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Promotion du riz locale : Les producteurs exigent une régulation de l’importation

samedi 13 mai 2017, par Assane Koné

« Le riz produit au Mali, par des maliens, n’est pas consommé. C’est le riz importé qui est consommé dans la plupart des ménages du pays. Nous demandons à l’Etat de réduire l’importation de riz afin que le riz produit au Mali soit commercialisé ». Telle est la synthèse d’un crie de cœur de la Plateforme nationale des producteurs de riz du Mali. Cette préoccupation était le 13 mai 2017, au centre d’une conférence de presse animée au siège de la Plateforme et sur le thème : « Promotion du riz local ».

Pour amener l’Etat du Mali à s’impliquer dans la régulation de l’importation du riz afin de favoriser la valorisation du riz local, Faléry Bolly, Président de la Plateforme nationale des producteurs de riz du Mali, a animé le 13 mai 2017 une conférence de presse au siège de l’organisation sis à Niamakoro Cité UNICEF. Pour la circonstance, il avait à ses côtés, Seydou Keïta, Coordinateur national de la Plateforme et Mme Fofana Aïssata guitteye, Trésorière de la Plateforme.

« Avec une production estimée à 2 811 000 tonnes de riz paddy par an, le Mali dispose d’une grande capacité d’autosuffisance que les experts ont chiffré à 93% », a déclaré Faléry Bolly, en se basant sur les résultats de l’étude réalisée par Lamissa Diakité sur l’impact des importations de riz, leur saisonnalité, les dons et aides alimentaires sur la commercialisation du riz local.

Il dira que malgré la satisfaction à 93% des besoins nationaux en riz par une production nationale, le marché malien reste à la merci du riz importé. « Les importations de riz continuent de manière soutenue et sont largement au-dessus des besoins nationaux et constituent concurrence défavorable à l’écoulement du riz produit localement », a-t-il indiqué.

Même si cela n’est pas suffisant, il salué le début de solution proposé par le gouvernement à travers le Commissariat à la sécurité alimentaire. Selon lui, depuis la campagne 2014/2015, les organisations paysannes rizicoles participent à la reconstitution du stock national d’intervention.

Même si cette participation n’a pas atteint les résultats escomptés, Faléry Bolly a estimé qu’elle a permis aux organisations paysannes d’écouler leur surplus de production et d’améliorer l’environnement du prix du marché.

Après avoir indiqué que cette opération s’est poursuivie durant la campagne 2015/2016, il a regretté le fait qu’aucune action d’achat de riz locale n’a eu lieu dans le cadre de la campagne 2016/2017. « La campagne 2016/2017 n’a pas bénéficié d’opération d’achat direct aux producteurs à cause du non déstockage du stock national d’intervention, suite à la présence d’énormes quantités de riz importé sur le marché et cela nuit à l’écoulement de la production nationale », a-t-il expliqué.

Faléry Bolly pense que l’Etat doit être très regardant sur les importations de riz au Mali. Convaincu que personne ne peut interdire l’importation du riz, il a invité l’Etat à tout mettre en œuvre pour percevoir les différentes taxes relatives à cette importation. « Au mali des importations sont faites sur la base des exonérations qui vont directement dans la poche des opérateurs économiques, parce que cela ne joue pas sur le prix du riz au niveau du consommateur, la population ne profite pas », a-t-il dénoncé.

Par ailleurs Faléry Bolly veut aujourd’hui savoir la base sur laquelle l’Etat octroie ces exonérations aux importateurs de riz. « Est-ce que ces importations visent à combler un gap et lequel, quand on sait que toute la production nationale n’est pas consommée ? », s’est-il interrogé.

Il a aussi dénoncé une incongruité du don japonais dénommé KR2. Selon lui, le Japon achète du riz américain qu’il donne au gouvernement malien pour vendre afin de financement son développement. « Non, ils viennent plomber notre développement avec leur riz et ils disent qu’ils nous aident à nous développer », a-t-il regretté.

Pour sa part, Mme Fofana Aïssata Guitteye de la Plateforme, dira que le moment est arrivé pour que l’Etat du Mali prenne ses responsabilités en matière d’importation de riz. Selon elle si rien n’est fait, il faut craindre que les producteurs confrontés à la mévente ne se découragent et abandonnent les champs, ou ne produisent que pour leurs propres besoins.

Elle a proposé l’institutionnalisation de l’achat direct aux producteurs et l’extension de cet achat à d’autres institutions, notamment les prisons, la santé, l’armée, etc. Elle a aussi proposé que l’Etat s’implique pour la consommation du riz local malien par la population à travers une politique de consommation de l’Etat.

« Seule la régulation de l’importation du riz pourra aider à valoriser le riz local », a indiqué Seydou Keita, Coordinateur de la Plateforme. Pour cela, il a exigé une bonne évaluation de la production nationale par l’Etat avant de donner des exonérations d’importation à la pelle.

« Notre démarche vise à améliorer la commercialisation et la consommation du riz local grâce à la définition d’une stratégie de régulation des importations de riz au niveau national au Mali », indiqué Faléry Bolly, pour conclure.

Assane Koné


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