Politique > Mahamane Baby, porte-parole du Gouvernement malien : « Notre volonté de paix ne souffre d’aucun doute »

Mahamane Baby, porte-parole du Gouvernement malien : « Notre volonté de paix ne souffre d’aucun doute »
jeudi 4 septembre 2014, par
Mercredi 4 septembre 2013, il y a un an jour pour jour, lIbrahim Boubacar Keïta prêtait serment et devenait officiellement le nouveau président malien. Son élection avait suscité énormément d’espoir après une période très sombre du pays, un coup d’Etat, un territoire coupé en deux avec une partie Nord contrôlée par des jihadistes, puis une reconquête armée avec des forces internationales. Quel bilan tirer de cette première année de mandat ? Statut du Nord, dialogue avec les groupes armés, gouvernance, grogne sociale... Mahamane Baby est le ministre malien de l’Emploi et de la Formation professionnelle. Egalement porte-parole du gouvernement, il évoque tous ces sujets au micro de RFI.
RFI : Quel bilan tirez-vous de cette première année du mandat du président IBK ?
Mahamane Baby : Excellent pour nous parce que nous avons trouvé un Etat très fragile. Il y a un certains nombres de chantier que nous avons engagé, notamment des dispositions prises pour régler la question du Nord, certaines avancées institutionnelles et bien entendu nous avons mené un combat acharné contre l’impunité. Dès que nous avons pris fonction, nous avons rencontré les groupes armés, nous avons créée un ministère qui est dédié à la réconciliation pour organiser les assises du Nord où tout le monde a été invité. Nous avons nommé un haut représentant du président de la République.
Pourtant la réconciliation nationale c’était la « priorité la plus pressante », selon les mots du président IBK, lors de son discours d’investiture. Pourtant il n’y a toujours pas la paix aujourd’hui dans le Nord et l’insécurité est toujours là ?
Nous avons engagé le dialogue inclusif inter malien… au moins, on s’est mis d’accord sur la feuille de route, on s’est mis d’accord aussi sur la situation des hostilités. Bien entendu, il y a quelques difficultés par-ci, par-là, des attaques contre la Minusma, des attaques contre l’armée, mais aujourd’hui notre volonté d’aller vers la paix ne souffre d’aucun doute.
Le Parena, le parti de l’opposition, dit que l’Etat a perdu sa souveraineté sur la quasi-totalité du Nord. Qu’est ce que vous répondez ?
Ce n’est pas çà la vérité. La vérité est que l’armée est présente un peu partout au Nord.
Elle n’est pas à Kidal.
Sauf à Kidal, pour les raisons que vous savez. Je pense que nous avons fourni beaucoup d’efforts pour former nos soldats, pour les préparer à aller sur le terrain et pour sécuriser l’ensemble du territoire. Nous espérons qu’avec la conclusion des accords de l’Algérie, très bientôt nous allons recouvrer notre souveraineté sur Kidal également.
Si le dialogue d’Alger aboutit, par exemple, est-ce que les soldats maliens sont capables de tenir l’ensemble du territoire ?
Si vous me dîtes ce serait demain, je ne vous mentirais pas, demain ce n’est pas possible. Mais nous sommes en train de réarmer nos militaires pour que progressivement ils puissent prendre la place des militaires qui sont là pour nous aider à stabiliser le pays.
En mai, à Kidal, l’armée a quand même subi une défaite. La restructuration de l’armée est quand même assez laborieuse.
Il y a eu des difficultés à Kidal et nous avons expliqué çà par des problèmes de coordination, par les problèmes de renseignement, c’est une leçon apprise. Nous sommes en train de mettre en place la loi de programmation militaire. Nous savons qu’avec ça nous pouvons avoir vraiment une armée encore plus forte et prête à faire face aux défis de la sécurité et de la défense.
La lutte contre l’impunité était un des maîtres mots de l’investiture du président IBK. Il avait dit à plusieurs reprises que nul ne serait au-dessus de la loi. Pourquoi aucun procès n’a eu lieu notamment vis-à-vis des jihadistes emprisonnés après la reconquête du Nord ?
Il y a un certain nombre d’investigations à faire, mais il faut que ce soient des procès équitables donc c’est simplement qu’on n’a pas tous les éléments aujourd’hui pour le faire, mais nous avons mis en place le code d’éthique qui a été signé par l’ensemble des membres du gouvernement déjà. Le contrôle est systématisé dans les administrations et services publics. Nous transmettons de manière systématique tous les rapports de contrôle qui contiennent des faits délictuels. Aujourd’hui, il y a près de cent dossiers qui sont en attente au niveau des pôles économiques de la justice de Bamako, Kayes et Mpoti. Nous sommes sur tellement de fronts en même temps que ce n’est pas du tout facile. Mais notre volonté est de combattre toute impunité, sans aucun doute.
Dans son discours d’investiture, IBK avait déclaré qu’il mènerait une lutte sans répit contre la corruption. Est-ce qu’il y a eu une rupture vis-à-vis des systèmes antérieurs où on reprochait notamment la mauvaise gouvernance ?
Les pratiques commencent à diminuer parce nous avons mis en place des lois de lutte contre la corruption. Personne n’est à l’abri, le président l’a dit. Il y a des militaires, des juges qui ont été interpellés. Il faut que les gens sachent que de ce côté on a fait énormément par rapport au contexte qui était le nôtre quand nous avons pris ce pays en main.
Une affaire a fait beaucoup de bruit, c’est celle de l’achat de l’avion présidentiel d’une vingtaine de milliards de francs CFA. A la suite de ça, le FMI a bloqué son appui budgétaire. Quel message pouvez-vous donner au Fonds monétaire international suite à cette affaire ?
Nous avons traité de cette affaire d’une façon très transparente. Nous n’avons pas voulu cacher quoi que ce soit. Nous avons les meilleurs rapports possibles avec le FMI et la Banque mondiale, la preuve, mon département a bénéficié de 103 millions de dollars de financement de cette institution. Pour nous ce qui est important, c’est d’améliorer les conditions de vie et de travail des Maliens et nous sommes sur ce chantier-là avec tout ce que nous sommes en train de mener comme réforme, comme augmentation des salaires des différents corps. Sur ces questions, nous avons beaucoup ait en un an.
Vous parliez justement des travailleurs il y a moins de deux semaines. Beaucoup d’entre eux étaient dans la rue, ils se sont mis en grève pour demander des augmentations de salaire. Quel message pouvez-vous leur adresser ?
Le gouvernement malien est déterminé à accompagner les travailleurs. Sur les dix-sept points de revendications nous avons pu satisfaire douze. Les cinq autres, nous allons nous asseoir avec les centrales syndicales. Douze sur dix-sept, c’est quand même honorable.
Source : rfi.fr