Après son arrivée fracassante à la primature, sa visite controversée à Kidal, pris dans l’étau de la bataille de la primature que lui livre le RPM depuis sa nomination, le Premier ministre Moussa Mara semble désormais trouver un sujet à son goût et surtout à son niveau. A savoir, le suivi de la campagne agricole. Alors que sa tête est mise à prix à Bamako par les caciques du RPM, le premier Ministre Moussa Mara semble aller prendre de l’air dans le pays profond avant d’être évincé de la primature. Alors que son départ est annoncé par certains chroniqueurs politiques comme étant une question de jour, le PM est permanemment sur les chantiers ou dans les champs de riz et de mil à travers le pays. Moussa Mara n’est-il pas en train de préparer indirectement son terrain politique d’après primature ?

C’est un secret de polichinelles, nos champs de riz et de mil sont investis par des paysans d’un type nouveau. Tiré à 4 épingles, le fouloir de pionnier autour du cou, une casquette à l’effigie de l’une de nos grandes zones de production agricole, de Sikasso à Kayes, et cette semaine à Ségou, le Premier ministre et sa délégation sillonnent des champs. L’image n’est plus nouvelle à la télévision nationale. Dans les discours, il s’agit de traduire sur le terrain la vision du président de la République de faire du Mali le grenier de l’Afrique de l’ouest. Mais qu’on ne si trompe pas, Moussa Mara est un homme politique. Il serait dupe de penser que toute ces nombreuses visites sur le dos du contribuable malien n’est pas une manière de se donner une base politique sans précédent. Son parti, Yèlèma n’étant que créditeur d’un seul député à l’Assemblée nationale, le poste de maire de la commune IV était le seul poste politique occupé avant les élections présidentielles de 2013. Eliminé au premier tour avec seulement 1% des suffrages exprimés, Mara à la tête du collectif des jeunes candidats, avait soutenu le président IBK au second tour. Conséquences, après la victoire de ce dernier, il bénéficie du porte feuille de ministre de l’urbanisme et de la politique de la ville dans le gouvernement de Tatam Ly. Suite à la démission de ce dernier, les observateurs de la scène politique ont été surpris par la nomination de Mara à la primature. Alors qu’on se demandait quelle mouche l’avait piquée face aux risques de suicide politique en cas d’échec, Moussa Mara a montré toute sa détermination à prendre les reines du gouvernement dans un contexte plus que difficile. Mais il fut très vite trahi par l’inexpérience face aux responsabilités trop élevées que présente cette fonction. Pour preuve, sa visite controversée le 17 mai 2014 à Kidal ne fut pas sans conséquences pour le Mali. Le 21 mai, le Mali perd à nouveau la région de Kidal. A cela s’ajoute la contre vérité d’Etat devant les élus de la nation sur l’achat de l’avion présidentielle. Mais, Moussa Mara loin d’être embarrassé par cet immobilisme latent au sommet de l’Etat, est en train de se livrer allègrement à une précampagne qui ne dit pas son nom. Les faits sont latents, une fois arrivé dans une localité, Moussa Mara rend visite à toutes les notabilités et autres leaders d’opinions. Officiellement en visite gouvernementale, cette randonnée dans le Mali profond est certainement une manière de mieux se faire connaître dans le pays profond. Les retombés peuvent être immédiates pour le parti de Moussa Mara dès les élections communales prochaines.

Abdoulaye Ouattara
(LE REPUBLICAIN)