national et de l’engagement de la Communauté Internationale dans le règlement de cette crise ?

A ce propos, la multitude des intervenants dans la Crise Malienne et aussi des propositions de médiation, illustrent l’existence et l’importance des enjeux et des positionnements géostratégiques de certains pays, tant frontaliers qu’éloignés.

Le constat, aujourd’hui, est que les Maliens sont lassés de cette crise et de la lenteur des procédures et tractations pour la résoudre. Ils nourrissent cependant l’Espoir de voir le processus d’Alger déboucher sur une Paix Définitive dans l’intérêt des maliens et de tous les maliens.

Pour ce faire, les Organisations de la Société Civile du Mali, réunies au sein du Collectif des OSC pour une paix définitive, veulent porter cette Voix Commune à l’adresse de nos Autorités, mais aussi à l’Ensemble de la Communauté Internationale pour être entendue et pour apporter sa contribution à la PAIX.

Conformément à la feuille de route d’Alger, notre vision Commune porte sur les thèmes suivants :

  Les Aspects Politico-institutionnels,
  la Réconciliation Nationale, la Justice et les Questions humanitaires ;
  La Réforme du Secteur de la Défense et de la Sécurité ;
  Le Développement Economique Social et Culturel.

I. Les Aspects Politico-institutionnels :

Au cours des trente dernières années, le système étatique du Mali, sous le couvert de la démocratie et du consensus entre les acteurs, s’est illustré par une faillite de la gouvernance publique. L’Etat est devenu le siège de l’injustice, de la discrimination et de l’arbitraire.

La déliquescence généralisée de l’Etat a servi de terreau à toutes sortes de crises. La corruption a gangréné le service public et brisé l’élan de la perfection, de l’effort, au profit d’un système favorable aux médiocres, aux malfaiteurs de tout acabit, et aux chasseurs de gains faciles.

Ainsi, les citoyens, en mal avec les services administratifs et de sécurité, ne font plus confiance aux institutions, et ont tendance à régler leurs problèmes par eux-mêmes sur toute l’étendue du territoire national.

Cette situation généralisée de « mal gouvernance » et de corruption touche tous les secteurs de la société malienne et surtout ses Institutions qui devraient être les piliers porteurs de la Nation. Les Institutions de la République n’arrivaient plus à assumer leur rôle et ont, de ce fait, perdu toute crédibilité aux yeux des populations qu’elles étaient censées représenter.

Le système politique, basé sur la démocratie représentative, était devenu une source d’émancipation personnelle sur un fond d’enrichissement et d’accaparement des biens publics.

L’administration d’Etat, à travers sa politique de décentralisation administrative et territoriale, n’apportait plus de réponses aux préoccupations des populations et ne faisait pas de place à leurs représentants légitimes.

Le système multipartite ne favorisait plus une expression plurielle et une vraie défense de l’intérêt publique et communautaire.

Cette situation, à la base du chaos qui s’est installé depuis 2012, interpelle la conscience de tous les Maliens ; qui doivent impérativement trouver la clé de la réconciliation Nationale dans un Etat refondé mettant le citoyen au centre de ses préoccupations. La société civile appelle ici à la nécessité de mise en place d’un Etat fort, fondé sur le droit et respectueux de la personne et du citoyen.

Les politiques de décentralisation et de régionalisation en cours, loin d’être une panacée, doivent nécessairement apporter des réponses aux questions de fond sur la gouvernance à l’échelle nationale, régionale et locale. C’est pourquoi, les pourparlers d’Alger peuvent et doivent permettre de mettre fin aux violences, aux dérives séparatistes et de jeter les bases d’une refondation de l’Etat à laquelle tous les Maliens doivent participer à travers leurs représentants légitimes et légaux.

 Au sujet de la politique de Décentralisation :

Les concepts de Décentralisation « poussée », « totale », « intégrale », et de Régionalisation véritable, employés par certains officiels, doivent faire l’objet d’un débat citoyen. Le Mali n’a plus le droit aux erreurs, aux arrangements, et abus de pouvoir, qui ont conduit à la crise actuelle.

Les recommandations des Etats généraux de la Décentralisation tenus les 21, 22 et 23 octobre 2013, constituent un minimum référentiel pour toutes discussions, négociations, ou réformes. Ces recommandations doivent faire l’objet d’une très large diffusion auprès des acteurs locaux et leur mise en œuvre nécessitera le renforcement des capacités des Acteurs, la promotion des principes de responsabilité, d’obligation de résultats, de transparence et de prise en compte des légitimités traditionnelles. Toutefois ces légitimités traditionnelles doivent se soumettre aux lois de la République, au principe de la valeur « travail », de la transparence et de l’équité.

La mise en œuvre donc de cette politique de régionalisation « véritable » ne doit en aucun cas être contraire aux dispositions de la Constitution du Mali ni accorder des faveurs particuliers à certaines régions par rapport à d’autres. La société civile s’engage pour cela à veiller impérativement sur la conformité des engagements qui seront issus des pourparlers d’Alger et aussi, à organiser une veille citoyenne sur la gouvernance publique.

 Sur la forme de l’Etat :

Le Collectif réaffirme son attachement indéfectible au caractère unitaire de l’Etat du Mali, comme le stipule la Constitution du 25 février 1992 et réaffirmé par les Résolutions de l’ONU (2071, 2100 et 2164), de l’UA et de la CEDEAO qui sont catégoriques sur l’intégrité, la forme républicaine et la laïcité de l’Etat.

La forme unitaire de l’Etat, loin d’être un handicap comme certains cherchent à le faire admettre, a, jusqu’à présent, permis d’assurer à tous les citoyens, certes à des degrés divers, l’accès à nombre de services sociaux (éducation, santé, eau, etc.) grâce à une mutualisation et une répartition des ressources nationales. Les richesses nationales ayant fait l’objet de cette mutualisation au profit de tous les maliens, de l’indépendance à nos jours, ne sont pas venues d’ex-nihilo mais sont plutôt consenties et voulues par des citoyens sur d’autres parties du territoire national.

Les volontés actuelles de sécession ou de fédéralisme, caressées par certains groupes minoritaires sur un fond de patrimonialisation des ressources du terroir, peuvent constituer de réelles menaces, relativement à des questions comme l’accès aux services sociaux de base, à la propriété, à la sécurité et aux libertés fondamentales, pour une grande majorité des populations au nom desquelles ce changement est réclamé.

A cet égard, les différents projets portés par ces associations obscurantistes, ces regroupements d’intérêts économiques, financiers et géostratégiques, ne sauraient et ne devraient être mis à profit par des groupes de citoyens soutenus par des forces externes, pour imposer un quelconque schéma d’organisation et d’identité à l’écrasante majorité des Maliens. Le Collectif des OSC s’engage à tout mettre en œuvre pour contrer ces prébendiers du chaos et s’engage à cet effet dans une démarche permanente de vigilance citoyenne afin de préserver la forme unitaire de l’Etat malien tout en appuyant les efforts d’implication, de participation citoyenne et de décentralisation administrative et territoriale prônés par les plus hautes autorités du pays.

Le Statut Particulier pour les régions du Nord du Mali, évoqué par les accords antérieurs ou en cours, est un sujet assez sensible qui préoccupe toute la nation. Il ne nous parait ni anodin, ni opportun d’en discuter avec des groupes armés, qui font flotter un drapeau dit d’un « AZAWAD » sur la quasi totalité des localités des trois régions du Nord du pays. Le Collectif des OSC rejette toute idée de conférer un statut spécial à une région du pays au détriment des autres.

Les questions d’organisation du territoire, de réduction des déséquilibres structurels et de promotion du développement national nécessitent un débat National, précédé d’une clarification de tous les concepts, afin de prévenir et d’écarter toute forme de gestion susceptible d’ébranler la cohésion nationale.

La présence et les pratiques illégales de groupes armés dans une partie du territoire, à défaut d’être jugulées, ne doivent pas constituer un fondement qui peut légitimer des négociations de fond sur le statut des Régions, dont la majorité des populations récuse l’agenda des rebelles.

En conséquence, le collectif, dans sa logique d’un état unitaire, propose une décentralisation qui donne la possibilité et les moyens aux communautés, au sein des collectivités, d’impulser et d’orienter le développement local et régional tout en veillant au respect des droits humains et de la nécessaire cohérence du développement national.

Le Collectif des OSC en appelle à la responsabilité des Médiateurs, des pays du champ, des pays européens impliqués, de la Communauté Internationale et spécialement de la MINUSMA et reste convaincu que, toute forme d’Etat issue des pourparlers d’Alger qui ne seraient pas conforme aux droits et au consensus national serait vouée à l’échec.

II. La Réconciliation Nationale, la Justice et les Questions humanitaires :

Notre pays connait des moments de périls graves, consécutifs à la déliquescence de l’Etat, et à l’occupation des régions nord du pays par des coalitions de groupes armés cosmopolites. Il en a résulté une rupture de confiance entre les citoyens et les administrations, et une certaine détérioration des rapports entre des communautés qui se sont toujours côtoyées, et ont vécu, jusqu’ici en bonne intelligence.

La propagande séparatiste des rebelles, fortement soutenue et vulgarisée par des milieux, des moyens et des médias étrangers, est en passe d’exacerber les reflexes communautaires et de consacrer l’emploi courant d’un langage régionaliste du genre, Nord Mali, Séparatistes Touareg, Minorité ethnique, Mouvements de l’Azawad.

Les Autorités issues des élections d’il y a bientôt une année, peinent à ressouder le tissu national et à définir les bases objectives de la refondation d’une Nation plurielle réconciliée avec elle-même. Cette situation, au regard de l’urgence des agendas de négociation, de la pression de la Communauté internationale, de pays tiers et de celle des groupes armés, risque de conduire à l’adoption et à l’application de solutions partielles ou dilatoires hypothéquant l’avenir du pays.

La réconciliation dans le contexte actuel du Mali concerne toutes les populations Maliennes, mais elle urge dans le Nord du pays, où les tensions intra et intercommunautaires entretenues par certains groupes armés, menacent la cohésion nationale.

La réconciliation entre les citoyens ne peut être réussie par une pléthore de concertations, de rencontres, ou de fora mal organisés à coup de centaines de millions, encore moins, imposée par des mesures dites d’apaisement très impopulaires (comme entre autres : la libération de bandits, de criminels, de narcotrafiquants, la suspension des mandats de poursuite.).

La Réconciliation au Mali est un objectif national dont la réussite passe par :

 La conduite d’un vrai processus de dialogue au niveau national :

Le dialogue a toujours été une vertu bien ancrée dans la tradition des Maliens.

Aucune idée de propagande séparatiste, ou agenda extérieur, ne saurait mettre en cause les valeurs et liens séculaires qui cimentent l’ensemble des Communautés du Mali (en référence, les nombreux discours de presque toutes les ethnies qui composent la société Malienne, les métissages et les alliances).

Aujourd’hui encore, malgré les souffrances physiques et morales subies, les populations des régions du Nord du Mali restent déterminées à sauvegarder leur cohésion millénaire. Il est nécessaire, que les Maliens en général, et les communautés des Régions du Nord en particulier, prennent la mesure de la situation, afin d’analyser toutes les questions relatives à la Cohésion Sociale. L’implication d’autres personnes ressources (hommes de droit, religieux, experts, femmes, Jeunes…), devra servir d’appoint.

Le dialogue qui urge, c’est celui qu’il faut entre l’Etat, les groupes armés et les citoyens d’une part, et entre les populations et tous les groupes armés d’autre part.

Le premier dialogue, celui qui est en cours en Algérie, devrait à notre entendement réunir l’Etat, les groupes armés, la société civile institutionnelle et non partisane et la Médiation autour des questions surtout de cessation des hostilités, du cantonnement, du désarmement et du devenir des combattants. Les autres questions sont des questions de fond dont l’approfondissement doit dans un second temps réunir tous les acteurs de la Nation malienne et se dérouler au Mali.

La société civile institutionnelle déplore :

  les modalités de choix (parrainage par l’une des parties) et de manipulation de ses « supposés » représentants à ces pourparlers (société civile de l’Etat, société civile des groupes rebelles et société civile des groupes d’autodéfense),
  la faible prise en compte du caractère national de la crise malienne (non représentation des communautés du sud et déséquilibre dans la représentation) ;

Le deuxième dialogue, celui entre les populations et tous les groupes armés devra traiter des raisons des rebellions successives pilotées essentiellement par des touareg.

Le troisième dialogue devra être intra et intercommunautaire en vue de surmonter les défiances internes, panser les plaies et amener les communautés à se parler, se considérer et s’accepter pour faire renaitre la confiance afin de renforcer la cohésion sociale.

Enfin, il est important de renouer le dialogue et la confiance entre les populations et tous les pouvoirs (Exécutif, législatifs, militaires, religieux...) afin d’établir un nouveau code de bonne conduite, et veiller à son respect par tous.

La Société Civile Malienne reste préoccupée par les échecs des accords antérieurs qui l’ont quasiment écartée. Elle estime que le rôle de la société civile neutre est déterminant dans toutes les étapes du processus de Dialogue, de Discussions et de Réconciliation Nationale devant conduire à une Paix véritable.

 Une identification et analyse des conflits et de leurs sources :

De nombreux conflits aux origines diverses alimentent les crises qui ont secoué le Mali de 1960 à nos jours. Ces conflits surviennent généralement entre :

 l’Etat et des groupes armés,

Le point commun à la quasi-totalité de ces conflits, est qu’ils sont d’une part liés aux défaillances et déficit de gouvernance et d’autre part à des attitudes et pratiques de groupes d’irrédentistes en quête d’avantages économiques, de pouvoirs et de contrôle/appropriation d’un terroir. Les déficits de gouvernance, qui ont pour noms, impunité, injustices, traitements de faveur, corruption etc., sont des pratiques et des réalités bien enracinées et constituent des facteurs déclenchant ou amplifiant des contradictions internes et de l’équilibre des pouvoirs dans des espaces bien définis.

Pour résoudre de tels genres de conflit, l’Etat doit s’engager résolument dans la promotion d’un processus de dialogue politique inclusif avec les populations, un changement radical dans l’amélioration de la gestion des ressources publiques nationales, une rationalisation des dépenses publiques, l’application effective des lois et une responsabilisation des populations dans l’orientation et la mise en œuvre du développement local

 Les Communautés :

Ces conflits intercommunautaires sont récurrents et opposent plus généralement les populations nomades, Maure, Touareg, Peulh et Bellah autour des questions de gestion des ressources naturelles (points d’eau, pâturages) ou des questions de vols de bétail. Les « mauvais règlements » de ces conflits par l’administration concourent à leur persistance et à leur aggravation.

Les questions du foncier et des terres de cultures sont des sources de tensions, surtout entre Nomades et sédentaires, et ne bénéficient pas encore de traitements justes et équitables.

D’autres types de conflits intercommunautaires sont liés à des préjugés ethniques et raciaux dont la survivance et l’entretien, ne facilitent pas la cohésion sociale entre les communautés. Pour certains membres des communautés, qui conservent encore des reflexes de supériorité raciale ou de classe, l’observation des lois de la République et des règles de la démocratie n’est pas encore à l’ordre du jour.

Les questions de leadership, de représentativité et de responsabilité sont autant de sources de conflits, auxquelles la gouvernance n’a pas encore trouvées de remèdes.

Le Collectif des OSC considère qu’il est grand temps de procéder à une typologie de ces conflits, de les analyser et de tirer les leçons des différents affrontements et accords passés. A cet égard, le processus entamé à Alger ne doit pas prendre le risque d’intégrer des arrangements au détriment des règlements basés sur le droit. Toutes les questions sensibles, sans exclusive, doivent passer par l’appréciation et le verdict des citoyens.

 La Mise en place de Mécanismes de résolution des conflits.

L’initiative et la forme de ces mécanismes doivent être l’émanation des engagements des communautés. L’accompagnement de l’Etat et des Amis du Mali peut être d’un grand apport.

La réflexion et l’adoption de mécanismes consensuels de résolution des crises au Mali est un processus de longue haleine et qui se doit d’être le plus participatif et inclusif possible afin d’en promouvoir son appropriation par les populations qui sont les premiers concernées. Le Collectif des OSC interpelle donc les Autorités nationales et la Communauté internationale sur leur responsabilité dans la création d’un environnement favorable au dialogue et à l’avènement d’une réconciliation durable des populations.

La réconciliation et la paix étant des objectifs essentiels, il est important de les sauvegarder par une justice sans failles.

 La Mise en place d’une Justice Transitionnelle :

Les populations des régions du Nord du pays et spécialement les femmes et les enfants, ont subi différentes formes de violences et de violations de leurs droits.

Ces violations et atteintes aux droits fondamentaux des populations ont été perpétrées par des auteurs qui devront être poursuivis et répondre de leurs actes devant des tribunaux compétents.

Ce besoin de justice de la nation et des personnes victimes et ou affectées doit cependant se réaliser en tenant compte des attentes de paix et de réconciliation nationale. Pour ce faire, la société civile encourage la mise en place dans les meilleurs délais d’un processus d’enquête et d’information sur l’ensemble des cas de violation des droits perpétrés et la mise en place d’instruments pour une justice transitionnelle. Celle-ci devra contribuer à l’établissement des faits, à l’émergence de la vérité, à la condamnation des auteurs tout en mettant en avant l’opportunité aux victimes d’accorder leur pardon aux auteurs repentants.

La réussite d’un tel processus n’est pas au dessus des capacités du peuple malien et est une étape capitale dans la réconciliation nationale.

III. La Réforme du Secteur de la Défense et de la Sécurité :

L’effondrement du système sécuritaire a été durement ressenti par tous les citoyens. Il est désormais certain, qu’il ne peut être question d’intégrité territoriale, de paix et de développement sans un minimum de garantie sécuritaire. Il faut arriver à construire une armée républicaine dotée de toutes les forces nécessaires afin qu’elle remplisse ses missions régaliennes. Le collectif recommande aux différentes parties de :

  Cantonner, désarmer tous les combattants (rebelles et auto-défense) :
  S’engager dans un processus de démobilisation et de réinsertion. Le Collectif des OSC rejette toute forme d’intégration des déserteurs, militaires et civils. Toutefois, le Collectif n’est pas opposé à une intégration au cas par cas suite à des enquêtes conduites par un comité mixte Etat/groupes de combattants/Société civile.
  Organiser les Etats Généraux de l’Armée.
  Elaborer la loi de programmation militaire
  Elaborer une plate-forme de collaboration entre les forces de défense et de sécurité, les collectivités territoriales et la société civile afin d’éviter toutes exactions sur de paisibles citoyens
  Multiplier les postes de sécurité à travers le pays et notamment dans les zones à risque et prévoir une politique d’incitation à servir dans ces zones.
  Redynamiser les rapports entre les zones frontalières, notamment dans le cadre de la lutte contre la criminalité transfrontalière.
  Créer des camps de formation militaire dans les Régions Nord du pays.
  Moraliser les recrutements et la gestion des carrières dans les corps des forces armées de défense et de sécurité,
  Effectuer une évaluation des capacités, des aptitudes et du niveau d’engagement des hommes actuellement sous le drapeau et la mise en place de programme de réinsertion et de départ volontaire.

Pour l’effectivité de ces recommandations, il est important de mettre en place une Commission Nationale de Suivi et de Veille.

IV. Le Développement Economique social et Culturel :

La question de l’insuffisance d’impulsion de la part de l’Etat, celle du déséquilibre entre les régions du pays et celle de la mauvaise répartition des richesses nationales ont toujours été au cœur du débat dans la recherche des solutions de sortie de crise au Mali.

Des initiatives de développement ont cependant été amorcées par l’Etat consécutivement aux crises précédentes dans le septentrion. Ces initiatives ont mobilisé plus de mille milliards de francs CFA à travers des projets/programmes de développement qui n’ont certainement pas donné les résultats escomptés. A ce propos, la société civile exige qu’un audit de ces projets/programmes soit conduit pour situer les responsabilités et les insuffisances de ces actions.

La société civile constate que le déclenchement de la crise actuelle est survenu pendant qu’un certain nombre de projets structurants était en exécution comme : la construction du barrage de Taoussa, la construction de la route Tombouctou-Niono, le Programme d’Investissement et de Développement des Régions du Nord, le Programme Spécial pour la Paix, la Sécurité et le Développement des Régions du Nord, etc. Ces différents projets devraient contribuer à l’amorce du développement local dans les différentes régions du Nord.

La société civile relève aussi beaucoup d’insuffisances dans l’information et la communication gouvernementale sur l’élaboration et l’exécution du budget spécial d’investissement (BSI). A cet égard, elle engage le gouvernement à procéder à la publication des résultats des deux dernières décennies d’exécution du BSI et de sa répartition effective par région.

La société civile fait sien le constat du déséquilibre naturel et structurel entre les régions du Nord et celles du Sud du pays. Elle estime qu’une meilleure prise en compte de cette réalité, une meilleure gestion des ressources mobilisées et l’application d’une planification rigoureuse pourront aider à améliorer l’accès des populations du Nord du pays à des Services Sociaux de Base, à l’amélioration de leurs revenus et à une meilleure intégration économique entre le Nord et le Sud du pays.

La société civile dénonce le fait de confier la gestion des projets/programmes et des investissements dédiés aux régions du Nord à seul des cadres ressortissants sous le seul critère de leur appartenance géographique. La situation actuelle doit servir de leçons et inspirer l’adoption de mesures et de critères objectifs pour la conduite des prochaines actions du développement des régions du Nord.

Au regard de l’important impact de la crise sur les secteurs économiques et sociaux des régions du Nord, la société civile exhorte le gouvernement et la communauté internationale à mettre un accent particulier sur :

  La reprise dans les meilleurs délais des projets structurants interrompus : barrage de Taoussa, route Tombouctou-Niono, la mise en valeur des plaines et des lacs, etc.

  La finalisation de l’étude et la construction de la route Gao-Kidal, la route Tombouctou- Gourma Rharous- Bourem-Gao ;

  La Mise en place de projets d’appui à la relance économique dans les Régions affectées par la crise (individuels- communautaires),

  La mise en place de mécanismes de formation et d’insertion professionnelle pour les jeunes ruraux de toutes les sensibilités des régions affectées ;
  Le renforcement du rôle et des capacités des collectivités territoriales et des communautés dans l’identification et la mise en œuvre de programmes d’aménagement et de valorisation des potentialités de développement ;

Dans tous les cas de figure, l’Etat doit arriver à construire des bases solides et viables permettant à tous les citoyens de jouir équitablement des fruits de la production économique et des richesses du sous–sol national. Il ne saurait être question d’instaurer un système de répartition des richesses qui privilégierait une collectivité par rapport à une autre.

Le Collectif des OSC, signataires du présent, s’engage à :

• Contribuer au retour de la paix et de la quiétude au Mali,
• Veiller sur la cohérence des conclusions d’Alger d’avec la Constitution de la République du Mali ;
• Combattre toute forme de statut juridique particulier, toute forme d’autonomie et de séparatisme ;
• Combattre résolument toutes parties ou groupes menaçant l’intérêt supérieur du Mali ;
• Veiller et promouvoir une meilleure gouvernance des affaires publiques

Bamako, le 01 septembre 2014

Pour :
• Forum des OSC : Mamoutou DIABATE, Président
• Conseil National de SC : Bouréîma Allaye TOURE, Président
COMODE : Aly Nouhoum DIALLO, Président
CAP-MALI : Moussa D. HAIDARA, Président
• Plateforme des Kel Tamasheq : Bajan Ag Hamatou, Président
AL CARAMA : Mohamed Ould Maouloud, Président
TEMEDT : Ibrahim Ag Idbaltanat, Président
CRI DEUR : Almahady CISSE, Président
COLLECTIF INFA PLUS : Inamoud Ibny YATTARA, Président
• Conseil National de la Communauté Bellah : Mohamed Omar Ibrahim,
WILDAF MALI : Bintou Founè SAMAKE, Présidente
• Conseil National de la Jeunesse du Mali, Mohamed S. Touré Président

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