Amadou Sanogo, valeur sûre de la peinture au Mali était le jeudi 14 avril 2016, l’invité de la rencontre Artistique de la Galerie Anw-Ko’Art. Ce fut une belle occasion pour cet artiste peintre qui n’est plus à présenter de parler de ses œuvres. Et sa démarche artistique a fini par nous convaincre que sa renommée internationale n’est pas du tout usurpée, et l’amènera loin. Très loin.

« Nous savons que le Mali a de nombreux talents dans le domaines des arts plastiques. Malheureusement, la plupart sont jeunes et très mal connus par les amoureux des arts plastiques à plus forte raison par le grand public. Donc nous avions initié la Rencontre artistique de la Galerie Anw-Ko’Art pour les faire connaître d’avantage à travers leurs œuvres », c’est en ces termes que Souleymane Ouologuem, Président de l’Association Aw-Ko’Art et Directeur de la Galerie Anw-Ko’Art, a introduit ses propos.

Dans un brève présentation, il dira que Amadou Sanogo est un jeune artiste plasticien malien diplômé de l’Institut national des arts de Bamako en 2003. Selon Ouloguem, après de nombreuses expositions et résidences à Bamako, alors qu’il était encore étudiant, il franchit à plusieurs reprises les frontières de son pays pour aller exposer en France.

« En 2012, certaines de ses œuvres sont présentées en Angleterre dans le cadre d’une exposition collective d’artistes d’Afrique de l’ouest, organisée à la Manchester art gallery », a indiqué Souleymane Ouloguem. Avant d’ajouter que plusieurs toiles d’Amadou Sanogo sont exposées à la Foire de Paris par le spécialiste français de l’art modern africain, André Mangnin.

Il dira qu’Amadou Sanogo continue ses recherches et travaille à l’atelier Badialan I (AB1), une initiative qu’il vient de mettre en place avec d’autres jeunes artistes peintres pour prendre en main la destinée de la peinture au Mali.

Les proverbes bambaras de Ségou

« Je me vois comme un peintre. Je dois encore travailler pour avoir le statut d’artiste », a indiqué Amadou Sanogo avec beaucoup de modestie. Il a rappelé qu’il est diplômé la section peinture de l’INA. « Je suis très curieux et cela m’a poussé à toucher à plusieurs thèmes. En réalité, pour mon mémoire de fin d’étude à l’INA, mon professeur de peinture Francky, qui connaissait mon penchant pour les proverbes bambara m’a suggéré de réfléchir si je pouvais proposer quelque chose dans ce domaine », s’est-t-il souvenu.

Le jeune peintre ce met à l’œuvre et produit quatre œuvres de belle facture qui va impressionner le jury lors de sa soutenance. Après sa soutenance, ce sont au moins une centaine d’œuvres, dont la plupart sont aujourd’hui écoulée, qui seront produites sur le thème des proverbes bambara de Ségou.

Les Cadenas

Après sa série en rapport avec les proverbes bambara de sa Ségou natale, Amadou Sanogo, jeune peintre très engagé, va initier une formidable série d’œuvres inspirées des cadenas. « Les cadenas sont utilisé pour verrouiller des portes. Dans cette série, j’ai voulu dénoncer les système de verrouillage qui sont mis en place au Mali et un peu partout dans le monde », a-t-il indiqué. En effet, au Mali et en Afrique, pour se faire un peu de place au soleil, quelque soit le talent, il faut souvent briser plusieurs portes. Et, c’est cela que l’artiste a voulu dénoncer à travers ses œuvres qui l’ont pratiquement révéler au monde.

Les points d’interrogations

« Si on part du fait qu’une ligne est un ensemble de points, nous devons chacun tracer notre ligne dans la vie comme le veut la philosophie Bambara », a indiqué Amadou Sanogo pour introduire la présentation de sa série d’œuvres sur les points d’interrogation.

En effet, l’artiste est convaincu que la vie sur terre est faite d’interrogation permanente. Par exemple : que vais-je devenir ? Où vais-je dormir ? Que vais-je manger ? La vie est faite que de que vais-je ???? Et cela a inspiré des œuvres d’une facture exceptionnelle qui ont mis en exergue la dimension spirituelle et philosophique de son travail artistique.

Les sans têtes

« Aujourd’hui, je travaille sur les sans têtes », a-t-il ajouté. L’humanité est aujourd’hui confrontée à un grave problème de gouvernance. « On a l’impression que le monde a perdu sa tête. Les humains n’ont plus de têtes ou du moins ceux qui sont chargés de gérer nos pays », a-t-il indiqué.

Pour qui Amadou Sanogo peint ? Mes œuvres sont destinées à ma société, mais à moi aussi parce que je fais parti de cette société. Réponse simple, mais pleine de sens. Celui qui dit que qu’il fait de la peinture abstraite à base d’acrylique sur tissu pour ne pas dire toile, sera à Dak’Art 2016, pour une exposition en OFF. Le Mali y sera à l’honneur avec 11 artistes peintres pour l’exposition organisée par EIFFAGE, troisième groupe de BTP et concessions français.

Assane Koné