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Brexit : les conséquences à court terme pour l’Afrique

vendredi 24 juin 2016, par Assane Koné

La question n’a pas fait l’objet d’un gros débat en Afrique subsaharienne notamment, une région qui reste très peu connectée de manière directe à la finance internationale. Mais dans une interview récemment accordée à Bloomberg, Sergey Dergachev qui gère un portefeuille d’actifs d’une valeur de 130 millions $ en Afrique, pour le compte de Union Investment Private Fund, indiquait, que le Brexit occasionnerait une forte volatilité sur les rendements attendus des obligations souveraines et privées dans les pays émergents, dont ceux d’Afrique. « Dans le meilleur des cas, les taux moyens se positionneront à 7%, mais dans le pire des scénarii, ce taux moyen pourrait atteindre les 11% », faisait-il savoir. Comme dans le cadre d’un Tsunami, les effets du Brexit se mettent déjà en place. La Livre Sterling a chuté de près de 11% atteignant son niveau le plus bas depuis 30 ans face au dollar US.

A New-York, le prix du baril de pétrole a de nouveau plongé à 46 $, les investisseurs pariant sur une crise financière qui risque de ralentir la demande globale. Une situation qui peut se poursuivre, et devrait faire craindre une nouvelle baisse des revenus, pour les pays africains exportateurs de pétrole (Algérie, et surtout Angola, Nigéria et Egypte).

La volatilité s’installe déjà aussi sur les marchés obligataires. Même si la part de l’Afrique sur ce segment est assez marginale (entre 15 et 20 milliards $ seulement) le désengagement des investisseurs sur des titres obligataires, combiné à une baisse de la Livre Sterling risque de faire grimper les taux, au moins sur le court terme.

Plus directement, le Rand (monnaie sud-africaine) dont l’économie est fortement connectée à celle de la Grande Bretagne, a plongé de 6,5%. Une centaine de compagnies africaines, ou opérant fortement en Afrique, sont cotées ou en double cotation sur le London Stock Exchange, le principal marché financier britannique. Avec le Brexit, il y a un risque que leurs capacités financières soient réduites et que les investissements se réduisent.

La seule note positive est venue du côté de l’or, qui joue pleinement son rôle de valeur refuge. Le prix de l’once d’or a progressé de 5% et devrait grimper davantage. Mais le bénéfice de cette hausse pour les pays producteurs africains (Afrique du sud, Ghana, Mali et Burkina-Faso) sera dilué par le besoin pour les investisseurs de sécuriser leurs gains.

Tout dépend désormais de la manière dont la Grande Bretagne va négocier sa sortie de l’Europe. Le problème, c’est que les partisans de cette initiative ne sont pas au pouvoir. Il reviendra donc au premier ministre David Cameron, partisan du maintien, s’il reste en poste, d’entamer les négociations, notamment sur un nouveau cadre de circulation des biens, des personnes et des capitaux.

Idriss Linge
http://www.agenceecofin.com


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