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Niger : La répression à l’égard de la société civile devient de plus en plus inquiétante 12 juillet 2018

samedi 21 juillet 2018, par Assane Koné

Vague d’arrestations

Le 25 mars 2018, vingt-trois dirigeants de la société civile ont été arrêtés car ils auraient participé ce jour-là à une manifestation non autorisée mais pacifique contre la loi de finances 2018 du Niger. Parmi les personnes arrêtées, se trouvaient M. Ali Idrissa, coordinateur du ROTAB, M. Nouhou Arzika, président du Mouvement patriotique pour une citoyenneté responsable (MPCR), M. Moussa Tchangari, secrétaire général de l’Alternative Espace Citoyens (AEC), et une vingtaine d’autres personnes.

Bien qu’ils n’aient pas activement participé, les trois défenseurs des droits de l’homme ont été accusés d’avoir organisé et participé à la manifestation du 25 Mars, ainsi que de complicité dans un acte de violence, d’agression et de destruction de biens publics. Ils ont ensuite été transférés dans diverses prisons au Niger et ont été détenus depuis lors.

Le 10 juillet, premier jour du procès, le Procureur a requis trois ans de prison pour les trois dirigeants de la société civile mentionnés ci-dessus. Le délibéré est attendu le 24 juillet prochain.

Malgré ces tentatives d’intimidation par les autorités nigériennes, les acteurs de la société civile au Niger continuent leur mobilisation pour mettre en évidence les lacunes qu’ils voient dans la loi de finances de 2018. Suite à une autre marche organisée le 15 avril, trois autres dirigeants de la société civile ont également été arrêtés. M. Maikoul ZODI, Président du Mouvement des jeunes républicains et coordinateur national de la campagne Tournons la Page, M. Abdourahamane Idé HASSANE, Président de Jeunesse pour une Mentalité Nouvelle et M. Ibrahim DIORI, Coordinateur pour le plaidoyer à Alternative Espaces Citoyens est également accusé de « participation à une manifestation interdite et destruction de biens publics ». Une autre arrestation a eu lieu le 25 avril dans la ville de Zinder où le coordinateur de l’Alternative Espace Citoyen, M. Yahaya Badamassi, a été interpellé par la police pour avoir organisé une prière collective dans le cadre de la manifestation en continu contre la loi de finances 2018.

Une tendance inquiétante au Niger et au-delà

Alors que les organisations de la société civile nigérienne se mobilisent contre la loi de finances de 2018, d’autres arrestations sont probables, les autorités étant dans la logique d’étouffer toute forme de contestation. Ce développement inquiétant tend vers une répression ascendante et sans précédent du régime en place à l’endroit des acteurs de la société civile et appelle à une action urgente. Malgré des déclarations et des lettres ouvertes, les puissances étrangères au Niger ne sont pas intervenues en faveur des activistes emprisonnés jusqu’à présent. La couverture médiatique internationale a été très limitée. Alors que la société civile protestait contre la visite du président Mahamadou Issoufou à Paris le 4 juin, un accord d’aide au développement aux pays tiers de 31 millions d’euros a été signé entre la France (Agence française de développement) et le Niger pour renforcer la gouvernance, la sécurité alimentaire et l’accès à l’énergie, ainsi qu’un autre accord de $20 millions de dollars avec le FMI.

Les demandes de la société civile

La société civile nigérienne ainsi que les réseaux et mouvements internationaux tels que Publiez Ce Que Vous Payez, Tournons La Page et Amnesty International ont exprimé leur inquiétude sur la situation des droits humains au Niger depuis le début de l’année et ont appelé les acteurs clés suivants à agir :

Organisations multilatérales

● Suspendre l’aide actuelle et/ou nouvelle au développement à l’endroit du Niger jusqu’à ce que tous les militants de la société civile, y compris Messieurs Idrissa, Arzika et Tchangari, soient libérés et que les charges soient abandonnées ;
● Demander une visite d’information du Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits à la liberté de réunion pacifique et d’association au Niger pour examiner les violations des droits à la liberté de réunion pacifique et d’association, ainsi que la discrimination, les menaces ou l’usage de la violence, harcèlement, persécution, intimidation ou représailles à l’encontre de personnes exerçant ces droits, et attirer l’attention du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies et du Haut-Commissaire ;
● Saisir la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples conformément à l’article 34 (6) du Protocole et les inviter à enquêter sur l’affaire et à prendre des mesures ;

Partenaires bilatéraux

● Suspendre la coopération au développement avec le Niger jusqu’à ce que tous les militants de la société civile, notamment Messieurs Idrissa, Arzika et Tchangari, soient libérés sans conditions ;

Gouvernement du Niger :

● Assurer l’accès aux soins de santé de Messieurs Idrissa, Arzika et Tchangari ainsi que les autres dirigeants de la société civile qui ont été arrêtés et sont toujours en prison dans le cadre des manifestations pacifiques organisées contre la nouvelle loi de finances ;
● Assurer des droits de visite régulière par les représentants légaux et les membres de la famille ;
● Agir conformément à la règle de droit et veiller à ce que les causes soient entendues sans délai ;
● Garantir les droits des Nigériens à la liberté de réunion pacifique et d’association ;
● Honorer les engagements auxquels le gouvernement a souscrit en tant qu’État partie à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples.

Système judiciaire du Niger :

● Acquittement et abandon des charges par le juge lors du verdict du 24 juillet ;
● Libération immédiate des membres de la société civile arrêtés depuis le mois de mars et qui n’ont toujours pas été jugés.

Publiez Ce Que Vous Payez


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