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Centre Culturel Korè de Ségou : Une réflexion sur l’utilisation du << Nko >> comme facteur de souveraineté linguistique au Mali
samedi 27 septembre 2025, par
<< Le Nko, facteur de souveraineté linguistique au Mali>>, est le thème qui était inscrit à l’ordre du jour de la 5 ème édition du Koré Baro.
Dans le cadre du weekend culturel du Centre culturel korè de Ségou, le 27 septembre 2025, dans la salle du théâtre Youssouf Tata Cissé, Dr Mamady Keita a animé une conférence débat sur le thème : << Le Nko, facteur de souveraineté linguistique au Mali>>.
En introduction, il a rappelé la grandeur du Mali actuel parce qu’il est la continuité de grands empires notoirement connus que sont : le Ghana, le Sosso, le Songhai, et le Mali.
Dr Mamady Keita a indiqué que le Mali est un grand pays avec une diversité culturelle et linguistique très riche. Cependant, il a estimé que nos grandes difficultés tirent leur source de la non opérationnalisation de nos langues.
Il a regretté le fait que rien ne se fait dans nos langues nationales. << Pas de séminaires, pas d’ateliers dans nos langues nationales. Même, les bénédictions du mariage et du baptême, des actes sociaux très intimistes, ne se font pas dans nos langues nationales>>, a-t-il dénoncé.
Tout compte fait, il a estimé que << nous n’aimons pas nos langues. Mais nous aimons toutes les langues étrangères>>.
Au-delà de la question de la langue, il a estimé que nous n’avons pas, en réalité, travaillé pour la structuration de notre développement depuis plus de 60 ans. A titre d’exemple, il a indiqué que nous n’avons pas développé des stratégies pour assurer notre sécurité alimentaire sur de longues périodes. << Nous dépendons de l’importation pour notre survie alimentaire, malgré les grandes potentialités de notre pays>>, a-t-il regretté. Avant de conseiller un réveil collectif des peuples maliens et au delà des peuples africains pour se prendre en main, pour un développement véritable basé sur nos valeurs culturelles. << Réveillon nous. Il n’y a plus de pitié dans le monde. Si tu dors tu seras mangé>>, a-t-il indiqué.
Profitant de l’espace, il a invité les autorités maliennes et africaines à conduire de grandes réflexions sur notre médecine traditionnelle, foncièrement basée sur les plantes. Il pense qu’un enjeu économique est lié au discrédit qui est lancé contre nos plantes médicinales traditionnelles, au motif qu’il n’y a pas de dose. << Nous ne travaillons pas suffisamment>>, a-t-il estimé. Avant de dire qu’on a tout pour notre développement intégré. Mais, selon lui, on a tendance à ignorer que la connaissance et la science sont plus importantes que la religion. <<[ Mais, malheureusement, nous avons mis la religion avant tout. Et, nous avons tendance à ignorer l’essentiel >>, a-t-il estimé.
Mais, il a attiré l’attention des uns et des autres, mais surtout les peuples africains, sur le fait que nous sommes entrain de tout perdre. << Aujourd’hui, nous ne sommes pas arabes et nous ne sommes pas européens. Et, plus grave, nous n’avons plus rien de maliens ou d’africains >>, a-t-il regretté.
Pour ce qui concerne la crise malienne et toutes les crises de société, il a estimé que le dialogue est toujours mieux que la guerre. Cependant, il a estimé que la crise actuelle ne tire pas ses origines de contradictions profondes dans notre diversité culturelle. Selon lui, cette crise est plus motivée par des causes qui sont importées de l’extérieur de notre pays.
Des différentes interventions des participants, ont retient en guise de recommandations qu’il faille enseigner le << dambé >> pour que chaque fille et fils du Mali puisse se connaître et s’engager pour la construction nationale. A cet effet, il a été demandé d’ introduire l’enseignement du Dambé dans le système éducatif.
Assane Koné
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