Politique > Le grand concert de l’année : Un an de IBK à Koulouba vu par Bakary Mariko

Le grand concert de l’année : Un an de IBK à Koulouba vu par Bakary Mariko
dimanche 7 septembre 2014, par
J’ai participé hier à 21 heures sur ORTM, au grand concert de l’année, du sérénissime, de l’imperturbable et du plus grand connaisseur de la musique malienne.
Franchement, c’était une belle prestation harmonieuse pour adoucir le cœur des « aigris » afin de créer la concorde dans la cité. Comme on dit : « ce qui dans le chant s’appelle harmonie, on le nomme concorde dans la cité. »
Mais ma déception fût tellement grande, mon amertume si profonde que je me suis surpris à regretter le fait d’avoir perdu mon temps en assistant à un concert aussi pathétique ! Tant le décor ne sied pas à la musique pour nous les initiés. Car au lieu de chanter en toute humilité pour le public en tant que chanteur compositeur débutant, notre grand hôte du jour a composé le Djandjo pour lui-même comme à son habitude, or, ses hauts faits ne lui permettent pas de danser cette musique. Elle se danse au nom du mérite, donc il y a usurpation. Ah ! L’imposture historique n’a pas de limites ! A la fin de ce premier morceau le public se demande même s’il faut préparer l’oraison funèbre de son pouvoir ou lui laisser une chance de continuer ? Comme disait Alexis de Tocqueville : « au-dessus de toutes les institutions …réside un pouvoir souverain, celui du peuple, qui les détruit ou les modifie à son gré. »
Il y a juste une année notre grand connaisseur de la musique avait émeu tout le public qui l’avait plébiscité. A cette époque il avait auprès de lui deux compagnons qui s’appelaient : l’honneur et la patrie … Aujourd’hui ils se nomment : ma famille d’abord et la partition du pays !
Le Mali n’appartient plus à la nation mais à un seul homme, et pis, à un homme seul, imbu de son pouvoir trempé dans l’acier, un vrai don de Dieu ! Ah ! qu’il serait plaisant de voir un jour notre grand musicien comme commandeur des croyants … les imams grinçant des dents et les républicains se courber devant lui… après tout c’est : « Dieu, ma conscience le Mali. » Non ?
Cet homme est capable de tout pour le pouvoir même d’une bonne action. Il se permet une légèreté, une confiance excessive dans sa bonne étoile, comme le fait d’être…pouvait lui tenir lieu de tout effort. Il agit comme s’il appartenait à un autre siècle, l’auto éloge permanent…et promène un visage de grand dignitaire, légèrement enflé de lui-même…la caricature du grand bourgeois. Comme disait Chateaubriand : « il y a des moments dans la vie où il faut être économe de son mépris vu le grand nombre de nécessiteux. »
Ce grand concert de l’année nous a dévoilé chez notre grand musicien une grande incapacité méconnue, l’immense succès de son bilan s’affirme tellement… sa copie est si brillante que mêmes les aveugles demandent des exemplaires. Oh ! L’autocrate éloigné des réalités du pays, il restera une énigme. Parbleu !!! Cet homme a tué l’autorité de la victoire avec son entêtement dans l’indécision.
Hé ! Monsieur le grand connaisseur de la musique, c’est un terrible avantage que de n’avoir rien fait, mais il ne faut pas en abuser. Hum ! Nous savons que vous avez du talent, mais dites-nous maintenant si vous avez aussi des qualités ? Car nous sommes fatigués de rester spectateurs de ce théâtre politique toujours en représentation, qui fournit une matière si abondante que la grande difficulté est celle du choix.
En définitive, qu’on remplace les slogans et les affiches de votre concert pour dire que cela a été une immense déception, une constante dégradation des affaires publiques. Un an de dire et de dédire, vous êtes assurément trop lié à une période révolue de l’histoire politique : la démagogie et la politique spectacle. Agissez ici et maintenant pour mettre un frein à l’immobilisme car votre discours « n’imprime » plus ! Il se heurte à celui implacable de la realpolitik.
M. MARIKO BAKARY
BAMAKO.