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Accord pour la paix et la réconciliation au Mali : La Mission de bons offices pour accélérer la mise en œuvre

lundi 11 septembre 2017, par Assane Koné

Deux ans après sa signature, l’Accord pour la paix et la réconciliation peine à produire des résultats probants. S’il n’est pas dans l’impasse, le processus connait une lenteur dans son application. Ainsi, pour accélérer la mise en œuvre de l’Accord, une mission de bons offices a été mise en place pour faciliter le retour de l’administration à Kidal, contribuer à stabiliser le Centre du pays et surtout consolider le vivre ensemble.

Dès son arrivée à la tête du gouvernement, Abdoulaye Idrissa Maïga a tenté de donner un souffle nouveau au processus de mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, signé il y a 2 ans par le gouvernement malien et les groupes armés. C’est pourquoi, dans sa Déclaration de politique générale, le chef du gouvernement a proposé un canevas qui s’articule autour de trois actions : action Kidal, action Delta du Niger et action Boucle du Niger. Pour y parvenir, il a opté pour une mission de bons offices afin de rendre effective la présence de l’Etat à Kidal.

Stabiliser le Centre et consolider le vivre ensemble

Ainsi, cette approche du Gouvernement aura comme interlocuteurs les ex-rebelles de Kidal, les chefs de tribus et de fractions.

Désigné par le gouvernement pour diriger la Mission de bons offices, Mahmoud Dicko, Président du Haut conseil islamique du Mali, a indiqué que ladite mission vise à donner un coup de pouce au processus de mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. « L’objectif de cette mission de bons offices consiste à rendre effective la présence de l’Etat à Kidal, de contribuer à stabiliser le Centre et surtout de consolider davantage le vivre ensemble », a-t-il déclaré. Avant de préciser que la feuille de route de sa mission ne fait pas mention d’aucune concertation avec Iyad Ag Ghaly. La mission s’étendra, a-t-il précisé, au Centre du Mali, c’est-à-dire dans le Delta intérieur du Niger.

C’est dans ce cadre qu’une forte délégation conduite par Mahmoud Dicko s’est rendue, en début de juillet 2017, à Kidal et à Gao pour discuter du retour de l’Administration, puis l’installation du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) à Kidal, longtemps reportée.

« C’est dans le but de donner un coup d’accélérateur à la mise en œuvre de l’accord que le gouvernement m’a confié cette mission. Des affrontements récurrents dans la région de Kidal entre les groupes armés (CMA et Plateforme) ont lambiné l’application de certaines dispositions de l’Accord. A cela s’ajoute les conflits intercommunautaires au Centre du Pays. Ainsi, nous nous sommes rendus à Kidal et dans le Delta central du Niger, où nous avons recueilli des propositions des chefs de tribus et de fractions à Kidal et à Gao », souligne l’Imam Dicko. Et le leader religieux de se féliciter : « Nous avons eu un résultat satisfaisant, car les chefs de tribus ont donné leur accord pour que les FAMa puissent venir à Kidal. Mais les autres peuvent venir après ».

L’optimisme de la CMA

Illad Ag Mohamed, porte-parole de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), a estimé que cette mission est capitale. « Déjà, la mission a commencé à porter ses fruits, car elle a le sens de l’écoute. Et cela permet de comprendre l’autre, de prendre le temps de savoir ses problèmes. Appuyée par le gouvernement, la Mission de bons offices a commencé à montrer ce dont elle est capable. Toutefois, elle a aussi du chemin à parcourir, car elle est venue au moment où le processus est presque dans l’impasse. Donc, il y a beaucoup de questions à régler, à savoir la sécurité, le dialogue et la paix » ; a-t-il indiqué.

De l’autre côté, Fahad Ag Al Mahmoud, Secrétaire général du Groupe d’autodéfense Touaregs, Imghads et alliés (Gatia), se réserve quant à la réussite de cette mission. « Pour le moment nous observons la situation. Cela vaut plus d’une année qu’on nous interdit toute tentative d’être à Kidal pendant qu’on permet à la CMA d’aller s’y installer », a-t-il déploré.

Le dialogue comme boussole vers la paix

Le député Zoumana N’tji Doumbia, Président de la Commission Loi de l’Assemblée nationale, a salué l’initiative, car elle offre, dit-il, un cadre de dialogue aux Maliens. « Je crois qu’il est pertinent que les Maliens se regardent, se parlent et se disent la vérité en face afin de se pardonner. L’une des vertus de notre société est le dialogue. Il y avait toujours l’arbre à palabre qui servait aux citoyens maliens de régler leurs différends. Donc, nous avons bon espoir que cette mission permettra aux Maliens de se parler et de pouvoir avancer », a-t-il déclaré.

Dr Oumar Mariko, Président du Sadi, un parti membre de l’opposition parlementaire, pense que c’est une structure de plus. « Je ne crois pas que cette mission soit la solution aux problèmes du Nord et du Centre. C’est le gouvernement qui s’est montré défaillant, sinon les ex-rebelles n’ont pas refusé le dialogue ni le retour de l’administration à Kidal. Cette mission n’est ni moins ni plus qu’une nouvelle structure pour dilapider les ressources des contribuables maliens », a-t-il dénoncé.

Revoir le contenu de la Mission de bons offices

Moussa Mara, Président du parti Yèlèma, un parti de la mouvance présidentielle, soutiendra que le contexte actuel du Mali est tel qu’aucun soutien n’est inutile. « Toute intervention est souhaitable pour que les Maliens puissent se parler. Le contexte actuel a fait que le gouvernement a choisi les acteurs de la société civile qui sont plus écoutés que les structures publiques. Donc, cette démarche poussera les uns et les autres à se parler », explique l’ancien Premier ministre.
Il a ainsi proposé de revoir avec le temps le contenu de la Mission et sa collaboration avec les services de l’Etat pour qu’elle soit couronnée de succès.

Pas d’alternative à l’Accord

Pour sa part, Oliver Salgado, porte-parole de la Minusma, dira que la Mission de bons offices démontre que le Gouvernement mobilise l’ensemble des forces vives pour trouver une solution aux problèmes qui secouent le pays.
« Les parties maliennes et la Communauté internationale continuent de travailler pour la mise en œuvre de l’Accord malgré les difficultés rencontrées. L’Accord de paix reste la solution à la crise que traverse le Mali. Sa mise en œuvre est indispensable pour la stabilité du Mali », a-t-il rappelé.

Moussa Mallé SISSOKO


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