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Consommation de drogues : La nécessité d’aller vers la prise en charge sanitaire des usagers

mardi 24 décembre 2019, par Assane Koné

Du 23 au 24 décembre 2019, la Maison du Partenariat Bamako-Anger a abrité l’atelier sur la concertation nationale et le plaidoyer pour faciliter une prise en charge sur le plan sanitaire et de respect des droits humains des usagers de drogues.

La tenue de cet atelier marque le lancement des activités du projet « Actions de réinsertion et de respect des Droits Humains des personnes usagères de drogues au Mali », financé par Open Society Initiative For West Africa (OSIWA) en partenariat avec Parole Autour de la Santé (PAS) et l’Office Centre des Stupéfiants (OCS).

L’ouverture des travaux a été présidée par le Magistrat Colonel Adama Tounkara, directeur de l’Office Central des Stupéfiants (OCS), en présence des acteurs concernés.

Durant ces deux jours, il y a été question de débattre de l’ampleur du trafic et de la consommation, de l’état de la législation pour une prise en charge des personnes usagères de drogues, des études réalisées pour mettre en évidence l’urgence d’agir et surtout du concept de la RDR pour une appropriation par les différentes autorités et acteurs en charge de la question.

Moussa Konté, chargé du programme Parole Autour de la Santé (PAS), a estimé que la consommation de drogue ne cesse de se rependre. Selon lui, de façon spécifique, l’expansion de la consommation et les risques qui y sont associés (par exemple l’exposition de citoyens innocent qui sont les premières victimes à la transmission du VIH, la tuberculose, les hépatites) pose un réel problème de santé et un danger aussi bien pour la sécurité, la stabilité politique que pour le développement économique du Mali.

Face à cette situation, il dira que le Mali a opté jusque-là pour une politique basée sur la répression à tous les niveaux. Même au niveau mondial, les Conséquences de l’usage de la drogue sur la santé publique, donnent des statistiques alarmant : 250 millions de consommateurs, 12 millions d’injecteurs ; 16 million d’injecteurs séropositifs (2 nouvelles infections sur 10 causés par l’injection de drogues) ; plus d’un usager injecteur sur deux infectés par l’hépatite C ; décès par overdose.

Pour lui, ce projet se veut un instrument d’actions pour permettre d’avoir accès au paquet global en matière de réduction de risque et de respect de leurs droits. Il s’agira de partir d’actions soutenues d’information, de dialogue, de sensibilisation et de plaidoyer auprès des décideurs, des usagers de drogues et des collectivités sur les conséquences des politiques punitives en matière de drogue dans la sous-région et en particulier au Mali, les avantages des activités de réduction de risques.

Le résultat final attendu est de créer un cadre de concertation entre les services techniques de l’Etat, les collectivités et les centres de santé pour une meilleure prise en compte des besoins en santé des usagers de drogue, lutter contre les stigmatisations et les mythes autour des usagers de drogues pour leur intégration sociale et afin réaliser une étude en milieu carcéral.

Le Magistrat Colonel Adama Tounkara, directeur de l’Office Central des Stupéfiants (OCS), a déclaré que comme la plupart des pays, au Mali la tendance des réponses proposées pour conjurer les conséquences du trafic et de la consommation de drogue, a porté sur la répression. Toutefois, malgré cette politique répressive, les succès sont à relativiser. C’est pourquoi, malgré ses missions de répression, l’OCS depuis la relecture de ses textes d’organisation, a prévu une division prévention pour mettre l’accent sur la sensibilisation des groupes cibles en matière de drogues.

Aux dires du Magistrat Colonel, l’approche équilibrée de la lutte contre la drogue est devenue une directive mondiale, des résolutions de la 30e session de l’UNGASS, le plan d’Action de l’Union Africaine en passant par le Plan d’action régionale de la CEDEAO et la déclaration d’ABUJA, les Etats sont invités à plus d’engagement pour un changement de politique en faveur du respect des droits humains des personnes usagères de drogues. Certains pays voisins comme le Sénégal, le Burkina Faso, la Côte d’ivoire ont déjà amorcé la cadence, avec la création des centres et unités de prise en charge spécialisés, de l’introduction des traitements de substitution aux opiacés et la promotion des droits humains des usagers de drogues dans leur système judiciaire.

Au regard des conséquences sanitaires et surtout de la vulnérabilité de cette population clé identifiée dans les études réalisées par ARCAD/SIDA, Plan International, selon lui l’adaptation de notre politique devient aussi impérieux. Cependant, la nécessité de concilier le respect des droits humains des toxicos dépendants considérés comme des malades et les exigences du respect de l’ordre public et de la sécurité, se pose à nous comme la problématique à résoudre.

« L’heure est à la remise en question de nos politiques de lutte contre la drogue pour mieux les adapter à la réalité de la consommation sous l’angle de la santé publique et des droits humains », a-t-il conclu.

Bintou COULIBALY


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