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Axe Abidjan-Bamako : Le racket à ciel ouvert des policiers maliens et ivoiriens dénoncé par la société civile

mercredi 26 septembre 2018, par Assane Koné

« Il n’y a pas de liberté de circulation des personnes entre le Mali et la Côte d’Ivoire. Globalement, il n’y a pas de liberté de circulation dans l’espace CEDEAO. Parce que ce qui se passe à la frontière entre le Mali et la Côte d’Ivoire, se passe à toutes les frontières des Etats de la CEDEAO ». La déclaration a été faite par Ousmane Diarra, Président de l’Association malienne des expulsés (AME). Elle a été faite le 26 septembre 2018, lors de la présentation du rapport d’observation de la liberté de circulation en souffrance sur les axes Abidjan-Pogo et Zégoua-Bamako.

Abus et extorsion de fonds sur des personnes vulnérables, comportement de certains agents des forces de sécurité ayant l’habitude de récupérer toutes les pièces d’identité des voyageurs pour les racketter, durcissement des contrôles aux frontières ivoirienne et malienne, racket récurrent sur le trajet avec prélèvement de sommes d’argents dont le montant varie selon les postes de contrôle. Ce sont-là autant d’entraves à la liberté de circulation des personnes et de leurs biens qu’une Mission conjointe d’observation à la frontière Mali-Côte d’Ivoire, composée de l’Association Malienne des Expulsés (AME) et la Convention de la Société civile Ivoirienne (CSCI), a constaté du 29 octobre au 5 novembre 2017, sur les axes routiers Bamako-Zégoua et Abidjan-Pogo.

Lamine Diakité, Conseiller juridique à l’AME, a indiqué que la mission a été décidée dans un contexte où la problématique de la traversée transfrontalière entre la Côte d’Ivoire et le Mali, et vice-versa, par les migrants ou voyageurs, fait appel à une série de questionnements. Ce sont : Comment la question des frontières est abordée par ces deux pays membres de la CEDEAO ? Quelles politiques mettent-ils en œuvre pour prendre en compte la protection des droits des personnes en mobilité ? Ces politiques mettent-elles l’accent sur la libre circulation des personnes conformément au protocole de la CEDEAO et ses textes additionnels ? Comment se déroule quotidiennement l’accès aux frontières de Pogo et de Zégoua ?

« Nous nous sommes intéressés à l’axe Abidjan-Bamako, long de 1174 Km, parce qu’il constitue l’une des voies privilégiées pour les potentiels migrants, qui mène directement au Niger via Bamako », a-t-il ajouté. Avant de soutenir qu’il leur est revenu que cet axe connait des violations inacceptables des droits des personnes migrantes, même ceux de simples voyageurs.

Face à toutes ces préoccupations, l’Association Malienne des Expulsés (AME) et la Convention de la Société civile Ivoirienne (CSCI), tous membres du Collectif « Loujna-Tounkaraké », ont voulu avoir le cœur net. « Par cette mission, nous nous sommes fixés l’objectif de contribuer à offrir une image globale de la situation des droits des migrants à la frontière Mali-Côte d’Ivoire, précisément sur l’axe Abidjan-Bamako à travers la collecte d’information sur les entraves liées à la mobilité des personnes et leur accès à certains droits.

A cet effet, la Mission conjointe de l’Association Malienne des Expulsés (AME) et de la Convention de la Société civile Ivoirienne (CSCI), a mené des entretiens avec les migrants, les transporteurs et les associations de la société civile, sur les entraves à la mobilité des personnes, les allégations de violations de droits des migrants, les conditions de vie et de travail des concernés.

La mission a aussi planifié des échanges avec les autorités administratives et les citoyens sur la situation de personne en déplacement, en particulier le niveau de jouissance de leurs droits reconnus, ainsi que les défis auxquels ils font face.

Et, une question de pertinence et de performance, la Mission a ciblé 4 villes intermédiaires que sont Bouaké et Ferkéssédougou en Côte d’ivoire et Sikasso et Kadiolo au Mali. Elle s’est aussi focalisée sur deux villes frontalières : Pogo en Côte d’Ivoire et Zégoua au Mali.

Et, comme il fallait s’y attendre, la Mission conjointe a été des plus surpris par le constat irréaliste fait sur le terrain. Abus et extorsion de fonds sur des personnes vulnérables, comportement de certains agents des forces de sécurité ayant l’habitude de récupérer toutes les pièces d’identité des voyageurs pour les racketter, durcissement des contrôles aux frontières ivoirienne et malienne, racket récurrent sur le trajet avec prélèvement de sommes d’argents dont le montant varie selon les postes de contrôle, ce sont là quelques éléments indicatifs du lot de malheurs que les forces de Sécurité maliennes et ivoiriens font subir aux migrants et simples voyageurs sur l’Axe Abidjan-Bamako.

Pour juguler ce comportement inacceptable des agents de sécurité maliens et ivoiriens, la Mission conjointe à formuler une série de recommandations aux Etats u Mali et de la Côte d’Ivoire, aux forces de l’ordre et de sécurité, aux autorités locales (maires, autorités dignitaires…) et aux populations.

En ce qui concerne les Etats, la Mission conjointe a formulé une dizaine de recommandation, parmi lesquelles la levée de tous les obstacles qui entravent la libre circulation des personnes (rackets, abus de pouvoir de certains agents des forces de défense et de sécurité au poste de contrôle, pertes de temps au cours des contrôles multiples..). « Mettre fin à l’impunité de certains agents des forces de défense et de sécurité par rapport aux exactions commises à la frontière au cours des contrôles…

A l’intention des forces de l’ordre et de sécurité, la Mission conjointe a recommandé d’éradiquer les tracasseries et la corruption à la frontière Mali-Côte d’Ivoire ; de lutter contre la criminalisation et la discrimination envers les étrangers.

Pour les autorités locales, la Mission conjointe a recommander d’apporter un appui à la protection des droits des étrangers, de continuer à favoriser l’intégration des migrants et de créer des cadre de concertations permanent entre les associations de migrants et les acteurs décisionnels locaux.

Enfin, il a été recommandé aux populations de veiller au respect des droits des étrangers et de continuer à vivre en harmonie avec toutes les communautés en facilitant l’intégration des étrangers.

Assane Koné


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