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Témoignage de Blaise Compaoré sur l’exécution d’Henri ZONGO et du Commandant LINGANI par Diendéré : « Je n’ai pas à avoir pitié des traîtres »

samedi 30 janvier 2016, par Assane Koné

Le document ci-après est extrait du magazine Jeune Afrique daté du 30 octobre 1989. Il nous a été remis (en version photocopiée) par un doyen aujourd’hui à la retraite, un inconditionnel de L’Ouragan qui l’a gardé soigneusement pour l’Histoire, pour la génération future comme preuve d’atteinte grave aux droits humains sous le le long et inutile règne du vampire Blaise Compaoré et de son chef tortionnaire Gilbert Diendéré. C’est une interview que le capitaine Blaise Compaoré avait accordée à notre doyen et confrère Jeune Afrique au lendemain de l’ignoble assassinat du commandant Jean-Baptiste Boukary Lingani et du capitaine Henri Zongo. Actualité politique nationale oblige, notre fidèle lecteur a souhaité partager le contenu de ce document de haute portée historique et à toutes fins utiles, avec les lecteurs de L’Ouragan. Peut-être qu’il pourrait aider la justice en cas d’un éventuel procès du général putschiste, Gilbert Diendéré et de son mentor et complice parfait, Blaise Compaoré, ex-homme fort du Burkina Faso. Blaise Compaoré donne ici sa version des faits avec une arrogance et une insouciance à vous donner des nausées. Lisez plutôt.

Jeune Afrique  : Pourriez-vous nous éclairer sur les conditions, demeurées jusqu’ici obscures, dans lesquelles furent exécutés vos deux anciens compagnons, Jean-Baptiste Boukary Lingani et Henri Zongo ?

Blaise Compaoré (BC) : Ces gens ont reconnu leur forfait. Ils ont été passés par les armes. C’est tout. Il n’y a pas autres éclaircissements à apporter.
Comme ces deux officiers n’étaient pas n’importe qui, dans la mesure où ils occupaient respectivement la deuxième et troisième place dans la hiérarchie de votre régime, il est tout de même difficile de voir qu’ils ont été exécutés sans que vous ayez eu votre mot à dire.

B.C. : Quand j’ai regagné Ouagadougou dans la soirée du 18 septembre, Lingani n’était pas arrêté.

Donc vous l’avez vu ce soir-là ?

B.C : Non, il était en fuite.

Lorsqu’il a su que son complot avait été découvert et qu’on venait l’arrêter, il a sauté par la fenêtre de son bureau. Pour aller se cacher en compagnie d’un de ses gardes du corps. A quel moment a-t-il pris la fuite ?

B.C. : Aux alentours de 17heures, je crois. Je n’étais pas encore arrivé.

A quel moment le commandant Lingani a-t-il été arrêté ?

B.C. : Tard dans la nuit, je crois.

Et le capitaine Henri Zongo ?

B.C. : Lui, je crois qu’il était parmi ceux qui étaient venus m’accueillir à l’aéroport. Ce dont je suis sûr, c’est que Zongo était présent à la réunion organisée en vue de m’expliquer ce qui avait été tramé contre moi. D’ailleurs il était assis à côté de moi pendant cette réunion.

Vous avez dit par ailleurs que vous ne savez pas comment vos deux anciens compagnons ont été exécutés.

B.C. : De toute façon, une fois arrêtée je ne pense pas qu’ils méritaient d’autres sanctions que l’exécution.

A supposer qu’ils aient été coupables de tentative de coup d’Etat, ils n’avaient pas eu le temps de mettre leur plan à exécution. Ce qui aurait pu constituer des circonstances atténuantes.

B.C. : ça, c’est votre point de vue. Pour ma part, je trouve qu’il est tout à fait normal qu’on leur applique le sort qu’ils avaient réservé aux autres.

Mais êtes-vous convaincu de leur culpabilité ?

B.C. : Du moment qu’ils ont reconnu eux-mêmes leur forfait, et ce sans contrainte d’aucune sorte, je n’ai pour ma part aucun doute là dessus.

Mais concrètement qu’ont-ils fait ? Ont-ils contacté des soldats, rassemblé des armes ou monté une opération précise ?

B.C. : Lingani était à la fois Chef d’état-major des armées et ministre de la Défense nationale. De part ces deux fonctions, il n’a pas à contacter des soldats ou à rassembler des armes. Pour faire le mal il suffisait tout simplement d’en prendre la décision. C’est ce qu’il a fait, il l’a reconnu.

Mais personne n’a vu les preuves de cette accusation.

B.C. : Nous avons des preuves irréfutables. Nous avons trouvé une liste de complices. Nous aurions pu la rendre publique. Si nous ne l’avons pas fait c’est parce que nous ne voulons pas faire tomber d’autres têtes. Mais la liste existe : elle est de la propre main de Lingani.

C’est tout ce que vous avez trouvé ?

B.C. : En plus de cette liste, nous avons trouvé un autre manuscrit de Lingani où il indiquait les mesures à prendre aussitôt après le coup d’Etat. (Blaise Compaoré nous alors brandi le bout de papier).

Devant quel tribunal Lingani et Zongo ont-ils été jugés ?

B.C. : Ils l’ont été jugé par un tribunal militaire autour duquel et pour des raisons de sécurité, nous n’avons pas voulu faire de publicité. Mais sachez que c’est un véritable tribunal militaire.

Ont-ils pu se défendre ?

B.C : Bien sûr. C’est ainsi d’ailleurs qu’ils ont fait les aveux enregistrés sur bandes magnétiques.

Des aveux sur une bande ne sont pas si convaincants …

B.C. : Eh bien, je peux vous dire qu’au Burkina les gens les ont crus, parce que tout le monde a reconnu les voix de Lingani et de Zongo.

Mais nul ne sait dans quelles conditions ces aveux ont été obtenus.

B.C. : Je vous assure que ces aveux n’ont pas été obtenus sous l’effet de la contrainte ou de la torture comme certains pourraient l’imaginer. D’ailleurs cela ressort parfaitement des voix des deux traîtres. Ils parlaient sur un ton calme et totalement responsable.

Pourquoi avoir condamné à mort des comploteurs dont le dessein n’avait abouti à aucune effusion de sang ?

B.C. : Je n’étais pas moi-même au tribunal, mais je pense que les juges ont eu suffisamment d’éléments entre les mains avant de prononcer la sentence de mort. Et s’il est vrai que la tentative n’a pas occasionné d’effusion de sang, il ne faut pas perdre de vue que leurs auteurs avaient bel et bien l’intention, eux, de verser le sang.

Pourquoi avez-vous précipité leur exécution ?

B.C. : Dès lors qu’ils ont été condamnés à mort, il fallait les exécuter. Puisqu’il a été établi qu’ils étaient coupables, je ne vois pas pourquoi il aurait fallu surseoir à leur exécution.

En tant que chef de l’Etat, vous aviez la possibilité de gracier les condamnés à mort, ne serait-ce qu’en souvenir du long parcours politique que vous avez eu avec eux.

B.C. : Cela dépend de l’appréciation que le chef de l’Etat fait de l’acte en cause. Etant donné le caractère criminel de celui-ci puisqu’il s’agissait de la sécurité de l’Etat, je n’ai pas cru devoir accorder la grâce aux condamnés. Et j’ai pris cette décision en toute conscience.

L’exécution de deux compagnons aussi proches ne vous empêche pas de dormir ?

BC : Si ceux que vous appelez de proches compagnons étaient morts alors que nous partagions les mêmes convictions, oui ça aurait pu provoquer chez moi des insomnies. Mais dès lors qu’ils avaient cessé d’être de fidèles et sincères compagnons, au point d’avoir basculés dans la traîtrise, eh bien leur disparition ne m’empêche pas de dormir. Pas du tout, alors.

L’indifférence de la population ne vous inquiète pas non plus ?

B.C. : Ce que vous prenez pour de l’indifférence n’est en fait qu’un signe de maturité, la preuve, s’il en est besoin de l’esprit de responsabilité du peuple burkinabè. Du reste cette attitude prouve que le sort des comploteurs n’intéressait nullement le peuple. Car ils ne représentaient rien à ses yeux.

Cela peut vouloir dire aussi que la manière dont les équipes dirigeantes se succèdent au pouvoir n’intéresse plus le peuple ?

B.C. : Pas du tout. Le peuple connait et soutient la ligne et le programme du Front populaire.

Ne pensez-vous pas que le peuple soit désormais si écoeuré par les moeurs politiques en vigueur qu’il préfère se réfugier dans l’indifférence ?

B.C. : C’est tout à fait le contraire. Le peuple burkinabè est croyez moi, pleinement engagé dans le combat libérateur qu’incarne le Front populaire.

Mesurez-vous la gravité des événements du 18 septembre 1989 ?

B.C : Quelle gravité ? Rien n’a changé ! « J’affirme que les aveux de Lingani et de Zongo n’ont pas été obtenus sous la torture. Contrairement à ce que certains ont imaginé » Ici, ni dans la vie du peuple, ni au des structures politique en place. Donc je ne vois pas à quoi vous faites allusion. Par contre, si le complot avait réussi, je vous concède que ç’aurait été très grave.

Parce que vous auriez été éliminé ?

B.C. : Non, pas du tout. Un révolutionnaire peut tomber à tout moment au champ d’honneur. Ce qui aurait été grave, c’est que la victoire des contre-révolutionnaires se serait traduite de notre révolution et de notre peuple.

Est-ce que vous mesurez à quel point ces exécutions ont terni l’image de votre pays. Pourquoi ne pas dire du continent africain tout entier.

B.C. :
Je puis vous affirmer que l’image du Burkina et de l’Afrique aurait été plus ternie encore si le complot avait réussi.

Ne pensez-vous pas que ces événements servent indirectement vos ennemis ?

B. C. : Je ne me préoccupe pas tellement de savoir ce que pensent de moi mes ennemis qui sont après tout ceux du peuple burkinabè

Ces événements rappellent étrangement ceux qui aboutirent à l’assassinat de Thomas Sankara, le 15 octobre 1987.

B.C. :
Comme chacun sait, j’étais absent au moment où ces deux événements se sont produits.

C’est tout de même étrange !

B.C. :
Il n’y a rien d’étrange là-dedans. Vous savez bien que Lingani et Zongo ont monté leur opération pendant que j’étais en visite officielle et que je ne suis rentré à Ouagadougou que le lundi 18 septembre aux alentours de 21 h 30.

Mais de nos jours le téléphone marche bien entre Ouagadougou et l’étranger. Qui dit que vous n’étiez pas en contact avec vos partisans restés sur place pour monter un piège dans lequel sont tombés vos deux anciens compagnons.

B.C. : Ecoutez-moi bien. Depuis Moscou ou Tokyo, je ne me souviens pas très bien, je n’ai pas eu de contact téléphonique avec Ouagadougou. Je crois que je n’ai eu téléphonique avec quelqu’un demeuré ici. Avec le capitaine Gilbert Diendéré durant tout mon déplacement figurez- vous que le seul qui m’ait appelé alors que je me trouvais à Moscou, c’est précisément Lingani.

Que vous a-t-il dit alors ?

B.C. : Rien d’important, rien que de simples banalités. Naturellement, j’étais loin de me douter qu’il préparait quelque chose contre notre révolution.

Vous n’avez pas eu de soupçons ?

B.C. : Il ne m’a rien laissé deviner.

Personne ne peut vous croire lorsque vous laissez entendre qu’en ce qui concerne les exécutions de Lingani et de Zongo comme dans l’assassinat de Sankara vous avez été mis devant le fait accompli.

B.C. : Je n’ai jamais prétendu avoir été mis devant le fait accompli dans ces derniers événements. L’exécution de Lingani et de Zongo a eu lieu alors que j’étais rentré à Ouagadougou. Ça c’est clair, je ne le nie pas. Tout comme il est clair que je n’ai pas voulu les gracier après leur condamnation à mort par un tribunal militaire régulier. Tribunal devant lequel, je vous le répète, tous deux ont pu longuement s’expliquer, se défendre avant de passer aux aveux.

Et vous ne regrettez d’avoir été aussi expéditifs ?


B.C. :
Je n’ai aucun regret parce que j’ai conscience d’avoir servi, ce faisant, la révolution et le peuple burkinabè. C’est pour ça que je vis. Je n’ai pas à avoir pitié des traîtres.

Comme dans l’assassinat de Sankara, vous auriez pu chercher à établir toutes les responsabilités, en prenant tout le temps nécessaire, afin de clarifier les choses aux yeux de tout le monde.

B.C. :
En période révolutionnaire comme c’est le cas au Burkina depuis août 1983, nous n’avons pas à nous embarrasser de ce fatras de procédures. Ce qui est clair, c’est que je suis dans un camp et les ennemis de la révolution sont dans un autre. La révolution voyez-vous, est un engagement de se sacrifier à tout moment. C’est une question de vie ou de mort. Il arrive que les contradictions au sein de la société soient telles que le sacrifice suprême devient un risque de tous les instants. C’est pourquoi, dès lors qu’il y a complot, c’est un camp ou l’autre qui gagne ou perd. C’est ainsi qu’avance le processus révolutionnaire de tout temps et sous tous les cieux.

Ce qui est également sûr, c’est qu’aux ennemis que vous vous étiez faits à la suite de l’assassinat de Sankara vont désormais s’ajouter les parents et partisans de Lingani et de Zongo. Cela ne vous inquiète-t-il pas ?

B.C. : Souvenez-vous du tollé qu’avait suscité la disparition de Thomas (entendez Thomas Sankara). Eh bien où sont aujourd’hui les ennemis de notre révolution qui étaient à l’époque ? Ils ont désarmé quand ils n’ont pas disparu. Ils ont renoncé à leurs actions parce que personne ne les suit. Personne ne les suit parce que leur combat n’est pas dirigé contre l’arbitraire et l’injustice. Voyez vous-même. Promenez- vous à travers tout le Burkina, vous verrez que personne ne manifeste un quelconque soutien à Lingani et Zongo. Ces gens ne représentaient rien ici.
Peut-être parce que lassé par les coups et contrecoups d’Etat qui se succèdent, le peuple ne croit plus à rien.

B.C : Notre peuple, croyez-moi est pleinement mobilisé derrière l’action et le programme du Front populaire.

Vous pensez que le peuple a déjà oublié Sankara ?

B.C. : Demandez au peuple ce qu’il pense des excès des mesures arbitraires et autres contraintes qu’incarnait Sankara vers la fin. Promenez-vous partout, interrogez les gens et voyez ce qui se réalise aujourd’hui à Ouagadougou comme à l’intérieur du pays. Cela se passe de commentaire. La confiance est revenue dans le pays. C’est l’essentiel. Pour tout vous dire, j’ignore si le peuple a oui ou non oublié Sankara. Mais je peux vous dire que j’ai envoyé dernièrement le père de Thomas (Thomas Sankara) se soigner à Paris. Il était malade : lorsque j’en ai été informé, j’ai pris les mesures nécessaires pour l’évacuer dans un hôpital parisien, afin qu’il y reçoive tous les soins que nécessite son état.

Avez-vous pleinement confiance en votre armée ?

B.C. :
J’ai totalement confiance dans l’armée révolutionnaire burkinabè, parce qu’il s’agit d’une armée qui vit, agit et se comporte à partir de principes révolutionnaires.

Ne craignez-vous pas qu’elle ne se retourne un jour ou l’autre contre vous ?

B.C. : ça jamais ! Croyez-moi, plus personne ne peut désormais manipuler notre armée, parce qu’il s’agit d’une armée politiquement et idéologiquement mûre et parfaitement consciente. Il ne s’agit pas d’une troupe que n’importe quel aventurier assoiffé de pouvoir peut utiliser en vue d’assouvir ses ambitions personnelles. Ça, c’est fini et bien fini ici.

A l’occasion des derniers événements on a beaucoup parlé du capitaine Gilbert Diendéré ? Qui est-il par rapport à vous et qu’en pensez-vous ?

BC : Diendéré est un bon camarade, un révolutionnaire sincère qui exécute correctement les tâches que lui assigne la révolution. Beaucoup de journaux ont publié dernièrement des contre-vérités le concernant, en disant entre autres qu’il a été promu numéro deux après l’échec de la tentative de Lingani et Zongo. Et que c’est après ces événements qu’il est devenu secrétaire chargé de la défense et de la sécurité au niveau du Front populaire. Ça, c’est de la désinformation pure et simple. Car Diendéré est depuis la mise en place du comité exécutif du Front, c’est-à-dire depuis le mois de juin 1989, secrétaire chargé de la défense et de la sécurité au sein de cette instance

Excluez-vous l’événement de divergences entre Diendéré et vous même ?

B.C. : Je m’exclus totalement. Nous travaillons ensemble depuis sept ans, et ce dans une confiance totale.

Mais avec Sankara d’abord, puis avec Lingani et Zongo par la suite, vous sembliez être également en confiance. Et pourtant.

B.C. : Ce n’est pas du tout pareil, Diendéré et moi, nous avons suffisamment fait la preuve que nous pouvons travailler sans accroc et sans divergence d’ordre politique et idéologique. Nous nous connaissons bien et nous nous estimons. Il n’y a aucune raison pour qu’on ne continue pas dans la même voie, puisque nous sommes des révolutionnaires sincères, engagés dans la même cause.

Et si demain un conflit éclatait entre vous, comment pensez-vous qu’il puisse se dénouer ?

B.C. :
Aujourd’hui, lorsqu’un conflit éclate en notre sein, nous le tranchons dans le cadre d’un débat de fond, sérieux et aussi large à l’armée. Et là, voyez-vous, Lingani et Zongo se sont trompés. Ils avaient oublié que notre armée a fait un chemin dans le sens de la cohésion politique et idéologique. L’armée burkinabè est aujourd’hui une armée éduquée, formée et trempée. Elle n’accepte plus de s’engager derrière n’importe quel aventurier. L’armée burkinabè est une armée du peuple pour la défense du peuple, un armée qui agit et décide suivant les règles de la saine démocratie.

Au lendemain des récents événements, avez-vous eu des coups de téléphone de chefs d’Etat africains.

B.C. : Bien sûr, de nombreux chefs d’Etat amis m’ont téléphoné pour s’enquérir de mes nouvelles.

Lesquels ?

B.C. : Je ne puis vous donner leurs noms

Ont-ils condamné l’exécution de Lingani et Zongo ?

B.C. : Aucun d’eux n’a condamné la décision de notre tribunal. Par contre, ils ont condamné la trahison qui a failli déstabiliser notre révolution.

Ne vous ont-ils pas fait part de leur émotion devant la manière dont vos deux anciens compagnons ont été jugés et exécutés ?

B.C. : Ils ont plutôt tous partagé l’émotion du peuple burkinabè devant l’acte criminel des deux traîtres et les conséquences que cela aurait entraîné pour notre peuple.

L’Agence burkinabè de presse a implicitement accusé la France et le Ghana de connivence avec Lingani et Zongo. Qu’en est-il vraiment ?

B.C. : Ni le front populaire ni le gouvernement n’ont incriminé ces deux pays.

Mais l’Agence burkinabè de presse est une émanation du gouvernement. Elle ne publie rien qui soit contraire aux vues du gouvernement.

B.C. : Nos journalistes sont des militants convaincus du front populaire. A ce titre, et sans que leurs déclarations ou leurs écrits engagent le gouvernement, ils pensent et s’expriment librement.

Au point d’accuser des gouvernements amis de complot ?

B.C. : Si nos militants découvrent ou soupçonnent des menées contre révolutionnaires dirigées contre le régime, ils peuvent le dire. Ce sont leurs points de vue.

On pensait que Jerry Rawlings et vous étiez réconciliés et que tout allait bien désormais entre vous.

B.C. : Je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour entretenir de bonnes relations avec notre frère Rawlings. Mais les choses ne sont pas aussi claire et nettes de son côté, malgré ses sourires et ses accolades lorsque je le rencontre. Pour tout vous dire, je ne suis pas dupe.

Et pour ce qui est de la France ?

B.C. : Je n’ai rien à dire en ce qui concerne la France. Je ne l’ai ni attaquée ni accusée. Et aucun responsable du Front populaire ou du gouvernement ne l’a fait.
Les partisans de Sankara vous ont accusé d’avoir été manipulé par l’étranger pour assassiner leur héros.

B.C. : Je ne m’en souviens plus.

Mais si certains avaient vu la main de l’étranger dernière l’assassinat du 15 octobre 1987.

B.C. : Vous savez c’est trop loin ça. Ça ne m’intéresse plus d’en parler.

N’est-ce pas à la fois trop facile et tentant de voir la main de l’étranger dernière chaque coup ou tentative de coup d’Etat qui se produit en Afrique ?

B.C. : Vous conviendrez avec moi que notre pratique politique, de même que l’engagement massif et effectif de notre peuple au sein du Front populaire, ont suffisamment démontré qu’il n’y avait pas de main étrangère dernière les événements du 15 octobre 1987. Tout démontre aujourd’hui que la politique de rectification opérée à cette occasion allait dans le sens des souhaits de notre peuple et qu’elle a été le fait des révolutionnaires burkinabè eux-mêmes.
A force de rendre l’impérialisme responsable de tous nos maux, on n’est plus crédible.

B.C. : L’impérialisme est une réalité qu’on ne peut nier. Tant que des Etats chercheront à opprimer d’autres Etats, le problème restera posé.

Quand il s’agit de tentatives de domination d’une puissance étrangère, certes… Mais lorsqu’il s’agit d’une course au pouvoir à laquelle se livrent des nationaux entre eux ?

B.C. :
Tout dépend de qui est derrière la course en question. Certains actes perpétrés à l’intérieur de nos pays correspondent à des offensives engagées à l’étranger par les impérialistes qui cherchent à contrôler nos richesses. C’est indéniable.

Etes-vous conscient que les peuples africains sont désormais plus enclins à s’en prendre à leurs dirigeants qu’à l’impérialisme ?

B.C. :
C’est normal dans la mesure où la domination et les manoeuvre impérialistes procèdent par des intermédiaires, je veux dire des agents locaux. Autrement dit, si des
leaders africains font le jeu de l’impérialisme, il est tout à fait normal que nos peuples s’en prennent à eux.

Ne pensez-vous pas que de nos jours, la capacité d’un leader politique se mesure plus à son aptitude à assurer la paix, la concorde et le développement dans son pays qu’à déjouer des complots réels ou imaginaires ?

B.C. : Peut-être. Encore faut-il savoir de quelle paix, de quelle concorde et de quel développement il s’agit. Si tout cela est fait pour permettre à l’impérialisme de continuer à exploiter nos peuples ça ne nous intéresse pas !

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