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Ségou’Art 2016 : Le coup d’essai fut un coup de maître

lundi 26 septembre 2016, par Assane Koné

Au-delà du Mali, la ville de Ségou est en passe de devenir une grande capitale culturelle pour toute l’Afrique et voir le monde. A la faveur de la première édition de Ségou’Art, salon d’Art contemporain du Mali, la capitale du royaume bambara, encore une fois, a prouvé tout le bien que l’on pense d’elle en terme d’espace de promotion de la culture. Dans une parfaite maîtrise de l’organisation de l’évènement, le Centre Kôrè de Ségou a donné une très belle occasion, du 23 au 25 septembre 2O16, aux artistes plasticiens, aux galeristes et aux collectionneurs d’Afrique et d’Europe de se retrouver et d’échanger autour de l’art contemporain africain. A l’issue de cette première édition, sans risque de se tromper, l’on peut dire que Ségou devient une date et un lieu pour la promotion de l’art contemporain africain.

Pour la qualité des œuvres exposées et le niveau de participation à cette édition du Salon d’Art contemporain du Mali, Ségou’Art 2016 a été une véritable réussite et les regards sont déjà tournés vers la prochaine édition.

Pour cette première édition, le Centre Kôrè de Ségou, initiateur de la manifestation, a eu raison de placer la barre très haute, en termes d’organisation. En plus de l’exposition internationale qui a regroupé un quinzaine d’artistes, les amoureux des arts plastiques ont pu apprécier l’exposition de dix artistes séniors invités et une exposition dédiée aux artistes maliens.

Mais, à côté de ces expositions essentiellement montées à la Fondation du Festival sur le Niger, les amoureux des Arts plastiques ont pu visiter plusieurs expositions « Off », dans divers sites à travers la ville de Ségou. Au moins 18 expositions « Off » ont été montées à Ségou dans le cadre de l’édition 2016 du Salon d’Art contemporain du Mali.

Les briques rouges du Hall « Cheick Oumar Sissoko » de la Fondation du Festival sur le Niger donnent un éclat particulier à l’exposition internationale

A la Fondation du Festival sur le Niger, un magasin défraichi de la CMDT (Compagnie malienne du textile) d’une superficie d’environ 60/15 mètres, qui recevait des sacs de grains de coton, mis au goût du jour par un système de décrépissage qui lui donne un éclat particulier avec ses briques rouges, et dénommé « Hall d’exposition Cheick Oumar Sissoko », a reçu l’exposition internationale.

Cette exposition internationale regroupe les œuvres des jeunes talents africains en termes d’arts plastiques et qui ne tarderont pas à faire parler d’eux bientôt à travers le monde. Ce sont : Abraham Abga du Burkina Faso, Oke Agbo du Benin, Kwami Da Costa du Togo, Salif Diabagaté de la Côte d’Ivoire, Mbaye Babacar Diouf du Sénégal, Quistaw Fall du Sénégal, Alioune Gueye du Sénégal, Pascal Konan de la Côte d’Ivoire, Saafa Mazirh du Maroc, Adjaratou Ouédraogo du Burkina Faso, Souleymane Ouloguem du Mali, Amadou Sanogo du Mali, Eli Théra du Mali, Géraldine Tobe de la RDC, Mohamed Lamine Bobo Touré dit Bako du Mali.

Et le fait que ces jeunes artistes traduisent l’avenir des arts plastiques africains pourraient expliquer la présence de nombreux galeristes et collectionneurs à travers le monde.

Comme des mères poules, ils étaient aussi de la partie pour accompagner les jeunes : Les séniors

En même temps que Ségou’Art a décidé d’être un espace de promotion de jeunes talents africains, il se veut aussi un lieu où on rend hommage à tous les artistes qui ont écrit les belles pages des Arts plastiques en Afrique. Pour cela, à cette première édition, il y a eu une exposition dédiée aux artistes seniors invités. Ce sont : George Camilles des Seychelles, avec ses œuvres qui traduisent toute la beauté de son îles, Cheick Diallo du Mali, Amahiguéré Dolo du Mali, Ludovic Fadaïro du Bénin, Houda Ghorbel et Wadi Mhiri de la Tunisie, Abdoulaye Konaté du Mali, Dany Leriche et Jean Michel Fickinger de la France, Abdou Ouologuem du Mali, Piotr Pucylo de Pologne, Sira Sissoko du Mali, et Sinaly Tangara du Mali.

Exposition Mali ou l’hommage au dynamisme des jeunes artistes plasticiens maliens

Pour la plupart des purs produits du conservatoire Balla Fasséké, les artistes exposés à « l’exposition Mali » sont les talents qui comptent aujourd’hui au Mali. Ils ont décidé de vivre de leur talent. Pour cela le hasard n’a plus de place dan leur vie. Ils se battent comme, ils peuvent, mais personne ne peut dire qu’ils n’ont pas du talent vu la qualité de leur production.

Mamadou Lamine Barry dit Ladji qui a opté pour la technique du bogolan et du bassilan, mais aussi d’une démarche spécifique de la broderie à la main.

Amadou Opa Bathily, le futur roi de la ‘’récup’Art’’. Ses œuvres exposées à Ségou’Art montrent tout le progrès que cet artiste est entrain de réaliser en si peu de temps dans la maîtrise de sa technique. Ses œuvres, à la limite de la peinture et de la sculpture, dégagent un humanisme qui fait de cet artiste le militant de son époque. Le silence du Sahara, l’île perdue, la cité sans âme, sont quelques œuvres qui sortent de l’ordinaire de cet artiste.

Noumouké Camara, l’apprenti devenu maître du « néo-graphisme » est particulier en son genre. Et c’est ce qui fait de lui, une valeur sûre des jeunes plasticiens maliens. Il a le génie d’utiliser l’abstraction pour faire la figuration. En effet, à bien regarder de près ses œuvres, l’on voit des formes humaines sortir des lignes, qui à première vue ne veulent pas dire grand-chose. Dispute de femmes, portrait de femme, une couple heureux, sont des œuvres de Noumouké qui sont exposées à Ségou’Art 2016.

Losso Marie-Ange Dakouo, s’est particularisé dans l’usage des journaux comme supports pour s’exprimer. Mieux que de donner une seconde vie aux journaux usagés, il les rend immortels en les placardant sur une toile qu’on ne verra plus. Par des coups de pinceaux discontinuent, il y décharge toute une certaine dose de son énergie qui nous donnent des formes d’ensemble, mais très expressives. Le bleu dominant dans son travail exposé à Ségou’Art, traduit toute la tranquillité de l’être humain sans facebook. Et, le rouge peut dominant pour attirer l’attention des uns et des autres sur tous les dangers de cet outil de communication sociale.

Mohamed Diabagaté, le spécialiste du collage et de l’acrylique sur toile.

Modibo Doumbia, le peintre malien qui veut assurer la survie de la génération en perte de vitesse.A Ségou’Art, il a exposé sa série de peinture intitulée « Marché » qui fait appel à la technique de pigment sur papier.

Ousmane Haïdara, celui dont la recente production artistique est influencée par ce qui arrive au Mali dans son nord. A Ségou’Art, il parle de « paix et de réconciliation », de « Renouveau » et de « Sang de martyrs ».

Hawa keïta, celle dont le travail artistique réduit les limite entre la photographie et l’Art plastique. A la différence de la photographie qui expose la réalité, les œuvres de Hawa keita sont le fruit ses rêves et de son imagination. Enormément attaché au bleu qui transparait dans le fond de ses œuvres, Hawa pourrait être appelée la dessinatrice sur le bleu. A Ségou’Art elle a exposé sa série de peinture sur la « Vie ».

Mamadou A.Keita, le gardien du temple tant le sacré transparaît dans sa production artistique. Il exploite à fond les signes de la cosmogonie bambara, toute une philosophie en soi, cet artiste à cheval entre la nouvelle génération et l’ancienne, est interpelé par les problèmes de son époque : l’environnement, le pouvoir, la paix, la cohésion sociale, etc.

Ibrahima Konaté dit Boudjé, l’artiste qui a choisi d’interroger les modes de transport en commun de Bamako : Sotrama et Dourouni. Plus que des moyens de transports, cet artiste nous rappelle que les Sotrama et les Dourouni sont des lieux de rencontre, de dialogue et d’échanges. A Ségou’Art, il est présent avec « Les Copines », « les passagers » et « les cravates ».

Mariam Ibrahim à l’état civil ou Maribra sur la scène artistique, est une valeur sur des arts plastiques maliens au féminin. Celle que nous appelons volontiers la « courageuse » pour avoir réalisé des œuvres que seul Dieu doit le faire, est présente à Ségou avec un pan de son travail où elle expose sa maîtrise de la technique de la peinture et du collage. « Coiffure », « Chien » et « Idées », sont trois réalisations Maribra qui interpellent.

Djoman Samaké, le sculpteur de miroirs. Il veut volontiers que ses œuvres soient des miroirs où chacun peut découvrir sa propre personnalité. En plus de son œuvre qui mais en scène comme dans un match de football des êtres humains avec des têtes d’animaux, comme pour dire qu’une certaine animosité est entrain de s’emparer de l’humain, le sculpteur de miroirs est à Ségou’Art avec « Toguna » et « Chez soi ».

Massiré Touré fait partie de ces artistes au féminin qui ont décidé de « genrer » le milieu des arts plastiques maliens. Dans son approche artistique, bien qu’elle soit aussi photographe, elle arrive à faire la part des choses. Sa peinture ne laisse pas transparaître sa maîtrise de l’objectif d’un appareil photo. A Ségou’Art, elle y est avec sa série intitulée « Union ».

Boubacar Traoré, le peintre sur tissu imprimé, a déjà fait l’essentiel : se donner une identité, une signature. Il lui reste aujourd’hui à faire connaître cette identité et à l’imposer dans les esprits. Son travail artistique sur des tissus imprimés rime bien avec sa série sur « la femme peuhl » qu’il présente à Ségou’Art 2016.

Daouda Traoré, le professeur d’art et de dessin, est à Ségou’Art avec « Les soldats de l’avenir », « L’œil de l’espoir » et « Le pont du sang ».

A travers la ville de Ségou, 18 autres expositions ont été organisées dans cadre des « off » de Ségou’Art 2016.

Assane Koné


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