Actualités > Abdoulaye Diop, ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Mali : « C’est maintenant (...)

Abdoulaye Diop, ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Mali : « C’est maintenant qu’on commence à toucher à la substance »

jeudi 11 septembre 2014, par Assane Koné

Conduisant la délégation malienne aux négociations d’Alger, le ministre Abdoulaye Diop accord une interview à notre confrère du Républicain. Lisez !

Le Républicain : Bonjour Monsieur le ministre. Quel est le quotidien des ministres ici à Alger ?

Abdoulaye Diop : Ça c’est intéressant. Quand on se lève le matin, on commence à écouter les nouvelles, on se concerte, on essaie de faire le point de la journée précédente et puis on se dirige vers les lieux de réunions et on essaie aussi de prendre les nouvelles du pays. Et voir comment cela peut être pris en compte. Et puis on va dans les rencontres avec les membres de nos délégations, mais aussi avec les frères et sœurs des mouvements. Et on passe les journées dans les discussions et quand on rentre le soir, on continue aussi beaucoup dans l’informel. De tous les côtés, on se rencontre, entre frères et sœurs, il n’y a pas de barrière à ce niveau. Et on a des nuits très très longues. Souvent jusqu’à trois et quatre heures du matin.

Vous passez les journées dans les discussions entre vous, avec les maliens, avec les groupes ou bien avec la médiation. Avec qui vous passez la journée ?

Ça dépend de chaque jour. Certains jours, on a des réunions prévues comme cette semaine. On a les quatre groupes de discussions thématiques ou les représentants des populations et des communautés viennent présenter leurs points de vus et leurs visions des problèmes et nous les écoutons. Dans les couloirs, nous continuons à discuter. Ça peut être entre les membres de la délégation, comme ça peut être des discussions avec les frères et sœurs des mouvements soit pour des éclaircissements, soit pour mieux se comprendre. Donc il y a des discussions formelles comme il y a des discussions informelles. Il y a beaucoup de contacts pour essayer au maximum de voir comment on peut rapprocher les points de vue et mieux nous comprendre. Et souvent, aussi, c’est l’équipe de médiation (dans des schémas formels, dans des salles comme dans des apartés) peuvent aussi essayer d’identifier un certain nombre de points qui sont des points difficiles et voir comment rapprocher au maximum les parties. Donc c’est une série de contacts.

Monsieur le ministre quelles sont les avancées perceptibles par rapport au premier round ?

C’est premièrement l’état d’esprit. L’état d’esprit que nous avons depuis le début de la semaine, c’est que tout le monde est là. Les mouvements sont tous là. Ensuite nous avons les représentants, cette fois-ci de la société civile, les représentants des populations des communautés du nord, des communautés d’autres parties du Mali qui sont là. Et chacun se sent impliquer par rapport au processus. Et il y a aussi une liberté pour les uns et les autres de s’exprimer sur toutes les questions de préoccupations. Nous avons été rafraichis par des développements qui ont été fait par les représentants de ces communautés par rapport à ce qu’ils ont vécus. Les souffrances au quotidien, mais aussi nous avons senti la volonté même, de ceux qui ont le plus souffert, de pouvoir tourner cette page et aller de l’avant et pouvoir dessiner ensemble. Souvent il y a des points ou on n’est pas nécessairement d’accord. Mais tous se fait dans le cadre de la responsabilité. Donc, s’il y a avancée, je crois que c’est d’abord, noter qu’on est tous là. Tout le monde est engagé et nous sentons une volonté ou un état d’esprit très constructif de la part de tout le monde pour dire que nous sommes venus pour chercher la paix.

Mais est qu’on est loin d’un accord ?

On est au tout début. Il est important que les uns et les autres se convainquent de la complexité de la situation, mais aussi de la difficulté des sujets et des questions qui sont en discussions.

Si vous dites qu’on est au tout début ça fait peur ?

Si je dis qu’on est au tout début, cela veut dire qu’on vient de conclure la feuille de route. Et c’est depuis cette semaine que les consultations ont commencée avec la société civile dans les groupes thématiques. C’est maintenant qu’on commence à toucher à la substance. Parce que la première phase était essentiellement consacrée au calendrier, la définition des différents éléments du processus. Donc, c’est maintenant que nous commençons à toucher à la substance et même cette semaine, c’est essentiellement une semaine d’auditions. C’est l’écoute des communautés, c’est seulement à partir de la semaine prochaine que nous allons vraiment engager ce qu’on peut appeler des négociations. Parce que nous allons vraiment discute, mouvements et gouvernement, des sujets. Donc, nous sommes au début, mais tout dépend, à mon avis, de l’état d’esprit. Et l’état d’esprit qui est là est assez encourageant. Nous sommes en train de faire des progrès. Je dis tout simplement que chacun doit jouer son rôle.

C’est-a-dire qu’on progresse vers la définition d’un statut pour les régions du nord ?

Ça c’est un sujet en discussion. L’organisation administrative des régions du Mali, y compris les régions du nord, est un des sujets en discussion et un des sujets les plus importants.

Entre autre sujets ?

Bon, il y a beaucoup de sujets. Si on regarde la feuille de route, elle définit quatre domaines principaux de négociations.

Mais le blocage semble être au niveau surtout du statut à donner aux régions du nord ?

Il n’y a pas de blocage puisse que nous n’avons pas commencé des négociations proprement parlé. Mais les représentants des populations ont présenté des positions.

Il y a des résistances ?

Ils ne sont pas des résistants, je crois que chacun s’exprime. Ceux qui sont venu de Bamako ont exprimé des points de vue, demandant le maintien de l’unité nationale, le respect de la souveraineté du pays mais aussi le renforcement de la décentralisation ou de la révision de l’organisation administrative pour prendre en charge un certain nombre de concepts. Certains, chez les mouvements, ont des positions qui sont modérées, d’autres ont des positions qui paraissent maximalistes. Même en dehors des engagements déjà pris dans le cadre de la feuille de route. Mais comme je l’ai dit, c’est une semaine d’écoutes et tout le monde peut s’exprimer. Mais maintenant quand on arrive à la phase de négociation, il est évident que les sujets discutés par le gouvernement doit nécessairement s’inscrire dans le cadre de la constitution et dans le cadre des engagements pris dans le cadre de la feuille de route qui respecte pleinement l’intégrité territoriale du Mali, son indépendance mais aussi la forme laïque et républicaine de l’Etat.

Est-ce que vous avez l’impression que le médiateur défend ces points de vue qui se dégagent des différentes positions des organisations internationales telle que l’ONU, l’Union Africain, la CEDEAO etc. ?

Nous n’avons aucun doute par rapport à ça. La feuille de route a été signée par les parties, mais elle a été aussi contre signée par toute l’équipe de médiation. Des engagements clairs ont été pris par rapport à ça et des principes de base ou les principes fondamentaux de la négociation ont été convenu à ce niveau. Nous n’avons aucun doute que les médiateurs continueront à jouer leur rôle de veille par rapport à ces engagements pris et qui travaillons pour d’avantage à rapprocher les parties pour trouver des accords sur les points en discussions.

Si vous avez un appel, vous l’adressez à quelle tendance ?

Bon l’appel qui est adressé à tout le monde y compris la partie gouvernementale. C’est que nous fassions tous preuve de tolérance. Preuve de tolérance, d’ouverture d’esprit, de respect de soi, de respect des autres. Mais aussi faire un effort d’écoute. Car de l’écoute sort la compréhension, la compréhension mutuelle. Parce que pour arriver à un accord, il nous faudra se mettre d’accord sur un diagnostic par rapport à la situation dans laquelle notre pays se trouve.

Mais ça c’est déjà fait ?

C’est déjà fait. Mais chacun voit midi à sa porte. Donc le même problème est vu différemment suivant la position qu’on a ici et là. Donc l’effort qu’on doit faire surtout à travers ces écoutes, c’est de s’assurer que nous reconnaissons le problème. Nous avons un diagnostic qui, dans ces grandes lignés, est partagée. Il faut qu’on puisse, ensemble, dessiner un avenir commun. En fait, c’est ce qui est en jeu à ce stade-ci.

B. Daou
(LE REPUBLICAIN)

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.